Miroir, dis-moi ce que je mange…

Un stress oxydatif marqué

Richement vascularisée et en contact permanent avec l'air, la peau est particulièrement exposée aux radicaux libres, d'autant plus que son métabolisme est fortement dépendant de la lumière. En outre, elle contient de grandes quantités de cibles privilégiées de la peroxydation comme des lipides, des protéines et de l'ADN. La peroxydation des cellules de l'épiderme et du tissu conjonctif jouant un rôle dans le vieillissement de la peau, certains composants alimentaires, impliqués dans les phénomènes d'oxydation, pourraient sans doute moduler ces phénomènes.

Les lipides de l'épiderme, en particulier les graisses polyinsaturées des membranes cellulaires, sont très sensibles à la peroxydation. La peau est le siège d'un stress oxydatif particulièrement marqué sous l'effet des ultra violets, de l'inflammation et de phénomènes d'ischémie - reperfusion. Les antioxydants, présents au niveau cutané, sont donc fortement sollicités et doivent être renouvelés en permanence.

Alimentation et peau : des liens mal connus

On s'intéresse de plus en plus à l'utilisation de composés naturels dans la protection de la peau. Si des applications locales d'antioxydants (vitamine C et E, acide rétinoïque, coenzyme Q10) réduisent les lésions photo induites et l'inflammation associée, le rôle des facteurs alimentaires a été encore peu étudié. C'est ce que viennent de faire des équipes australienne, indonésienne et suédoise qui se sont penchées sur l'influence de l'alimentation sur le vieillissement cutané.

A partir d'une vaste étude menée chez 2000 sujets de plus de 70 ans ("Foods habits in later life study"), les auteurs ont analysé l'état de la peau et les habitudes alimentaires de plus de 450 personnes âgées. Population concernée : des Grecs, émigrés en Australie, ou vivant à la campagne en Grèce, des Australiens pure souche de Melbourne et des Suédois habitant Göteborg.

Leurs habitudes alimentaires ont été passées au peigne fin, à l'aide de questionnaires de fréquence de consommation alimentaire, adaptés aux habitudes socio culturelles. Les aliments ont été regroupés en 10 catégories (laitages, viande, poisson, légumineuses, céréales, légumes, fruits, corps gras, sucres et alcool).

Le degré de vieillissement de leur peau a été mesuré par une test de microtopographie cutanée permettant de classer les outrages du temps en 6 stades, en fonction de l'importance des rides et des lésions actiniques.

Une influence évidente

Principaux résultats : les sujets les moins ridés consomment le plus de légumes, d'huile d'olive, de poisson et de légumineuses (après ajustement sur l'âge et le tabagisme qui influencent le vieillissement cutané). A l'inverse, l'importance des rides est positivement corrélée avec une consommation élevée de viande rouge (spécialement sous forme de charcuterie), de sucreries (sodas, pâtisseries, glaces), de pommes de terre et de produits laitiers entiers.

En terme de nutriments, si la consommation totale de graisses est inversement associée à l'étendue des rides, seuls les graisses mono-insaturées ont un effet protecteur significatif. En effet, les acides gras mono-insaturés, qui représentent 25% des lipides de l'épiderme, sont plus résistants à l'oxydation que les polyinsaturés. Une consommation élevée de graisses mono-insaturées, apportées par exemple sous forme d'huile d'olive, accroît le contenu en acides gras mono-insaturés de la peau, réduisant ainsi sa sensibilité aux radicaux libres. A l'inverse, la richesse en polyinsaturés des margarines explique sans doute qu'elles sont associées à un plus fort vieillissement cutané dans cette étude. Parmi les corps gras, le beurre, bien que riche en graisses saturées peu oxydables, est positivement associé au vieillissement cutané.

Parmi les micronutriments facteurs de protection on trouve : la vitamine C, le rétinol et des minéraux comme le calcium, le phosphore, le magnésium, le fer et le zinc.

L'influence de l'alimentation sur le développement des rides est loin d'être négligeable puisque les études de régressions multiples montrent que 32% de la variance des lésions actiniques cutanées peuvent être expliqués par les facteurs alimentaires. En particulier, une forte consommation d'huile d'olive, de légumineuses, de céréales et de légumes est associée à un effet protecteur contre les rides. Si l'effet protecteur du poisson disparaît en régressions multiples (sans doute en raison de sa grande richesse en acides gras oméga 3 fortement oxydables), tout dépend de la manière dont il est consommé, l'idéal étant de l'accompagner de légumes crus et cuits qui fournissent des antioxydants comme, par exemple, les caroténoïdes protégeant ces acides gras hautement insaturés.

Le palmarès des aliments antirides

Quelles que soient les ethnies, les aliments les plus protecteurs contre le vieillissement de la peau sont : les œufs, les yaourts, les légumineuses, les légumes (en l'occurrence ceux à feuilles vertes comme les épinards, les aubergines, les asperges, le céleri, l'oignon et l'ail), les noix, les olives, les cerises, le raisin, le melon, les fruits secs, les pommes et les poires, le pain aux céréales, le jambon, le thé et l'eau, qui sont tous associés à un moindre vieillissement cutané. Cet effet n'est pas lié au hasard : les fruits, les légumes et le thé, constituent des sources majeures de polyphénols qui sont des antioxydants encore plus puissants que la vitamine C et E, connus pour prévenir la peroxydation induite par les UV. In vitro, les composés procyanidiques du raisin ont démontré des effets anti vieillissement cutané et on a récemment identifié les pruneaux, les fraises, les baies et le thé parmi les aliments les plus antioxydants. Enfin, l'effet protecteur des légumes est sans doute aussi lié à leur contenu en phytoestrogènes antioxydants.

Reste évidemment à confirmer ces résultats préliminaires par des études d'intervention pour vérifier si l'alimentation peut effectivement ralentir le vieillissement de la peau. En attendant, sans sacrifier au culte du jeunisme, on peut toujours espérer garder une meilleure mine en consommant des fruits, des légumes, frais et secs, de l'huile d'olive et en buvant du thé… quelque soit l'âge. Il n'est jamais trop tard pour mieux faire !

Dr Thierry Gibault - Août 2001 - Source APRIFEL (Equation-Nutrition n°17)

D'après M. Purba et al, Skin wrinkling : can food make a difference. Journal of the American College of Nutrition, vol 20, N° 1, 71-80, 2001.

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