Bilan diététique du sportif : un acte médical à part entière

Un entretien fondé sur des preuves

Faire le point sur les habitudes alimentaires du sportif, cela veut dire : dépister des troubles du comportement alimentaire et évaluer les apports (énergie, macro, micronutriments). Ce bilan alimentaire peut être chiffré à partir d'un semainier* rempli par le sportif ou d'un rappel des 24 heures réalisé par le médecin ou le diététicien. Un logiciel diététique adapté au sportif (Prodiet®) peut aider au traitement des données recueillies.

Cette méthode de référence est longue (30 minutes environ) mais précise et se justifie pleinement pour des sports à haut risque nutritionnel (sports à catégories de poids ou d'esthétique). Dans d'autres cas, on peut se contenter de détecter les principales erreurs à l'aide d'un auto-questionnaire* validé des habitudes alimentaires, rempli en 15 à 20 minutes par le sportif en vue du SME. Cela permet au médecin de faire en 5 à 7 minutes un bilan efficace et les corrections appropriées. De nombreux facteurs affectent la prise alimentaire d'un sportif : type, intensité, durée et fréquence des entraînements (et filières énergétiques sollicitées), saison, environnement… Interviennent également : la motivation, le statut nutritionnel, la composition corporelle, les facteurs culturels, préférences et aversions, intolérances et allergies alimentaires et le niveau d'éducation nutritionnelle du sportif.

Un secret bien gardé

Les erreurs sont fréquentes et peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur l'entraînement, les performances ou la santé. Contre-performances sur troubles digestifs, malaises hypoglycémiques, "pannes d'énergie" (mur du marathon), intoxications, sont autant d'incidents imputables à des erreurs alimentaires, à l'ingestion irraisonnée de produits ou à une mauvaise gestion du poids corporel. Sans parler des taux de triglycérides, cholestérol, ferritine ou hématocrite, trop bas ou trop élevés, eux aussi liés à de tels facteurs. Des urines rares et foncées, certaines fatigues chroniques ou retards de récupération, doivent évoquer une déshydratation et témoignent d'erreurs nutritionnelles.

Un bilan biologique est indispensable pour ajuster le conseil diététique à l'état de santé du sportif (voir les recommandations du Ministère de la Jeunesse et des Sports).

Comme pour la santé, tout ce qui relève de la nutrition individuelle est couvert par le secret médical. Le médecin et le diététicien sont donc seuls habilités à la prendre en charge, à l'exclusion de toute autre personne. Ils ne peuvent en aucun cas déléguer cette responsabilité.

Des "ANC" pour les sportifs, enfin !

Les grands principes de l'alimentation équilibrée et diversifiée, définis pour la population générale, sont valables pour tous, en particulier pour les sportifs. Il faut, bien sûr, les adapter à leurs besoins spécifiques. C'est pourquoi la 3ème édition des "Apports nutritionnels conseillés pour la population française " (parution octobre 2000), comporte désormais un chapitre "ANC pour les sportifs " dont nous recommandons la lecture.

Premier constat : les sportifs ont souvent une alimentation déséquilibrée au plan énergétique. La pesée, au moins hebdomadaire, et l'évaluation de la masse grasse, confrontées aux valeurs admises pour le sport concerné, sont de bons indicateurs d'excès ou d'insuffisance d'apports. 3 à 5 kg pris à l'intersaison seront difficiles à perdre ensuite et nuiront à la resynthèse des réserves de glycogène et à l'accrétion protéique musculaire. A l'inverse, une réduction prolongée de plus de 20 % des apports énergétiques par rapport aux dépenses (danse classique, gymnastique, catégories de poids…), augmente le risque de traumatismes, de maladies infectieuses…

Erreurs qualitatives les plus fréquentes ?

- Ingestion excessive sans réel besoin physiologique de glucides simples (sodas, barres chocolatées, confiseries), d'index glycémique élevé et de faible densité micronutritionnelle,

- apports insuffisants en fruits et légumes, riches en fibres, sels minéraux et micronutriments protecteurs,

- trop de lipides, végétaux (frites) mais aussi animaux (fromages gras riches en graisses saturées).

Bien sûr, la recherche du plaisir gastronomique se justifie, même chez un sportif. A condition que l'éducation nutritionnelle apprenne à maîtriser les excès (pas plus de 2 fois par semaine). Consommer trop de glucides et de lipides conduit à accumuler du tissu adipeux et à diminuer la resynthèse glycogénique musculaire, facteur essentiel de l'endurance.

Les rythmes des repas, enfin, sont souvent déstructurés en raison des contraintes d'entraînement ou de transport : petit-déjeuner escamoté, collations mal réparties, grignotage de piètre qualité, sont des facteurs fréquents de désordres nutritionnels et digestifs qu'il faut corriger.

Des suppléments… au dopage

L'ingestion de compléments et de suppléments est très répandue chez les sportifs. Elle est inutile si l'alimentation est équilibrée et diversifiée avec, en particulier, suffisamment de fruits et de légumes frais. Ils offrent le double avantage d'une faible densité énergétique et d'une forte teneur en eau, sels minéraux, oligo-éléments et micronutriments antioxydants.

L'alimentation doit aussi fournir des produits laitiers, choisis peu gras.

Comment s'assurer d'un tel équilibre ? Par le simple bilan des habitudes alimentaires. Les dosages biologiques de micronutriments (sauf ceux touchant au fer, obligatoires avant tout apport de sels de fer) sont coûteux et non justifiés.

L'objectif de l'alimentation n'est pas de compenser des erreurs par d'autres erreurs (la disponibilité des micronutriments sous forme de compléments semble moins bonne que celle des aliments courants), mais de corriger les erreurs, à l'origine.

Quant aux suppléments, aux allégations flatteuses mais rarement justifiées au plan scientifique, consommés par un pourcentage élevé de jeunes sportifs avides de meilleures performances, il est démontré, que, comme les médicaments prescrits hors de l'AMM, ils mettent sur la voie du dopage...

Quel modèle idéal d'alimentation pour le sportif ?

La correction de ces erreurs passe, non pas par des replâtrages, mais par des ajustements successifs, respectant les grands principes de l'alimentation équilibrée et diversifiée. Le modèle du 421 GPL-EAU du Professeur CREFF, agréé par le Ministère Jeunesse et Sports (et enseigné au D.U. de nutrition du sportif, du CHU Pitié-Salpétrière), a l'avantage d'être un modèle nutritionnel simple, compréhensible par le médecin, le diététicien et le sportif.

A chaque repas principal :

4 portions de glucides : 1 de crudités et 1 de cuidités, (légumes et fruits crus ou cuits), 1 de farineux (légumineuses, féculents, céréales…), 1 de sucrerie (confitures, bonbons, miel…),

2 portions de protéines animales : l'une de viande, œuf ou poisson, l'autre de produits lactés,

2 demi-portions de lipides : l'une animale (beurre), l'autre végétale (huile),

Et bien sûr de l'eau : pendant et en dehors des repas.

A chaque collation et petit-déjeuner : un produit céréalier + un produit laitier + un fruit + une boisson. On s'en rend compte : "l'entretien diététique" du sportif est un acte médical dans toutes les acceptions du terme.

Dr Gilbert Pérès - Juin 2000 - Source APRIFEL (Equation-Nutrition n°6)

Physiologie et médecine du sport, CHU Pitié-Salpétrière, 75013 PARIS

APRIFEL - Agence pour la Recherche et l'Information en Fruits et Légumes frais

60 rue du Faubourg Poissonnière

75010 PARIS

Tel : 01 49 49 15 15 Fax : 01 49 49 15 16

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