Pourquoi les jeunes médecins boudent l’exercice libéral : révélations sur un métier en difficulté

Les étudiants en médecine ne sont plus que 8 sur 100 à vouloir exercer leur métier en secteur libéral à la sortie de leurs études, la grande majorité préférant le statut de salarié. Pourquoi cette désaffection ? Quels sont les freins à l’installation en cabinet libéral ? Quels leviers utiliser efficacement pour lutter contre cette tendance ? L’URPS-Médecins Libéraux de Bourgogne et l’ARS Bourgogne proposent des solutions novatrices suite aux révélations de l’enquête menée dans la région sur l’année 2011 auprès de 170 médecins ou futurs médecins.

Un métier qui attire toujours…L’URPS a interrogé les internes en médecine générale et internes de spécialité, ainsi que les médecins installés depuis moins de 5 ans, les remplaçants et tous les médecins, de plus en plus nombreux, qui quittent le secteur libéral pour un autre mode d’exercice de la médecine.Cette étude a été réalisée grâce à l’appui méthodologique de l’Observatoire Régional de la Santé et à la mobilisation de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne, des Ordres des médecins, de la Faculté de médecine, du Département de Médecine Générale du CHU et des représentants des internes.Le métier de médecin libéral bénéficie toujours d’un certain prestige et séduit les étudiants en médecine, qui confirment dans cette enquête leur attachement aux valeurs véhiculées par l’exercice libéral de ce métier: la liberté et l’indépendance, l’absence de hiérarchie, la maîtrise de son temps de travail, un contact privilégié entre le médecin et son malade. …mais des contraintes qui font peur :On voit émerger la confirmation d’une tendance lourde dans cette enquête : les nouvelles générations ne sont plus disposées à sacrifier leur vie personnelle à leur travail : la charge de travail parait trop importante, ainsi que la gestion administrative du cabinet. L’isolement peut également faire peur. Enfin, la mauvaise couverture sociale apparaît comme un des freins essentiels à l’installation. Le niveau de revenu n’est pas un facteur anodin, mais la différence de revenus, quand elle existe, compense malgré tout difficilement les éléments à charge. En conséquence, les jeunes médecins se tournent plus volontiers vers le salariat, de même que de plus en plus de médecins en deuxième partie de vie professionnelle. Opinion des médecins ayant quitté la médecine libéraleLes + et les - de leur exercice actuel par rapport à l’exercice libéral
Deux leviers importants : le développement des stages et une meilleure couverture sociale
L’enquête de l’URPS Bourgogne est source de solutions, qu’elles soient évoquées par les médecins eux-mêmes ou par les organisations qui se sont réunies autour de la table pour en débattre. Comme le rappelle le Dr PETIT-PERRIN , Président de l’URPS-Médecins Libéraux de Bourgogne, “l’intérêt principal de cette étude est de mettre en lumière deux points essentiels : d’une part, l’importance majeure des stages en libéral au cours de la formation universitaire – on choisit difficilement comme activité professionnelle un métier qu’on n’a pas connu pendant sa formation – il faut donc favoriser au maximum les stages de second cycle en milieu libéral, et tendre à lever les obstacles pour les stages d’internes de spécialité. D’autre part, la prise de conscience de l’absolue nécessité de rattraper l’inégalité de couverture sociale entre les deux modes d’exercice, libéral et salarié.” L’URPS-Médecins Libéraux de Bourgogne va d’ailleurs bientôt superviser la rédaction d’une thèse sur le thème de la protection sociale, qui comprendra une étude comparative des différents systèmes de couverture sociale dans les pays de l’OCDE. Une journée d’information sur les questions de prévoyance est en projet en direction des médecins libéraux et des internes. Enfin, la formation des étudiants aux questions juridiques et financières liées à la gestion administrative d’un cabinet pourrait aussi être très bénéfique en fin de cursus universitaire. bien sûr à la diminution des charges administratives et le soutien à l’exercice regroupé, notamment à travers les Maisons et Pôles de Santé, pour lutter contre l’isolement… L’activité dans un groupe professionnel est largement plébiscitée, confortant l’Agence Régionale de Santé et l’URPS Médecins Libéraux à poursuivre leur travail dans cette direction faisant de notre région une des pionnières dans l’installation des Maisons de Santé. A ce sujet, le Dr Petit-Perrin souligne “une évolution importante, qu’il faudrait diffuser largement auprès des professionnels avec l’émergence des Maisons et Pôles de Santé : la généralisation du déplacement du patient vers le professionnel de santé en milieu rural, qui améliorerait l’exercice du médecin en diminuant fortement les déplacements, sources de pénibilité, de perte de temps et de coûts”. Enfin, il est probablement nécessaire d’innover et d’envisager la réalisation d’expérimentations locales pour permettre de répondre aux attentes des jeunes professionnels sur de nouveaux modes d’exercice (activité mixte et/ou travail alterné public/privé) ou sur le soutien à l’exercice médical (assistant(e), collaborateur …).

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