Prise en charge de patients dépressifs : état des lieux

La dépression est une pathologie fréquente et susceptible d’être fatale : 10 % des personnes déprimées décèdent de suicide. Prévenir et prendre en charge le risque suicidaire au sein de la population bourguignonne constitue une des priorités du Projet Régional de Santé Bourgogne 2012-2016. Heureusement les médecins disposent aujourd’hui de moyens efficaces pour aider les malades à sortir de la spirale dépressive et éviter les récidives. Pour mieux évaluer ces moyens de prise en charge, l’URPS-Médecins Libéraux de Bourgogne et l’Observatoire Régional de la Santé, avec l’appui de l’ARS Bourgogne, livrent les résultats d’une enquête effectuée en 2011 auprès d’un panel de 170 médecins généralistes. 

Une veille permanente sur les moyens existants

Les troubles mentaux, en particulier les troubles dépressifs, sont un des principaux motifs de recours aux médecins généralistes de ville. Pour gérer au mieux cette demande croissante depuis plusieurs années, les médecins libéraux sont nombreux à souhaiter une formation complémentaire, en particulier la gestion des demandes des patients et les psychothérapies.

Selon le Dr Catherine Aubry - médecin généraliste à Cluny (71) et membre de l’URPS Médecins Libéraux de Bourgogne - qui a participé à l’analyse du Panel, “même si les ¾ des médecins interrogés ont déjà suivi une formation dédiée spécifiquement à la prise en charge de la dépression, 16 % d’entre nous estiment encore qu’ils ne sont pas suffisam¬ment formés au diagnostic ou au traitement de la dépression et 81% souhaitent une formation complémentaire sur les psychothérapies. C’est une réaction qu’il faut comprendre, car nous sommes confrontés à des patients en détresse psychique pratiquement chaque jour”. (“chaque semaine”, pour 67% des médecins interrogés en Bourgogne dans le cadre du panel).

Une coordination entre professionnels nécessaire et bénéfique

L’enquête de l’URPS-Médecins Libéraux de Bourgogne montre que si 77% des médecins libéraux ont l’impression d’être efficaces dans la prise en charge des états dépressifs, ils ressentent néanmoins la nécessité de travailler en coopération avec les autres professionnels spécialisés en santé mentale - psychiatres, psychothérapeutes… Plus de 7 médecins sur 10 considèrent que les psychothérapies constituent “un traitement de la dépression au même titre que les médicaments”, et que “seules, elles sont efficaces pour traiter un état dépressif d’intensité légère ou modérée”.

Un constat de liens étroits “très bénéfiques” pour le Dr Didier Mathey, Psychiatre, psychanalyste, membre de l’URPS Bourgogne - ayant participé à l’analyse du Panel, qui rappelle que “la dépression est un cadre large qui rassemble des pathologies diverses de causes très variées. Les types de réponses et les propositions thérapeutiques doivent donc être adaptés au cas par cas. Une dépression réactionnelle, face à une situation familiale ou professionnelle difficile par exemple, n’aura rien à voir avec une dépression post-infarctus, une dépression récidivante d’une psychose maniaco-dépressive ou un trouble bipolaire…qui ne requièrent pas la même sanction thérapeutique”.

Problème majeur : avec 16 psychiatres pour 100 000 habitants, les régions Bourgogne et Pays-de-la-Loire sont moins bien pourvues que la moyenne nationale (22/100 000 hab.) et que la région PACA (28). Cette situation ne devrait pas s’arranger, plus de la moitié des psychiatres en exercice étant âgés de 55 ans et plus, et donc susceptibles de cesser leur activité dans les 10 ans.

 

La dépression en Bourgogne

En France, selon les données du Baromètre Santé 2010, près de 6 % des hommes et 10 % des femmes déclarent avoir souffert de dépression au cours des 12 derniers mois. Si ces données ne sont pas disponibles au niveau de la Bourgogne, on relève néanmoins que 14 % des Bourguignons âgés de 15 à 85 ans (contre 12 % pour l’ensemble des Français) montraient des signes de détresse psychologique lors de cette enquête.

Selon le Dr Mathey, “les chiffres sur le suicide, depuis toujours, sont accablants, autant pour les tentatives que pour les suicides effectifs, quelles que soient les disparités régionales. Le problème ne peut être attaqué seulement directement avec les patients déprimés. Il y a nécessité à un abord plus large, sans que cela ne se conçoive strictement en termes de prévention. Mais il y aura toujours un incompressible. Il y a les tentatives de suicide et les suicides qui ne préviennent pas, et qui ne peuvent être prévenus.”

Au cours des 5 années précédant l’enquête :
• 50 % des médecins bourguignons ont été confrontés à un suicide.
• 86 % à une tentative de suicide (contre respectivement 43% et 80 % au niveau national).
Ces éléments corroborent d’autres sources de données. Interrogés dans le cadre du Baromètre santé en 2010 :
• 7 % des bourguignons déclaraient avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie (contre 5 % en France).
• la région présente une surmortalité par suicide par rapport à la moyenne nationale :
32,4 / 100 000 habitants en Bourgogne, contre 26,3 en France, sur la période 2007-2009.

Source : www.urps-med-bourgogne.org

Descripteur MESH : Patients , Médecins , Santé , Dépression , Suicide , Médecins généralistes , Personnes , Population , Risque , France , Tentative de suicide , Hommes , Infarctus , Femmes , Coopération , Face , Éléments , Santé mentale , Diagnostic , Troubles mentaux , Vie

Pratique médicale: Les +