Les traumatismes crâniens sont liés à une augmentation du risque de maladie d'Alzheimer

Des traumatismes crâniens survenus à l'âge adulte semblent associés à un risque accru de maladie d'Alzheimer et d'autres démences au cours du vieillissement. Ce résultat est la conclusion d'une étude américaine sur le développement de la maladie d'Alzheimer chez des vétérans de la deuxième guerre mondiale.

Les travaux du Dr Plassman (Duke University Medical Center) et de ces collaborateurs ont été publiés dans l'édition du 24 octobre de la revue Neurology.

Ces auteurs rappellent que plusieurs études ont examiné l'association entre les traumatismes crâniens et la survenue ultérieure de démence. Cependant des résultats contradictoires n'ont pas permis d'évaluer cette relation de façon définitive.

Cette étude concerne des vétérans américains de la deuxième guerre mondiale. Les auteurs ont comparé la prévalence des cas d'Alzheimer chez ceux qui avaient été victimes d'un traumatisme crânien (n = 548) et chez des vétérans "contrôles" (n = 1228). Un des intérêts de cette étude est qu'elle utilise les dossiers médicaux complets de ces vétérans.

Les traumatismes crâniens modérés et sévères étaient significativement liés à une augmentation du risque de maladie d'Alzheimer. Les traumatismes modérés étaient définis par une perte de conscience ou une amnésie post-traumatique de 30 minutes à 24 heures. Pour les traumatismes sévères, la durée était supérieure à 24 heures.

Le risque de maladie d'Alzheimer était multiplié par 2,32 pour les traumatismes modérés (hazard ratio = 2,32 ; IC 95 % = 1,04-5,17). Pour les traumatismes crâniens sévères, le risque était multiplié par 4,51 (HR = 4,51 ; IC 95 % = 1,77-11,47). Des résultats similaires ont été retrouvés pour d'autres types de démence.

Par contre, aucune association n'a été notée pour les traumatismes sans fracture du crâne associés à une perte de connaissance de moins de 30 minutes.

Les auteurs insistent sur le fait que ces données ne concluent pas à une relation de cause à effet, mais mettent en évidence une association entre ces deux facteurs. Un des auteurs de ce travail, le Dr Havlik (National Institute on Aging, Bethesda), souligne que ces résultats ne semblent pas pouvoir être transposés aux risques de traumatismes crâniens dans la vie courante, les blessures des vétérans examinés étant souvent sérieuses.

On sait que certains facteurs génétiques prédisposent à la maladie d'Alzheimer. C'est de cas de l'allèle APOE ε4. Cet aspect a également été envisagé par les auteurs. La présence d'une ou deux copies de cet allèle ne modifiait pas significativement le risque de maladie d'Alzheimer chez les sujets ayant subi un traumatisme crânien dans leur jeunesse.

Le niveau d'instruction, les antécédents familiaux, le tabagisme ou la consommation d'alcool ne modifiait pas l'association entre traumatisme crânien et maladie d'Alzheimer. Néanmoins, les auteurs notent que d'autres facteurs non mesurés pourraient avoir influencé ces résultats.

"Comprendre comment un traumatisme crânien et d'autres facteurs de risques de maladie d'Alzheimer commencent leur travail de destruction tôt dans la vie pourrait, à terme, amener à découvrir des moyens de bloquer le développement de la maladie", a déclaré le Dr Plassman.

Source : Neurology 2000;55:1158-1166. Communiqué du National Institute on Aging

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