Consommation d’alcool et évolution clinique de la pancréatite chronique

Une étude montre que parmi les patients présentant un début de pancréatite chronique après 35 ans, une consommation d’alcool, même faible (< 50 g/jour) se traduit par une évolution plus rapide de la maladie. Les résultats de cette étude sont parus dans Mayo Clinic Proceedings.

Le Dr M. Lankisch et ses collaborateurs ont examiné l’hypothèse selon laquelle plus la quantité d’alcool consommée était importante, plus l’évolution clinique de la pancréatite chronique était rapide.

Les auteurs ont examiné les dossiers de 372 patients présentant une pancréatite chronique. Les individus ont été répartis en 4 sous-groupes : sujets avec une pancréatite chronique idiopathique (PCI) précoce et ne consommant pas d’alcool (groupe A, n=25) ; patients avec une PCI tardive et ne consommant pas d’alcool (groupe B, n= 41) ; patients avec une PCI tardive et consommant une quantité faible d’alcool (groupe C, n=57, alcool consommé < 50g/jour) ; individus avec une PCI tardive et consommant une quantité importante d’alcool (groupe D, n=249, alcool consommé ≥ 50g/jour).

A partir des dossiers médicaux, des examens médicaux, des certificats de décès, des rapports d’autopsie ou de questionnaires, les auteurs ont recueilli les données concernant l’âge, le sexe, les signes et symptômes (sévérité de la douleur, calcification, insuffisance endocrine et exocrine), les complications, les interventions chirurgicales et la mortalité.

Les individus du groupe D comportaient le plus d’hommes (72 %). Au début de la maladie, les patients du groupe A étaient significativement plus jeunes que ceux des autres groupes (âge médian, A : 19 ans; B : 56 ans ; C : 53 ans ; D : 44 ans). La sévérité de la douleur était significativement plus importante dans le groupe A comparé aux autres groupes.

Le pourcentage des patients ayant développé une insuffisance endocrine ou exocrine était identique pour tous les groupes.

Parmi les patients des groupes B, C, D, plus la quantité d’alcool consommée était importante, plus le début du développement de la maladie était précoce et la prévalence de la douleur au début de la maladie était plus faible chez les patients du groupe B, comparé à ceux des groupes C et D.

Une consommation d’alcool > 50 g/jour (groupe D) réduit le temps de survenue d’une calcification et la durée de vie. De plus, les sujets du groupe D ont plus de complications (fistule, pseudokyste, abcès, obstruction biliaire), comparé à ceux des groupes A et B.

Les patients du groupe A ont subi plus d’interventions chirurgicales du pancréas que ceux des groupes B et C.

En conclusion, parmi les patients présentant un début de pancréatite chronique après 35 ans, une consommation d’alcool, même faible (< 50 g/jour) se traduit par une évolution plus rapide de la maladie (douleurs sévères fréquentes, calcification, complications). Une consommation ≥ 50g/jour accélère le processus de calcification et diminue l’espérance de vie.

Les auteurs émettent l’hypothèse qu’une mutation génétique est à la base de la plupart des pancréatites chroniques. Cette mutation serait responsable de l’expression de la maladie pour les individus du groupe B (PCI tardive non alcoolique) mais que cette expression serait modifiée par des facteurs environnementaux (alcool, tabac) ou des facteurs génétiques supplémentaires.

Dans un éditorial accompagnant l’article, le Dr P. Toskes ajoute que « ceci a des implications pour les cliniciens parce que beaucoup d’entre eux pensent qu’une consommation modérée d’alcool n’aggrave pas l’évolution de la pancréatite chronique idiopathique non alcoolique ».

Source : Mayo Clin Proc. 2001 ; 76 : 241 et 242-251

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