Fécondation in vitro et risques neurologiques pour l’enfant

Une étude rétrospective suédoise publiée demain dans le Lancet semble indiquer que les enfants nés d’une fécondation in vitro (FIV) auraient plus de risques de développer des anomalies cérébrales motrices, notamment à cause de la fréquence plus élevée de jumeaux. Les auteurs recommandent l’implantation d’un seul embryon lors de la FIV pour diminuer ces risques.

Peut-être parce que le recul en matière de FIV n’est pas suffisant, il n’existait pas jusqu’à maintenant d’études statistiques sur les risques de séquelles neurologiques encourues par les enfants nés de FIV, d’après les auteurs.

Bo Strömberg et al ont voulu comparer l’incidence des problèmes cérébraux entre enfants nés de FIV et enfants conçus de manière naturelle.

Les chercheurs ont réalisé une étude basée sur une population de 5680 enfants issus de FIV, comparés à 11360 enfants contrôle. Une seconde étude a été réalisée concernant les 2060 jumeaux nés de FIV, comparés à 4120 jumeaux contrôle.

Les enfants nés de FIV ont eu plus tendance à avoir besoin de services d’aide sociale (odds ratio de 1,7, IC95%=1,3-2,2). Concernant les enfants uniques, le risque a été de 1,4 (1-2,1).

Le diagnostic neurologique le plus courant a été l’infirmité motrice cérébrale, pour laquelle les enfants nés de FIV ont présenté un risque relatif de 3,7 (2-6,6)par rapport à la population générale. Les enfants uniques ont eu un risque relatif de 2,8 (1,3-5,8). Le temps de développement a été augmenté de 4 fois parmi les enfants issus de FIV.

Les jumeaux issus de FIV n’ont pas présenté plus de risque que les jumeaux contrôle. Les enfants prématurés et ceux avec un faible poids (issus de FIV) ont eu besoin plus souvent d’une aide sociale que les enfants arrivés à terme. L’âge de la mère n’a pas influencé ces risques.

«Notre étude suggère que les enfants issus de FIV ont un risque augmenté d’anomalies neurologiques du développement, notamment l’infirmité motrice cérébrale. Les risques sont largement imputables à la fréquence importante de jumeaux, au faible poids et à la prématurité. Pour limiter ces risques, nous recommandons l’implantation d’un seul embryon durant la FIV».

Dans un commentaire, David Healy et Kerryn Saunders (Melbourne, Australie) disent que «cette étude, si elle est valable, appelle à d’autres études cliniques, et que même si ces résultats montrent qu’il vaut mieux avoir recours au transfert d’un seul embryon plutôt qu’à de multiples embryons, ce qu’un couple infertile doit savoir n’est pas le risque relatif d’avoir un enfant avec une infirmité motrice cérébrale, mais le risque absolu, qui reste à établir».

Source : The Lancet 9 février 2002;359;461-5 et 459.

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