Les effets cardiovasculaires du sildénafil paraissent limités chez les patients coronariens

Chez de sujets coronariens stabilisés, le sildénafil (principe actif du Viagra™) a été bien toléré et n'a pas modifié la survenue ou la sévérité des épisodes ischémiques pendant un test d'effort. Celui est la conclusion d'un essai publié aujourd'hui dans le Journal of American Medical Association (JAMA).

Le sildénafil a rencontré un énorme succès depuis sa commercialisation. Plusieurs complications cardiaques ont été rapportées parmi lesquelles l'infarctus du myocarde (IDM), la tachycardie ventriculaire, l'hypotension et le décès. Ces effets ont conduit à s'interroger sur le profil de sécurité du sildénafil chez les patients coronariens.

Adelaïde Arruda-Olson, Patricia Pellikka et des collaborateurs de la Mayo Clinic et de la Mayo Foundation (Rochester, EU) ont conduit un essai randomisé, en double aveugle et contre placebo pour évaluer les effets cardiovasculaires du sildénafil sur des patients coronariens soumis à un test d'effort.

L'étude a été conduite auprès de 105 hommes (âge moyen = 66 ans) qui présentaient des troubles de l'érection et chez lesquels une affection coronarienne était confirmée ou fortement suspectée.

Tous les sujets ont bénéficié de deux échocardiographies de stress limité sur bicyclette ergométrique. Les échocardiogrammes étaient réalisés à un intervalle de 1 à 3 jours et les participants avaient reçu de façon aléatoire du sildénafil (50 ou 100 mg) ou un placebo une heure avant le début du test.

"Chez nos sujets, il y avait une légère diminution de la pression artérielle (PA) au repos après la prise de sildénafil, sans modification de la fréquence cardiaque", écrivent les chercheurs. En moyenne, la PA systolique au repos passait de 135 à 128 mm Hg avec le sildénafil et de 135 à 133 mm Hg avec le placebo. Au repos, la fréquence cardiaque, la PA diastolique et le "wall motion score index" (mesure de l'étendue et de la sévérité des anomalies des mouvements de la paroi) étaient similaires dans le groupe sildénafil et placebo.

Les auteurs montrent également que la charge d'exercice était identique avec le sildénafil et le placebo, ainsi que l'augmentation de la PA et de la fréquence cardiaque pendant l'exercice.

Une dyspnée ou un angor sont apparus chez 69 patients sous sildénafil et 70 patients sous placebo.

Les anomalies des mouvements de la paroi induites par l'exercice ont été retrouvées chez un nombre comparable de patients sous sildénafil ou placebo (84 et 86 patients). Ces anomalies traduisent une contraction anormale du muscle cardiaque. L'étendue et la sévérité des ischémies survenues étaient similaires, ainsi que la fréquence cardiaque à leur apparition.

D'après les auteurs, "chez les patients avec une maladie coronarienne stable et qui ne prennent pas de dérivés nitrés, le sildénafil ne potentialise pas l'ischémie myocardique". Ils estiment donc que les patients coronariens avec des troubles érectiles devraient faire l'objet d'une évaluation personnalisée avant la prescription de sildénafil.

Le Dr Thomas Marwick (Université du Queensland, Australie) commente ces résultats dans un éditorial du JAMA. "Bien que cette étude ne puisse évaluer le risque de complications pendant un rapport sexuel sous sildénafil, des travaux antérieurs ont suggéré que le médicament était sûr chez des patients non sélectionnés et chez des patients avec des antécédents cardiaques". "Bien que le risque relatif d'infarctus du myocarde soit multiplié par 2,5 dans les deux heures après une activité sexuelle chez les hommes avec ou sans angor, le risque absolu reste faible".

Source : JAMA 2002;287:719-25, 766-7.

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