Technologies et Médecine de demain

IRM, greffe des deux mains réalisée par le professeur Dubernard, puces à ADN, autant d’innovations technologiques qui peuvent faire penser que les progrès de la médecine aujourd’hui sont directement liés et dépendants de ceux des techniques nouvelles. Cependant, une constante reste en fin de compte pour le malade: le médecin qui le soigne et qui doit intégrer les nouvelles technologies pour les adapter au mieux de l’intérêt du patient. Une chose est certaine: la profession de médecin évolue, devient multidisciplinaire et nécessitera dans le futur l’acquisition de nouvelles connaissances techniques, donc un besoin de collaborer avec des ingénieurs.

Débat complexe qui se déroulait hier au Café de Flore (Paris) dans le cadre du dernier Café-Sciences de la saison, animé par le journaliste Didier Dubrana. Etaient invités Michel Bourel, co-président de la commission Technologie médicale de l’académie nationale de médecine, André Aurengo, rapporteur sur les dispositifs médicaux à l’académie de médecine, et Patryck Breitburg, président du Snitem (syndicat national de l’industrie des technologies médicales).

Michel Bourel, à qui on demandait si aujourd’hui la médecine avançait forcément avec la technologie, a tenu à préciser que si les progrès techniques en médecine étaient effectivement présents, «les prouesses engendrées par ces techniques impliquaient inévitablement une prise de risque (cf la greffe des deux mains réalisée par le professeur Dubernard)» et que surtout «il fallait considérer les progrès de l’homme [médecin]» qui doit intégrer à la fois les nouvelles technologies et la manière de les appliquer à bon escient.

André Aurengo, qui répondait à une question volontairement provocante de Claude Sureau, ancien président de l’académie de médecine, sur l’affectation des sommes d’argent destinées aux technologies médicales en France, a catégoriquement affirmé qu’ «il n’y a pas de médecine sans progrès», et que selon lui les grands tournants technologiques de la médecine étaient l’IRM et l’échographie qui ont «transformé radicalement la médecine préventive et diagnostique».

L’aspect valorisation des technologies a été abordé par Patryck Breitburg, qui a insisté sur la formation des médecins, fondamentale selon lui pour valoriser les innovations techniques.

P. Breitburg a regretté le manque de dynamisme de la France dans ce domaine, même s’il considère que notre pays est doté d’un des meilleurs système de santé du monde, avec «un génie médical français qui devrait être exporté, valorisé et monnayé aux firmes multinationales» selon lui.

A ce propos, un représentant de l’association Centrale Santé (une émanation de l’école Centrale), qui se charge de créer des équipes multidisciplinaires regroupant médecins et ingénieurs, a insisté sur le besoin à l’heure actuelle pour la médecine de s’ouvrir à l’ingénierie médicale et à la communication. La création sans cesse croissante des réseaux de soins constitue d’ailleurs selon l’association un reflet de ce besoin d’évolution du métier de médecin de plus en plus technique et interdisciplinaire.

Les intervenants ont admis qu’aujourd’hui «la technologie médicale française n’est plus un moteur de l’économie et qu’il y a urgence à trouver des systèmes d’exportation de nos systèmes de soins, de nos protocoles et de nos schémas d’analyses», un vaste sujet d’investissement…

Source: Café Sciences 13 juin 2002; Café de Flore, Paris

PI

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