Un nouveau traitement pourrait limiter certains troubles cognitifs chez des patients schizophrènes

L'administration d'un agoniste des récepteurs D1 de la dopamine, l'ABT 431, permet de rétablir une mémoire de travail normale chez des singes traités par de l'halopéridol : un neuroleptique utilisé chez l'homme pour le traitement des psychoses aiguës et chroniques. Selon P. Goldman-Razik, de l'Ecole de Medecine de l'Université de Yale, ce résultat pourrait permettre d'envisager de nouvelles stratégies pour le traitement des patients atteints de schizophrénie mais aussi de maladies dues à un défaut de synthèse de dopamine.

La mémoire de travail assure un stockage de l'information plus durable que la mémoire immédiate et résulte des effets prolongés de la répétition. Cette mémoire peut-être perturbée notamment chez les patients schizophrènes. La publication des recherches de l'équipe de du Pr Goldman-Razik dans le dernier numéro de Science indique que de nouveaux traitements pourraient éviter ces troubles de la mémoire du travail.

L'halopéridol est souvent prescrit aux patients schizophrènes. Cette molécule est un antagoniste des récepteurs D2 de la dopamine : il bloque le récepteur. L'halopéridol induit une augmentation du nombre de récepteurs D2 dans le striatum et le cortex préfrontal, ce dernier étant associé à la mémoire de travail.

A long terme, cette augmentation du nombre de récepteurs D2 est concomitante à une diminution du nombre de récepteurs D1 de la dopamine dans le cortex préfrontal. Cependant, une stimulation neuronale optimale des neurones dans cette région est essentielle aux processus de la mémoire de travail.

Ainsi, les auteurs ont suggéré que cette diminution des récepteurs D1 pouvait être corrélée à des troubles de la mémoire chez les patients sous halopéridol.

Après avoir démontré chez 6 singes que l'halopéridol entraînait une diminution des facultés liées à la mémoire de travail, les chercheurs ont évalué l'efficacité d'un agoniste des récepteurs D1 (l'ABT 431) à rétablir une mémoire de travail normale.

Cette molécule expérimentale a été administrée aux 6 singes préalablement traités par l'halopéridol. L'ABT 431 a été injectée par voie intramusculaire (0.01 à 0.1 µg/kg) quotidiennement pendant 5 jours. Cinq à 6 séries d'injections espacées de 2 semaines ont ainsi été réalisées. Après 3 à 7 mois de traitement par l'ABT 437 (concomitant avec l'halopéridol), tous les singes ont montré une amélioration significative de leurs performances liées à la mémoire de travail. Les auteurs précisent que ce regain de mémoire a duré plus d'un an après l'arrêt du traitement par l'ABT 431.

L'halopéridol induit donc des troubles cognitifs chez le singe qui peuvent être évités par une stimulation brève des récepteurs D1. Les auteurs rappellent que de précédents travaux ont montré une diminution du nombre de récepteurs D1 chez des patients schizophrènes sous médication ou non.

De ce fait, on peut estimer que la stimulation des récepteurs D1 chez les patients schizophrènes, en particulier sous traitement, pourrait améliorer leurs performances cognitives. Selon les chercheurs, ces résultats ne concernent pas seulement la schizophrénie mais également toutes les maladies liées à un défaut de dopamine : maladie de Parkinson et perte de mémoire liée à l'âge.

Source : Science 2000; 287 : 2020-22. communiqué de presse de Science

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