Il est urgent d'intensifier l'action au Zimbabwe

La flambée de choléra au Zimbabwe, l’une des plus importantes jamais observée au monde, est loin d’avoir été maîtrisée et il faut d’urgence intensifier l’action nationale et internationale pour venir à bout de cette épidémie qui a touché jusqu’ici, plus de 60 000 personnes et fait plus de 3 100 morts depuis août 2008.

«L’Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires internationaux et locaux aident le ministère de la Santé et de la Protection de l’Enfance dans ses efforts pour maîtriser l’épidémie. Mais si tous les intervenants dans cette crise ne prennent pas des mesures drastiques, il y aura davantage de victimes encore au Zimbabwe et les autres pays d’Afrique australe seront confrontés à la menace constante d’une propagation de l’épidémie chez eux», a déclaré le Dr Eric Laroche, Sous-Directeur général à l’OMS pour le Groupe Interventions sanitaires en cas de crise.Les mesures urgentes à prendre au Zimbabwe sont les suivantes:    * Mobiliser des ressources pour payer les milliers de médecins, infirmiers et autres professionnels de santé zimbabwéens qui n’ont pas perçu de salaires et n’ont pas suffisamment d’argent pour couvrir les premières nécessités, comme simplement d’acheter un ticket de bus pour se rendre au travail. Cette absence des personnels de santé nationaux est le principal facteur à l’origine du nombre croissant de malades mourant du choléra.    * Augmenter la sensibilisation aux mesures de prévention et de traitement, en particulier dans les populations. La plupart des décès recensés se sont produits à domicile, ce qui signifie qu’il est essentiel d’adresser des messages plus efficaces à toutes les communautés, notamment dans les régions les plus isolées du pays, pour préparer le mieux possible la population zimbabwéenne à faire face à l’épidémie.    * Mettre à disposition davantage de médicaments, notamment des sels de réhydratation orale (SRO) et des comprimés de chlore, au niveau communautaire, de façon à ce que tout un chacun et les soignants en particulier aient les moyens de traiter rapidement les cas de choléra quand ils surviennent. L’une des grandes difficultés est de veiller à ce que la population ait accès aux services de santé. Comme ce n’est pas possible pour de nombreuses personnes, en raison du manque de transports et d’argent pour payer le déplacement vers un établissement de santé, des stocks de fournitures de base, mais pouvant sauver des vies, comme les SRO et les comprimés de chlore, doivent être fournis à chaque communauté.    * Autoriser davantage d’organisations non gouvernementales (ONG) à lutter contre l’épidémie dans de plus nombreuses régions du pays. Actuellement, des ONG comme Médecins Sans Frontières, font fonctionner un grand nombre de centres de traitement et de services contre le choléra dans des endroits où il n’y a aucune autre aide, y compris des pouvoirs publics. Il faut promouvoir ces activités pour améliorer l’accès aux soins de santé, en particulier au niveau des districts.    * Il est vital de renforcer l’action multisectorielle de tous les intervenants, Nations Unies, ONG, gouvernement et donateurs. Il faut faire davantage d’efforts dans de multiples domaines, amélioration de la prise en charge des cas, eau et assainissement, mobilisation sociale, ressources financières apportées aux prestataires de santé opérant au Zimbabwe, augmentation du nombre des professionnels de santé sur le terrain.«Nous sommes confrontés à une crise extraordinairement grave de santé publique qui exige de nous tous une action d’urgence, elle aussi extraordinaire, et il faut y parvenir avant qu’il n’y ait davantage de souffrances et de décès qui auraient pu être évités, a déclaré le Dr Laroche. Il faut mettre de côté les divergences politiques, surmonter les obstacles économiques, renforcer les services de santé dans les régions périphériques du pays et sensibiliser les communautés pour intensifier l’action et sauver de nombreuses personnes de la mort, alors que c’est pourtant une maladie facile à éviter et à traiter.»Le ministère de la Santé et de la Protection de l’Enfance, l’OMS et ses partenaires, institutions des Nations Unies et ONG, ont estimé au départ à 60 000 le nombre possible de cas au cours de cette épidémie. Or, au 29 janvier 2009, on avait atteint 60 401 cas, dont 3 161 décès, sans le moindre signe d’amélioration de la situation. Les dix provinces du pays et les États limitrophes sont désormais touchés. Bien que le taux de létalité ait légèrement baissé, il reste au dessus de 5%, et l’on recense trois fois plus de décès dans les communautés que dans les établissements de santé. Pour être acceptable, ce taux devrait être inférieur à 1 %. L’Afrique du Sud, pays voisin, a signalé également 3000 cas, mais grâce à l’efficacité de ses systèmes de santé, d’approvisionnement en eau et d’assainissement, le taux de létalité est resté en dessous de 1%.L’OMS et ses partenaires ont collaboré efficacement jusqu’à maintenant avec le ministère de la Santé et de la Protection de l’Enfance pour lutter contre la flambée:    * Un centre de commandement et de lutte contre le choléra a été établi à Harare, la capitale, pour coordonner l’alerte, l’intervention, la prise en charge des cas, la mobilisation sociale et la logistique.    * Une équipe d’intervention de plus de 40 experts a été mobilisée ; elle rassemble des spécialistes nationaux et internationaux de la lutte épidémiologique venus de l’ensemble de l’Organisation. Elle a travaillé sur la coordination technique, les alertes précoces, les activités de mobilisation sociale, la prise en charge des cas, la formation, la logistique, l’appui des laboratoires et des activités essentielles pour intervenir dans les provinces les plus touchées.    * Dix experts d’institutions de santé publique et de partenaires techniques du Réseau mondial OMS d'alerte et d'action en cas d'épidémie (GOARN) ont été déployés pour contribuer à la coordination technique au centre de commandement et de lutte contre le choléra et fournir une assistance technique au Ministère de la Santé et de la Protection de l’Enfance. Il s’agit du Burnet Institute en Australie, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) et de la Health Protection Agency au Royaume-Uni, de l’International Centre for Diarrhoeal Disease Research au Bangladesh (ICDDR, B); des Centers for Disease Prevention and Control des Etats-Unis et du Conseil national des Affaires sanitaires et sociales de Suède.    * Des médicaments et du matériel médical ont été livrés aux centres de santé traitant des malades du choléra.      La communauté des donateurs a été sollicitée pour lever des fonds manquant cruellement pour les interventions contre le choléra, ainsi que pour le renforcement général du secteur de la santé au Zimbabwe.Le Dr David Heymann, Sous-Directeur général à l’OMS pour le Groupe Sécurité sanitaire et environnement a déclaré que, malgré ces mesures, l’ampleur de l’épidémie devait servir à mobiliser un appui accru de la part de toutes les parties intervenant dans cette action.«Le défi n’est pas qu’à Harare, mais aussi dans les zones isolées du pays, difficiles d’accès, où il est très difficile de mettre en œuvre efficacement les mesures de lutte pour endiguer l’épidémie de choléra, a expliqué le Dr Heymann. En plus du problème des pénuries de personnel, il faut sensibiliser davantage aux moyens de traiter le choléra, combler les pénuries de fournitures médicales, assurer une aide logistique fiable et des moyens de délivrer les fournitures et améliorer l’accès aux services de santé et d’approvisionnement en eau salubre dans les zones isolées où les organisations non gouvernementales ne travaillent pas. Tout cela constitue un immense défi à relever si l’on veut endiguer rapidement cette épidémie.»

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