La situation actuelle sur les nouveaux cycles de traitement pour hépatite C chronique dans les établissements de santé en France

Une étude de la Direction des Hôpitaux et de la direction de la politique médicale de l’AP-HP a analysé l’évolution des traitements initiés pour hépatite C chronique du 1er avril 1998 au 30 juin 1999 afin d’apprécier l’évolution de la prise en charge de cette pathologie au regard des recommandations émises par les experts. Il en ressort que « dans l'ensemble les recommandations des experts paraissent bien suivies, avec des rythmes un peu différents selon les catégories de service ». Les auteurs précisent cependant que l'échantillon n'est pas représentatif de l'ensemble des services.

Tous les services cliniques ayant eu au moins 10 recours aux soins pour hépatite C chronique dans l'enquête sur la fréquentation hospitalière pour hépatite C chronique de juin 1997 ont été invités à participer à l'enquête. Ils représentaient 105 services au début de l'enquête (avril 1998), sans compter les services de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) qui gère directement son enquête, en utilisant le même questionnaire, avec les services qui le souhaitent.

Les services et le coordinateur de l'enquête à l'AP-HP ont envoyé tous les trimestres les données agrégées à la direction des hôpitaux.

Le recueil des données a concerné 94 services hospitaliers au premier trimestre 1999 et 96 services au deuxième trimestre. Au total, 2780 patients ont été mis sous traitement entre le 1er janvier et le 30 juin 1999, 1435 l’ayant été au premier trimestre, 1345 au deuxième. 13 % de l’ensemble des patients (45 % avaient un âge compris entre 30 et 44 ans) étaient en essai thérapeutique. Les 45-59 ans représentaient 30% des patients sous traitement. Le sexe ratio H/F était de 1,75.

Les principaux modes de contamination des patients traités ont été la toxicomanie par voie intra-veineuse (37 %) et la transfusion sanguine (31 %), le mode de contamination restant inconnu dans une proportion importante de cas (21 %).

73 % des patients traités avaient une hépatite C modérée ou sévère sans complication, 17 % une hépatite C compliqué, et 10 % une hépatite C minime.

Parmi les 442 hépatites C compliquées, 419 étaient des cirrhoses, 10 des adénocarcinomes et 13 avaient été traitées par une transplantation.

L’étude de la répartition des patients selon leur statut avant traitement a montré que 53 % étaient des patients naïfs, alors que la part des non répondeurs (ou échappeurs) et celle des rechuteurs était respectivement de 22 % et 25 %.

Les patients naïfs étaient un peu plus souvent traités pour hépatite minime que les non répondeurs ou que les rechuteurs, respectivement 13 %, 5 % et 9 %. 26 % des patients non répondeurs ont été traités pour une hépatite compliquée, contre 13 et 14 % pour les naïfs et les rechuteurs.

Dans 80 % des cas, le traitement prescrit consistait en l’association interféron-ribavirine, l’interféron seul étant prescrit à 16 % des patients, tandis que l’utilisation d’un autre traitement (interféron-amantadine, ribavirine seule, interleukine, etc) s’observait dans 4 % des cas.

La prescription de bithérapie était la plus fréquente, et ce quel que soit le statut du patient avant traitement. Pour autant, les patients naïfs étaient nettement moins traités par bithérapie (69 %) que les patients non répondeurs (92 %) ou rechuteurs (93 %).

Les auteurs notent que conformément aux dernières recommandations des experts (février 1999) « la prescription de bithérapie est très largement prédominante ».

Parmi les principaux résultats mis en évidence par cette étude, on note que chez les patients non répondeurs et les patients rechuteurs, la bithérapie par interféron-ribavirine était recommandée dès le mois de juillet 1998.

A cet égard, l’augmentation de la prescription de bithérapie observée entre le 2ème et le 3ème trimestre 1998 chez ces patients témoigne de l’application de cette recommandation.

Par ailleurs, chez les patients naïfs, la prescription de bithérapie a largement progressé sur l’ensemble de la période. La forte augmentation de la prescription d’interféron-ribavirine observée au premier trimestre 1999 coïncide avec la conférence de consensus de février 1999.

Les auteurs soulignent cependant que la progression des traitements, observée au deuxième trimestre 1999, « est moins importante que prévue, compte tenu des résultats de cette conférence et de l’annonce d’un plan national de lutte par le Secrétaire d’Etat à la Santé en janvier 1999 ».

Ils concluent toute fois que « l’augmentation relativement modérée des traitements initiés peut s’expliquer par un délai à la prescription dans l’attente de l’AMM pour la ribavirine (donnée en août 1999) qui simplifie les procédures ».

Source : BEH, 32/2000.

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