Des peptides synthétiques pour ramener le prion infectieux à la raison

Des chercheurs suisses et américains ont identifié des peptides synthétiques capables de convertir le prion pathologique en prion normal en rétablissant son état biochimique et structural d’origine. Cette découverte, publiée dans le Lancet daté du 15 janvier, représente une nouvelle approche thérapeutique dans les maladies à prions.

On le sait, les encéphalopathies spongiformes transmissibles sont associées à la conversion de la structure de la protéine normale prion (PrPc) en une protéine infectieuse (PrPSc) qui diffère de la protéine native par sa conformation dans l’espace, en l’occurrence par son repliement.

L’équipe du Dr Claudio de l’institut de recherche du laboratoire pharmaceutique Serono (Genève) et du New York University Medical Center (New York, Etats-Unis) ont cherché à savoir si cette transition conformationnelle pouvait être inhibée et rétablie par des peptides homologues de fragments de la PrP impliqués dans le repliement anormal de la protéine. Ces peptides synthétiques contiennent des résidus spécifiques qui agissent comme des bloqueurs des feuillets bêta.

Les chercheurs ont étudié l’effet d’un de ces " ß-sheet breaker peptide ", composé de 13 résidus et baptisé iPrP13, sur les caractéristiques structurales et les propriétés de prions PrPSc purifiés provenant de cerveaux de souris atteintes de scrapie expérimentale et de malades souffrant des formes sporadique et nouvelle de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

L’impact de ce peptide synthétique a également été étudié dans un modèle cellulaire de maladie familiale à prion. Enfin, son effet sur le pouvoir infectieux du prion pathologique a été analysé in vivo en évaluant les temps d’incubation de la maladie sur des souris atteintes de scrapie.

In vitro, le peptide anti-feuillet bêta a partiellement converti la PrPSc à un état biochimique et structural similaire à celui du prion normal PrPc. De même, l’effet de ce peptide synthétique a été détecté dans les cellules entières.

Surtout, le traitement du prion infectieux par le peptide iPrP13 a retardé l’apparition des symptômes cliniques et diminué le pouvoir infectieux du prion pathologique de 90-95% chez les souris atteintes de scrapie.

Selon les auteurs, ces peptides inhibiteurs ou des dérivés sont des outils utiles pour étudier le rôle joué par la conformation du prion. De plus, ce concept apparaît représenter une nouvelle approche pour le développement rationnel de médicaments qui pourraient empêcher les changements conformationnels impliquées dans plusieurs pathologies. De fait, les chercheurs confient avoir déjà créé des peptides synthétiques destinés à combattre les lésions de la maladie d’Alzheimer, affection neurodégénérative caractérisée par des dépôts cérébraux de protéine ß-amyloïde.

Source : Lancet, 15 janvier 2000, 355 : 192-7.

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