Biomédicaments 2010 : 5 propositions pour structurer en France une vraie filière industrielle des biotechnologies de santé

Les biomédicaments, conçus et produits à partir de la matière vivante prennent une place croissante dans l´innovation pharmaceutique. D´ici 2010, entre 82 et 137 médicaments de biotechnologies devraient être mis à disposition des malades. Ainsi, selon l´étude réalisée par A.D.Little pour le Comité Biotechnologies du Leem publiée aujourd´hui, les biomédicaments représenteraient alors 12% du marché mondial du médicament, soit plus de 100 milliards de dollars de chiffre d´affaires.

Cette croissance, qui dépasserait 14% par an, va impliquer le quadruplement des capacités de production de biomédicaments existantes dans le monde.

L´étude met aussi clairement en évidence la spécificité des activités de bioproduction qui, à bien des égards sont assimilables à des activités de recherche : mobilisation de compétences de haut niveau, investissements lourds et intervenant très en amont de la commercialisation.

Ces perspectives ouvrent une opportunité pour la France : attirer les sites de production de biomédicaments qui doivent s´implanter d´ici 2010 pour faire face à la demande mondiale, et structurer autour de ce développement industriel une véritable filière des biotechnologies françaises.

Pour relever ce défi dans un environnement fortement concurrentiel, la France doit s´appuyer sur ses atouts afin d´accroître l´attrait de notre territoire, rattraper le retard pris dans ces activités et maintenir sa position de leader européen industriel dans le médicament.

Fortes de ce constat, les entreprises du médicament présentent 5 propositions d´action :

1- Labelliser deux à trois pôles de compétitivité centrés sur les biotechnologies

susceptibles de réunir l´ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du progrès thérapeutique

allant de la recherche à la production :

- Recherche fondamentale/ Recherche médicale/ Recherche clinique

- Recherche industrielle/ Entreprises émergentes/ Sous-traitants spécialisés/développement des

process/ fabrication

- Accès au soin.

2- Reconnaître la dimension recherche propre à la production de biomédicaments et étendre en conséquence à la bioproduction le champ des incitations économiques et fiscales spécifiques aux activités de R&D. Reconnaître cette réalité pourrait se traduire en rendant éligible au crédit d´impôt recherche certaines activités industrielles comme les activités d´optimisation des procédés et des technologies.

3- Faciliter les phases de recherche clinique en créant un fonds de soutien pour permettre la production des premiers lots en France. Ce renforcement de la chaîne industrielle des biotechnologies serait un élément structurant, pour l´ensemble de la filière et éviterait que des médicaments conçus en France passent en phase industrielle dans des pays dotés des prestataires requis.

4-Mettre en place des dispositifs financiers particuliers adaptés aux investissements nécessaires à la production biologique : création de GIE Fiscaux et de systèmes d´amortissement adaptés. Il convient aussi d´assurer aux investisseurs la visibilité sur la fiscalité, au plan national et local.

5-Développer un plan stratégique national pour l´emploi et la formation des compétences. Cette proposition a déjà été reçue. Ainsi une action est en cours de lancement, dans le cadre de la convention de coopération entre les entreprises du médicament et le Ministère de l´Education Nationale, pour identifier et adapter l´ensemble des programmes de formation existants au niveau national. L´objectif est d´améliorer leur lisibilité et leur accessibilité pour les étudiants des filières de formation « biotechnologies », tout en incluant la dimension bioproduction.

Réussir à développer la production de biomédicaments en France, c´est répondre avec succès à des enjeux économiques et de santé publique majeurs .

è Premier producteur européen, la France exporte plus de 40 % des médicaments qu´elle fabrique, ce qui constitue une source d´excédent commercial significatif. Maintenir cette place et les centres de production de médicaments sur le territoire français passe par l´accueil des sites de fabrication des nouveaux médicaments.

è Les implantations de production biologique mobilisent des investissements considérables (entre 250 et 300 millions d´euros en moyenne par unité) et pourraient générer une valeur de près de 3500 emplois sur 10 ans. De plus les caractéristiques de la production biologique étant proches de la Recherche, plus de la moitié des emplois sont très qualifiés.

è La France a également besoin de capacités de production biologique afin de permettre le développement des entreprises émergentes. Favoriser le débouché de recherches nationales, et créer le réseau de compétences et de services qui permettront à de jeunes entreprises innovantes de se développer sur notre territoire, c´est initier une chaîne de valeur continue qui ira de la recherche fondamentale au produit fini.

è Le développement de la production de biomédicaments en France représente aussi un enjeu crucial pour garantir aux malades un accès rapide aux innovations pharmaceutiques.

En effet, la production d´un biomédicament s´initie au stade de la recherche clinique, phase dans laquelle les patients ont accès très tôt à la molécule. La proximité entre le développement, la production et le système de soins hospitaliers permet aux praticiens de se former précocement à l´utilisation de ces produits de haute technicité.

è De même, l´accès à des capacités de production biologique sera déterminant et structurant pour l´atteinte des objectifs de l´Institut National du Cancer et des cancéropôles. Les biomédicaments sont porteurs d´une vraie révolution thérapeutique dans le traitement des cancers. Agissant souvent avec des mécanismes nouveaux, beaucoup plus ciblés dans leur action, ils offrent un traitement alternatif ou permettent d´optimiser les traitements classiques pour des patients déterminés. Un tiers des molécules en développement dans les traitements du cancer sont des biomédicaments.

En 2003, 40% des nouveaux médicaments mis à la disposition des malades et plus du tiers des nouveaux médicaments en développement étaient d´origine biologique.

Parce qu´ils apportent des solutions originales, souvent dans des pathologies pour lesquelles il n´existe pas de traitement satisfaisant, cette tendance va encore s´accentuer dans les années à venir. Alors que la révolution des biotechnologies est déjà en cours, la France doit améliorer sa compétitivité pour favoriser le développement de la bioproduction et prendre sa place dans ce domaine.

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Descripteur MESH : France , Recherche , Investissements , Patients , Thérapeutique , Coopération , Solutions , Soins , Santé publique , Santé , Réseau , Programmes , Objectifs , Face , Étudiants , Environnement , Croissance

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