Masques #FFP2 : la France n’a pas de stocks d’État, les médecins sont éberlués

Masques #FFP2 : la France n’a pas de stocks d’État, les médecins sont éberlués À l’Assemblée nationale, lors d’une question au gouvernement posée le 3 mars dernier par le député LR et cardiologue Jean-Pierre Door, le ministre de la Santé a affirmé qu’à la suite d’une « grande concertation » post H1N1, la France aurait cessé de renouveler ses stocks de masques FFP2 depuis 2011. 

Cette affirmation interroge d’autant plus que ni les média, ni les syndicats de médecins n’étaient visiblement au courant et que cette décision a été prise en dépit des recommandations du HCSP qui datent de 2011 ainsi que de celles de la Société Française d’Hygiène Hospitalière publiées en 2009 justement après l’épidémie de H1N1.

FFP2 : Pas de stock d’État depuis 2011

En 2011, c’est Xavier Bertrand le ministre de la Santé. Il succède alors à Roselyne Bachelot qui avait dû gérer l’épidémie de grippe H1N1 en 2009-2010 pour laquelle la réponse de l’État s’était révélée surdimensionnée notamment en ce qui concerne l’acquisition de vaccins.

Selon Olivier Véran, c’est dans ce contexte qu’aurait été prise la décision de ne pas renouveler les stocks de masques FFP2 arrivant à expiration. Les autorités auraient justifié cette décision par « la plus grande disponibilité de certains produits et de leur commercialisation en officine de ville ».

Or les masques FFP2 sont massivement importés de Chine où les usines tournent aujourd’hui au ralenti. Et les stocks des pharmacies d’officine ont été pris d’assaut dès le début de l’épidémie par des personnes qui s'en servent pour faire des selfies sur les réseaux sociaux. Preuve qu’en matière sanitaire, compter uniquement sur la capacité des marchés à répondre à la demande est un pari pour le moins risqué.

Des commandes tardives

« Ce qui n’a peut-être pas été anticipé en 2011, et c’est sans aucune polémique, c’est que parfois des crises sanitaires peuvent entraîner des crises industrielles » plaide Olivier Veran dans sa réponse à Jean-Pierre Door.

Ce n’est probablement pas la seule chose qui n’a pas été assez anticipée, puisque ce n’est que fin février qu’une commande de 35 millions de masques FFP2 par mois aurait été passée par M. Véran, fraichement nommé en remplacement de Mme Buzyn.

Or les industriels annoncent entre 4 et 6 semaines de délais.
« La réaction a été tardive. Depuis janvier, nos carnets de commandes se remplissent pour des semaines, voire des mois. » explique Laurent Suissa, le directeur général d’un des principaux acteurs du secteur à Libération. « Ça fait six semaines qu’on leur dit qu’il va y avoir un problème ».

Un manque d’anticipation de Mme Buzyn ?

Le 30 janvier, l’Organisation Mondiale de la Santé qualifiait l’épidémie de coronavirus COVID-19 d’urgence de santé publique de portée internationale. La France compte alors 6 cas sur son territoire et quelque 200 Français vont être rapatriés de Wuhan.

Entre le 30 janvier et fin février, pendant 4 longues semaines, et en dépit de l’absence de stocks d’État, de la ruée sur les stocks officinaux, aucune commande de masques FFP2 n’aurait donc été passée par les services de Mme Buzyn afin de fournir la protection alors recommandée pour tous les professionnels de santé libéraux susceptibles d’être exposés au virus en cas d’épidémie. Pourquoi un tel manque d’anticipation ?


Pourtant Mme BUZYN jure ses grands dieux que la France est prête et que les commandes de masques ont été prises.

 

Des réquisitions présidentielles

Pour preuve que le sujet est désormais pris au sérieux, c’est le Président en personne qui annonce la réquisition des moyens de production français sur son compte tweeter.

 

Sur le sujet : Stocks insuffisants de masques FFP2 : la faute lourde de l’État ?

Masques FFP2 : le gouvernement change de doctrine et commence une distribution sélective aux professionnels de santé libéraux

 

Un changement de doctrine qui interroge

Pour le directeur général de la Santé, J. Salomon, « Il y a une équivalence stricte des masques chirurgicaux avec les masques FFP2 pour les virus transmis par voie gouttelettes ».

Pour justifier son propos, il se base sur une étude publiée dans le JAMA en 2019 qui montre qu’il n’y a pas de différences significatives en termes d’incidence de la grippe entre des professionnels de santé qui auraient porté des masques FFP2 vs FFP1.

Se baser sur une étude portant sur la grippe pour étayer des recommandations sur le coronavirus peut paraitre d’autant plus léger que cette étude est largement critiquée et que les recommandations en vigueur en France du HSCP et de la SFHH, ainsi que celles en vigueur aux États-Unis et en Chine sont unanimes pour promouvoir l’usage du FFP2 pour les professionnels de santé.

 

« On gère cette crise de manière trop légère » déplore le président du CSMF pour Capital. « Ce n’est pas en phase épidémique qu’il faudra réagir ».

 

Voir aussi : Des médecins généralistes saisissent le Tribunal administratif de Paris pour exiger des masques FFP2

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