Papillomavirus : E. Macron annonce le lancement d’une campagne de vaccination anti HPV au collège

Papillomavirus : E. Macron annonce le lancement d’une campagne de vaccination anti HPV au collège Lors d’un déplacement dans un collège de Jarnac en Charente, le président Macron a annoncé le lancement d’une campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges pour les élèves de 5e. Une annonce qui a été saluée par de nombreux médecins qui constatent un faible taux de vaccination en France, alors que les preuves scientifiques soutenant l’efficacité et l’innocuité des vaccins antiHPV s’accumulent ces dernières années en dépit des polémiques.

Plus de 8000 cancers induits par an en France

L’infection par le papillomavirus humain (HPV) est une infection sexuellement transmissible très répandue en France. Selon les estimations, plus de 80 % des personnes (hommes et femmes) sont exposées à ce virus au début de leur vie sexuelle. Chaque année, les HPV sont responsables de plus de 100 000 verrues génitales bénignes, de plus de 30 000 lésions précancéreuses et de plus de 8 000 cancers des régions génitales, anales et oropharyngées dans le pays.

Une couverture vaccinale faible

En juin 2022, l’académie de médecine exprimait son inquiétude quant au retard pris par la France en matière de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), en comparaison avec la plupart des pays européens dont la couverture vaccinale est souvent 10 points au-dessus de celui constaté en France.

En effet, en France, la couverture vaccinale contre le HPV est très faible, avec seulement 41 % des adolescents vaccinés (45,8 % pour les filles et 6 % pour les garçons).

Des données plus récentes de Santé Publique France semblent montrer une amélioration de cette couverture vaccinale des dernières années. Elle reste cependant bien en deçà des objectifs fixés par la Stratégie nationale de santé sexuelle et le Plan cancer, qui visent une couverture vaccinale de 60 % chez les adolescentes âgées de 11 à 19 ans en 2023 et de 80 % à horizon 2030.

Papillomavirus : E. Macron annonce le lancement d’une campagne de vaccination anti HPV au collège

Des vaccins surs et efficaces selon la littérature

En 2018 une revue Cochrane a examiné 26 études portant sur l’efficacité et les effets secondaires des vaccins anti-HPV chez 73 428 adolescentes et femmes. Les résultats montrent que le vaccin anti-HPV protège contre les lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les femmes vaccinées entre 15 et 26 ans. Cependant, la protection est plus faible chez les femmes déjà infectées par le HPV, ce qui plaide en faveur de la vaccination avant le début des relations sexuelles. Les effets secondaires graves du vaccin ne sont pas plus fréquents que ceux du placebo. Le risque de fausse couche ou d’interruption de grossesse n’est pas augmenté. Il y a peu de données sur l’effet des vaccins sur les décès, la mortinatalité et les malformations congénitales. Un suivi à long terme est nécessaire pour évaluer l’impact sur le cancer du col de l’utérus.

« Il existe des preuves d’un haut niveau de certitude que les vaccins anti-HPV protègent contre les lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les adolescentes et les femmes qui sont vaccinées entre 15 et 26 ans. » Revue Cochrane.

L’exemple australien

L’Australie a lancé une campagne de vaccination gratuite contre le papillomavirus (HPV) en 2007, ciblant les jeunes filles de 12-13 ans et depuis 2013 les garçons dans les collèges. Résultat : une chute spectaculaire de 23 % à 1 % de la proportion des femmes porteuses des deux principaux types de virus responsables du cancer du col de l’utérus entre 2005 et 2015. Avec une couverture vaccinale atteignant maintenant 80 % des Australiennes et 75 % des Australiens de 15 ans, les modélisations épidémiologiques prévoient la fin de la circulation du virus en 2035 et donc de tout nouveau risque d’infection et de cancers du col de l’utérus.

Toujours en Australie une étude publiée en 2020 dans le journal Vaccine a examiné tous les événements indésirables survenus après l’administration du vaccin 4vHPV signalés à l’Administration des produits thérapeutiques (TGA) de 2007 à 2017. L’analyse n’a révélé aucun nouveau problème de sécurité et a confirmé la sécurité de ce vaccin. La syncope (évanouissement), une réaction bien connue liée au stress vaccinal, était l’effet indésirable le plus fréquent chez les jeunes adolescents. D’autres effets indésirables incluant des maladies auto-immunes, le syndrome de tachycardie orthostatique posturale, l’insuffisance ovarienne primaire, le syndrome de Guillain-Barré, le syndrome de douleur régionale complexe et la thromboembolie veineuse, ont été signalés à des taux faibles et l’analyse n’a pas révélé de schémas inattendus qui suggéreraient une association causale.

En suède, une étude publiée en 2020 montre que la vaccination antiHPV est associée à une réduction significative du risque de contracter un cancer du col de l’utérus pour les filles et les femmes suédoises âgées de 10 à 30 ans.

Une expérimentation encourageante

La campagne de vaccination en milieu scolaire est déjà en place dans certaines régions de France. Une expérimentation menée auprès de classes de 5e dans le Grand Est pendant deux ans a permis de constater une augmentation significative du nombre d’élèves avec un schéma vaccinal à jour. Le taux est passé de 9 % à 27 % lors de la première année de l’expérimentation. Ces résultats sont encourageants et permettent d’espérer une amélioration de la couverture vaccinale contre le papillomavirus dans les années à venir.

Les médecins largement favorables à la vaccination

Les médecins saluent donc cette campagne de vaccination, qui permettra aux filles comme aux garçons de recevoir le vaccin dans leur établissement scolaire après un accord parental. Cette mesure est considérée comme un premier pas important vers une meilleure prévention des maladies liées au papillomavirus, selon Cécile Badoual, cheffe du service d’anatomie et de cytologie pathologiques à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris. « Toute aide à la prévention des maladies liées au papillomavirus est la bienvenue », a-t-elle affirmé pour le Parisien.

Geoffroy Canlorbe, gynécologue obstétricien à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière estime que la situation actuelle est dramatique. Il salue cette mesure qui permettra aux adolescents de se protéger contre les maladies liées au papillomavirus et considère que cette campagne est un premier pas important vers une meilleure prévention des cancers du col de l’utérus.

La vaccination obligatoire contre le HPV : une solution pour réduire les inégalités ?

Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer souhaiterait aller plus loin en rendant cette vaccination obligatoire. Il considère que la vaccination est un marqueur social, rappelant que la carte du cancer du col de l’utérus se superpose sur celle de la pauvreté. Les familles les plus aisées vaccinent en effet leurs enfants contre le papillomavirus dans une proportion bien plus importante que les familles les plus modestes.

En ce sens, l’inscription de ce vaccin comme obligatoire permettrait de limiter la maladie en réduisant les inégalités, comme cela a été observé dans d’autres pays comme l’Australie ou le Canada. La Ligue contre le cancer considère donc que la vaccination obligatoire serait un outil supplémentaire pour agir plus vite contre le papillomavirus.

Crédit photo : DepositPhotos

Descripteur MESH : Vaccination , France , Vaccins , Médecins , Déplacement , Femmes , Virus , Syndrome , Risque , Sécurité , Santé , Objectifs , Littérature , Grossesse , Vie , Personnes , Hommes , Canada , Australie , Paris , Suède , Pauvreté , Santé publique , Médecine , Association , Placebo , Maladie , Malformations , Thromboembolie , Tachycardie , Douleur , Syncope , Syndrome de tachycardie orthostatique posturale , Infection

Epidémiologie: Les +