Un acide biliaire pour lutter contre la maladie de Huntington ?

Il n’existe actuellement aucun traitement contre la maladie de Huntington, affection neurodégénérative d’origine génétique. Un groupe de l’Université du Minnesota vient de montrer qu’un acide biliaire permet de limiter les dommages neurologiques et fonctionnels dans un modèle de la maladie chez la souris. Cette démarche pourrait constituer une nouvelle approche dans le traitement de cette pathologie.

La maladie de Huntington est imputable à une mutation du gène de la huntingtine. Les formes anormales du gène présentent une expansion anormale des répétitions CAG dans la séquence codante. Plus ces expansions sont nombreuses, plus les symptômes apparaissent tôt. Ce type de mutation se traduit par la perte de neurones spécifiques et le pronostic est fatal.

Dans un article qui paraît dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, un groupe de recherche mené par Walter Low (Université du Minnesota) décrit le potentiel d’un acide biliaire pour le traitement de la maladie de Huntington. Ces travaux constituent un premier stade dans l’évaluation de l’intérêt de cette molécule mais les résultats obtenus sur des souris transgéniques paraissent assez encourageants.

L’acide biliaire en question est l’acide tauroursodéoxycholique ou TUDCA. Des souris transgéniques porteuses d’une expansion CAG (environ 150 répétitions) dans le gène de la huntingtine ont été utilisées pour tester son efficacité. Normalement, ces animaux développent rapidement une neurodégénérescence accompagnée de déficits sensoriels et moteurs avant de décéder à l’âge de 14 semaines.

Ces souris ont reçu un traitement systémique par TUDCA à l’âge de six semaines. Le TUDCA était administré tous les trois jours à un dosage de 500 mg/kg selon un protocole qui permettait de multiplier par sept sa concentration dans le cerveau.

Par rapport à des souris non traitées, les lésions dégénératives étaient moins importantes chez celles qui avaient reçu le TUDCA. Par ailleurs, les déficits moteurs et sensoriels étaient moins marqués avec le TUDCA, rapportent les chercheurs. Ces effets paraissent liés à une inhibition partielle de l’apoptose des neurones normalement concernés par la maladie. Le TUDCA n’a pas montré de signe apparent de toxicité. Selon les auteurs, ces résultats indiquent que le TUDCA « pourrait fournir un traitement nouveau et efficace pour les patients atteints de maladie de Huntington ». Enfin, il semblerait que le TUDCA puisse exercer un effet similaire sur d’autres pathologies neurologiques.

Source : Proc Natl Acad Sci USA, early edition, www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.162362299

SR

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