Ménopause : le traitement hormonal substitutif ne réduit pas le risque coronarien

Les femmes ménopausées et coronariennes ne devraient pas recevoir de THS dans le but de réduire le risque coronarien. Après un suivi de presque 7 ans, de nouveaux résultats montrent que ce traitement hormonal ne réduit pas l’incidence des évènements cardiovasculaires (décès cardiovasculaire et infarctus du myocarde (IDM) non fatal) par rapport à un placebo chez ces patientes avec des antécédents coronariens. Ces résultats sont basés sur les données des études HERS et HERS II.

L’édition du 3 juillet du JAMA publient deux articles sur l’évolution des patientes de l’essais HERS (Heart and Estrogen/progestin Replacement Study) et HERS II avec un recul de 6,8 ans.

L’étude HERS est un essai randomisé conduit en aveugle avec contrôle placebo. La moyenne d’âge des 2.763 femmes recrutées était de 67 à l’entrée dans l’essai. Toutes présentaient des antécédents coronariens. Les participantes ont reçu un THS (0,625 mg/jour d’estrogènes conjugués + 2,5 mg/jour d’acétate de médroxyprogestérone) ou un placebo.

Les résultats publiés en 1998 avaient montré qu’il n’y avait pas de différence entre les deux groupes dans la survenue des épisodes cardiovasculaires majeurs (IDM non fatal et décès cardiovasculaire) ou secondaires (pontages aorto-coronaires, procédures de recanalisation, hospitalisations pour insuffisance cardiaque ou angor instable, morts subites, accidents vasculaires cérébraux).

Cependant, THS était associé à une augmentation du risque de ces évènements la première année du traitement alors que ce risque semblait diminuer les années suivantes.

L’étude HERS II a été entreprise afin de disposer d’un recul plus conséquent. Pour HERS II, les auteurs ont poursuivi le suivi de 2.321 patientes de HERS I. Elles recevaient éventuellement un THS prescrit à la discrétion de leur médecin depuis la fin de HERS.

Les conclusions de HERS II sont présentées par Grady et al. Ces auteurs concluent que le taux d’épisodes cardiovasculaires majeurs ou secondaires ne différaient pas entre les groupes dans l’essai HERS, HERS II ou globalement. « Après 6,8 ans de suivi [HERS + HERS II], le traitement hormonal n’a pas réduit le risque d’événement cardiovasculaire chez les femmes coronariennes », écrivent les auteurs.

« Nos résultats donnent un poids supplémentaire aux recommandations récentes qui indiquent que le traitement hormonal substitutif ne devrait pas être utilisé dans le but de réduire les événements coronariens chez les femmes coronariennes », précisent-ils.

Dans le même numéro du JAMA, Hulley et al. se sont penchés sur les l’incidence des évènements non cardiovasculaires dans les essais HERS et HERS II, toujours avec un recul de 6,8 ans. Selon leur analyse, le THS est associé à un risque de thromboembolisme veineux multiplié par deux par rapport au placebo (relative hazard = 2,08 ; IC 95 % = 1,28-3,40). Le risque de bénéficier d’une chirurgie des voies biliaires était augmenté d’environ 50 % (rh = 1,48 ; IC 95 % = 1,12-1,95).

Dans un éditorial qui commente ces deux études, Diana Petitti (Kaiser Permanente Southern California) souligne que ces résultats ne devraient pas décourager les patientes ménopausées de prendre d’autres traitements dont l’efficacité est démontrée dans la réduction des risques coronariens.

Source : JAMA 2002 ;49-57, 58-66, 99-100

SR

Descripteur MESH : Risque , Cardiologie , Gynécologie , Femmes , Placebo , Infarctus , Infarctus du myocarde , Myocarde , Accidents , Angor instable , Éditorial , Essais , Médroxyprogestérone , Thromboembolisme veineux , Voies biliaires

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