Nouvelles sexualités, l’effet Top Chef !

Nouvelles sexualités, l’effet Top Chef ! L’arrivée d’internet et le développement des réseaux sociaux ont considérablement modifié les notions de séduction, d’attractivité, ainsi que les pratiques sexuelles. Si l’accès à la pornographie est une des raisons, c’est loin d’être la seule. Les explications du Dr Pierre Desvaux, andrologue et sexologue.

La masturbation en couverture de journaux, c’était impensable naguère, c’est possible aujourd’hui. Si d’autres contraintes sont venues peser sur la sexualité des jeunes générations, de nombreuses pratiques taboues chez leurs parents et grands-parents ne le sont plus pour eux. La masturbation féminine en est une. Les sondages montrent que les femmes reconnaissent aujourd’hui aisément — voire revendiquent — cette pratique. Lors de sa prise de parole au congrès de l’AFU, le Dr Pierre Desvaux, andrologue et sexologue, reviendra sur le rajeunissement des premiers rapports (16 ans au lieu de 17 ans), l’évolution du nombre de partenaires ainsi que celles de pratiques, sous l’effet notamment des réseaux sociaux.


Le goût du sexe…
Toujours plus, toujours plus varié… Comme en gastronomie, les nouvelles sexualités offrent une large palette de choix. « Autrefois, quand on recevait ses amis on cuisinait un bon repas, mais sans faire de manières. Aujourd’hui, les dîners entre amis rivalisent d’originalité, les assiettes sont disposées comme dans un restaurant… ». C’est ce que le Dr Pierre Desvaux nomme l’effet Top Chef. 
 
Cette même « professionnalisation », ce « mimétisme » se retrouvent dans les pratiques sexuelles. « Quand on voit certaines images sur son écran, on tend à vouloir les reproduire ». La fellation et le cunnilingus font ainsi partie désormais des normes. La sodomisation reste en retrait. La pratique étant plus volontiers demandée par le conjoint et acceptée par la partenaire.
 
Nouveauté : le sexting, qui consiste à envoyer des photos de soi dénudé, se développe. Plus d’un tiers (35 %) des jeunes de moins de 24 ans ont déjà reçu des photos ou vidéos d’autrui nu et un quart d’entre eux en a déjà postées (IFOP-2013). « Il faut prévenir les jeunes qu’internet n’oublie jamais rien. Même les photos supprimées persistent », avertit le sexologue.
 
Autre nouveauté induite par les réseaux sociaux, la « privatisation » [1]. Avec internet, nos comportements sexuels (séduction, nombre de partenaires…) restent paradoxalement dans la sphère privée. Il est possible de multiplier les rencontres — ou les tentatives de rencontres — sans que l’environnement proche (amis, collègues de travail…) le sache. Il est également possible de façonner sa séduction sur les réseaux sociaux. Enfin, les échecs demeurent eux aussi « privés ». Ils sont donc plus faciles à assumer. « Prendre un râteau devant ses amis, c’est douloureux », explique le Dr Desvaux. Devant son clavier, le râteau est beaucoup plus simple à métaboliser. 


Une révolution ? Oui, mais….
L’enquête LACSE-IFOP menée du 28 décembre 2017 au 3 janvier 2018 montre que les rencontres sur internet sont en plein boom. « En 2006, 10 % des femmes s’étaient connectées à un site de rencontre ou une appli sur mobile et 13 % des hommes. En 2011, nous en étions à 14 % et 18 %. Et 2018, 21 % (donc une femme sur 5) et 33 % des hommes ». 
 
Pourquoi va-t-on sur un site de rencontre ? Deux raisons évidentes, la recherche d’un partenaire stable ou un « plan Q ». Un troisième type de rencontre est intéressant, car seul internet — du fait de son caractère virtuel — le permet : la convalescence. Des hommes et des femmes meurtris par un chagrin d’amour s’offrent une histoire à distance, purement platonique. Souvent, ils prennent soin de ne jamais rencontrer celle ou celui qui se cache derrière un pseudo…. Mais ces échanges brûlants sur le net, permettent de panser des plaies [2].
 
« Quand les premiers sites de rencontre sur internet ont émergé, c’était la conquête de l’Ouest, tout était à inventer. Certains ont cru que cela aboutirait à une révolution sociale : la bourgeoise pourrait rencontrer l’ouvrier… » La réalité a montré qu’internet, tout comme les autres modes de rencontres, favorisait l’homogamie. Rapidement, divers codes sociaux (vocabulaire, centres d’intérêt…) replacent chacun dans sa catégorie culturelle. Comme le disait le sociologue Michel Bozon, « le coup de foudre tape dans la diagonale ». En d’autres mots, si l’on dresse un tableau avec d’un côté la catégorie sociale de l’homme et de l’autre celle de la femme, la majorité des histoires amoureuses vont se nouer entre personnes de même catégorie. Simple exception à la règle : les hommes sont prêts à sacrifier le plaisir de la conversation… si cela leur permet de conquérir une femme jeune et de grande beauté.

Les femmes plus sélectives…

« Sur Meetic, il n’y a que des mecs » : qui n’a pas entendu cette récrimination ? Faux. Il y a sensiblement le même nombre d’hommes que de femmes… Mais les femmes ne répondent pas systématiquement aux demandes de contact qui leur sont faites. D’où l’impression fallacieuse qu’elles seraient plus rares. 
 
Une étude conduite sur les sites TINDER et HINGE le confirme : les 78 % des femmes les plus attractives…. sont en compétition sur les profils des 20 % d’hommes les plus désirables. Ces 20 % sont saturés de demandes, les 80 % restant en ont fort peu. 

 

À propos de l’AFU

L’Association Française d’Urologie est une société savante représentant plus de 90 % des urologues exerçant en France (soit 1 133 médecins). Médecin et chirurgien, l’urologue prend en charge l’ensemble des pathologies touchant l’appareil urinaire de la femme et de l’homme (cancérologie, incontinence urinaire, troubles mictionnels, calculs urinaires, insuffisance rénale et greffe), ainsi que celles touchant l’appareil génital de l’homme. L’AFU est un acteur de la recherche et de l’évaluation en urologie. Elle diffuse les bonnes pratiques aux urologues afin d’apporter les meilleurs soins aux patients, notamment via son site internet urofrance.org et un site dédié aux patients urologie-sante.fr.


[1] Marie Bergström, Les Nouvelles Lois de l’amour, INED
[2] Catherine Lejealle, La construction et la gestion de l’identité numérique dans la rencontre amoureuse en ligne

 

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