Restrictions des droits à la santé pour les étrangers : les médecins disent NON !

Restrictions des droits à la santé pour les étrangers : les médecins disent NON ! Le gouvernement a divulgué le 6 novembre un train de mesures visant à modifier la politique migratoire de la France dans le but de « reprendre le contrôle » et rendre la France moins attractive aux yeux des migrants économiques. Le volet sanitaire des ces mesures insurgent les médecins et les associations qui dénoncent une atteinte intolérable pour l’accès aux soins des populations les plus démunies.

En effet, le gouvernement du Président Macron a décidé de durcir l’accès aux soins pour les étrangers, qu’ils soient en situation régulière ou non. Un délai de carence de 3 mois sera désormais instauré pour la protection universelle maladie (PUMa) de toute personne qui travaille ou réside en France de manière stable et régulière y compris les demandeurs d’asile. Par ailleurs, la durée de l’Aide Médicale d’état (AME) permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins sera réduite de 12 à 6 mois.

Enfin, la sécurité sociale devra dorénavant donner son accord préalable avant de rembourser un certain nombre de soins non urgents (prothèse, kinésithérapie) pour les bénéficiaires de l’AME qui devront également se présenter physiquement dans les bureaux des CPAM pour espérer obtenir leur accord.

Médecins du Monde dénonce la mise en danger de la santé des étrangers

« Les demandeurs d’asile sont directement pris pour cible. Alors qu’ils arrivent souvent en France fragilisés physiquement et psychologiquement à cause d’un parcours migratoire difficile, le Gouvernement décide de les fragiliser davantage et de compliquer encore plus leur accès aux soins. Aucun gouvernement n’avait osé aller aussi loin !

L’instauration d’un délai de carence de 3 mois à partir de l’entrée sur le territoire français pour pouvoir bénéficier de la sécurité sociale (PUMa) vient d’être confirmée. Cette mesure va aggraver l’état de santé de ces personnes. Cela entraînerait également des prises en charge à un stade plus avancé de leur pathologie qui devra être traitée par les Urgences, déjà saturées ». Médecins du Monde

« On est la sixième puissance économique mondiale. On se dit le pays des droits de l’homme. Jamais aucun gouvernement n’avait osé s’en prendre au droit à la santé des demandeurs d’asile. » Carine Rolland à franceinfo

Un projet inacceptable pour les professionnels de santé que nous sommes

L’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé dénonce dans un communiqué une atteinte intolérable et ignominieuse à l’accès aux soins pour des populations démunies. Pour elle, ce train de mesures constitue une menace pour la santé des personnes concernées, mais aussi pour l’ensemble de la population française.

« Ce projet est totalement contraire à nos engagements, à notre code de déontologie et au serment d’Hippocrate par lequel nous sommes tenus de prodiguer des soins à toutes et à tous.
Ce projet gouvernemental constitue un écran de fumée visant à détourner l’opinion publique de préoccupations sociales cruciales en stigmatisant, une nouvelle fois, de façon éhontée, des populations parmi les plus fragiles. L’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé (USMCS) qui défend l’accès aux droits et aux soins de toute personne résidant sur le territoire français sans restriction ni discrimination, exprime sa totale opposition au projet inique du Président et de son gouvernement et appelle tous les acteurs de la santé à le dénoncer

Le délai de carence de 3 mois est un non sens économique

Le 22 septembre dernier, 805 médecins avaient signé une tribune dans le JDD en faveur de l’aide médicale d’État en dénonçant de façon prémonitoire le non-sens économique que constituerait un retard dans l’accès aux soins.


« Retarder l’accès aux soins serait également un non-sens économique, car plus précocement le soin est apporté, plus son coût pour la collectivité est bas. Éloigner les personnes du soin, c’est les pousser à laisser des situations de santé se dégrader et arriver dans des états critiques dont la prise en charge coûtera indéniablement plus. »

« Au nom de la déontologie médicale, de l’éthique, de la santé publique, nous refusons d’être contraints à faire une sélection parmi les malades. Nous ne choisirons pas entre ceux qui pourront être soignés et ceux laissés à leur propre sort. Nous refusons les restrictions supplémentaires apportées à l’AME et demandons le maintien de la prise en charge des soins aux étrangers malades. »

 

Le SNJMG dénonce des mesures de xénophobie politique

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) refuse ce processus délétère et espère que les prochaines mobilisations, notamment dans le cadre du collectif inter-hospitalier, permettront de faire valoir la santé de tous les patients.

« Cet ensemble de mesures restreignant l’accès aux soins des étrangers se révèle donc dangereux pour les patients concernés, non efficiente pour la réduction des dépenses de santé et incohérente avec les besoins de santé publique et l’organisation des soins. Cette mesure peut aussi se comprendre comme témoignant d’un contexte de xénophobie politique.» SNJMG

 

Voir aussi : https://www.caducee.net/actualite-medicale/14575/soins-des-etrangers-le-cnom-s-interroge-sur-le-delai-de-carence.html

 

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