Une analyse approfondie du risque de syndrome de Guillain-Barré associé aux vaccins anti COVID-19

Une analyse approfondie du risque de syndrome de Guillain-Barré associé aux vaccins anti COVID-19 Dans le cadre de la surveillance continue de la vaccination contre la COVID-19, EPI-PHARE (groupement d’intérêt scientifique en épidémiologie des produits de santé ANSM-Cnam) a réalisé une nouvelle étude de pharmaco-épidémiologie pour mesurer le risque de survenue du syndrome de Guillain-Barré en lien avec les différents vaccins contre la Covid-19. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Neurology.

Vaccins COVID-19 et syndrome de Guillain-Barré

Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie neurologique rare qui se caractérise par une attaque du système immunitaire contre les nerfs périphériques, provoquant des douleurs, un engourdissement, une faiblesse musculaire et, dans certains cas, une difficulté à se déplacer.

Elle est généralement déclenchée par des infections, mais elle a également été associée à certains vaccins dans de rares cas. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des cas de SGB ont été signalés à la suite de la vaccination, conduisant à des enquêtes pour déterminer si un risque accru existait.

Selon les résultats de ces études, il semble que le risque de SGB varie en fonction du type de vaccin administré. Plus précisément, les vaccins à ARNm, comme le Comirnaty (Pfizer/BioNTech) et le Spikevax (Moderna), n'augmentent pas le risque de SGB, que ce soit pour une primo-vaccination ou un rappel. En revanche, une augmentation du risque a été observée avec les vaccins à vecteur adénoviral, comme Vaxzevria (AstraZeneca) et Janssen (Johnson & Johnson). Un risque moindre que celui lié à l'infection par le SARS-COV-2

Analyse des données du Système national des données de santé (SNDS)

L'étude a utilisé les données du SNDS pour mesurer le risque de SGB associé aux différents vaccins COVID-19. Entre le 27 décembre 2020 et le 20 mai 2022, un total de 2 229 personnes âgées de 12 ans et plus, vaccinées et non vaccinées, ont été hospitalisées pour un SGB en France. L'analyse de ces données a révélé des résultats significatifs.

Vaccins à ARNm et syndrome de Guillain-Barré

Les résultats de l'étude EPI-PHARE ont montré que les vaccins à ARNm, qu'ils soient utilisés en primo-vaccination ou en rappel, ne sont pas associés à une augmentation du risque de SGB. Cette conclusion est rassurante, car ces vaccins sont largement utilisés en France et dans le monde.

En outre, l'étude a révélé une légère augmentation du risque de SGB chez les personnes âgées de 12 à 49 ans après la deuxième dose du vaccin Spikevax (Moderna). Cependant, cette augmentation était isolée et inférieure à celle observée avec les vaccins à adénovirus.

Vaccins à vecteur adénoviral et syndrome de Guillain-Barré

L'étude EPI-PHARE a également mis en évidence une augmentation du risque de SGB dans les six semaines suivant l'administration d'un vaccin à vecteur adénoviral.

En particulier, une augmentation du risque de SGB a été observée dans les 42 jours suivant la première dose du vaccin Vaxzevria (risque 2,5 fois plus élevé) et la dose unique du vaccin Janssen (risque 2,4 fois plus élevé) par rapport aux périodes précédant ou suivant ces 42 jours. Ces sur-risques se traduisent par un nombre de cas excédentaires de SGB attribuables à ces vaccins.

Infection a SARS-COV-2 et risque de syndrome de Guillain-Barré

L’étude révèle également que le risque de SGB n'est pas uniquement associé aux vaccins mais également lié à une infection par le SARS-COV-2 avec un sur-risque supérieur à celui observé avec les vaccins.

Le sur-risque de SGB varie en fonction de la gravité de la COVID-19. Ainsi, un risque 3,8 fois plus élevé a été observé dans les 42 jours suivant un test de dépistage positif, et un risque 7,9 fois plus élevé en cas d'hospitalisation due au COVID-19.

Une étude robuste

Plusieurs éléments attestent de la solidité de cette étude.

- cette étude englobe, à ce jour, le plus grand échantillon de personnes ayant développé ce syndrome après avoir été vaccinées contre la Covid-19. Elle offre une analyse approfondie des effets de la primo-vaccination et de la première dose de rappel, en particulier avec les vaccins à ARNm.

 -  l'intégrité des données est assurée par le fait que les informations relatives aux hospitalisations et aux vaccinations ont été enregistrées de manière prospective et indépendante. De plus, les caractéristiques des patients hospitalisés, telles que la durée du séjour ou le niveau de soins reçus, sont cohérentes avec celles typiques du syndrome de Guillain-Barré, comme observé dans des études antérieures.

- la méthodologie adoptée a permis d'éliminer l'effet de divers facteurs de confusion, garantissant ainsi une plus grande précision des résultats. Les ajustements ont également été faits pour la saisonnalité, considérant les variations saisonnières de l'incidence du syndrome.

- Enfin, l'étude s'est avérée résistante aux analyses de sensibilité. En effet, l'impact des vaccins à base d'adénovirus a été systématiquement observé, indépendamment de la présence du SARS-CoV-2, d'infections aiguës courantes, du sexe ou de la tranche d'âge.

Cette étude présente selon leur auteurs certaines limites. D'abord, l'analyse s'est focalisée sur les cas hospitalisés, omettant potentiellement des cas bénins. Cette approche pourrait impacter les résultats, bien que l'incidence du syndrome relevée suggère un sous-diagnostic peu probable. Ensuite, la détection d'infections antérieures s'est faite indirectement via des traitements évocateurs, pouvant introduire des inexactitudes. Toutefois, ces biais semblent avoir une influence minime sur les conclusions finales, mais méritent d'être soulignés pour une lecture éclairée des résultats.

Les résultats de cette étude fournissent de nouveaux arguments en faveur de la sécurité de la vaccination contre le COVID-19 telle qu'elle est actuellement recommandée en France, c'est-à-dire avec des doses de rappel par des vaccins à ARNm.

 

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