Dépression majeure : les essais cliniques ne sont pas représentatifs de la population généralement traitée

Les sujets inclus dans les essais cliniques sur le traitement pharmacologique de la dépression majeure ne représentent qu'une minorité des patients habituellement suivis en consultation externe. D'après une étude publiée dans l'American Journal of Psychiatry, 85 % de ces patients seraient exclus de ces essais.

Dans cette publication, le Dr Mark Zimmerman (directeur du service de consultation externe en psychiatrie à l'hôpital de Rhode Island) explique que les essais cliniques sur le traitement de la dépression majeure répondent à des critères de sélection et d'exclusion des patients bien précis.

Son objectif était de définir quel était l'impact de ces critères sur la représentativité des patients retenus pour ces essais. Zimmerman et ses collaborateurs ont analysé les données de 803 patients (16-65 ans) reçus en consultation externe à l'hôpital de Rhode Island.

Après un examen psychiatrique complet, un diagnostic de dépression majeure a été posé chez 346 sujets. Ces sujets étaient donc potentiellement candidats pour participer à des essais sur l'efficacité de traitements pharmacologiques contre la dépression majeure.

Les auteurs ont revu les critères de sélection et d'exclusion employés dans 31 essais sur les antidépresseurs et dont les résultats avaient été publiés entre 1994 et 1998 dans cinq revues majeures de psychiatrie.

D'après les auteurs, 53 des 256 patients (environ 1/6) auraient été exclus en raison d'une dépression dans le cadre d'une maladie bipolaire ou d'une dépression majeure avec symptômes psychotiques.

Sur les 293 patients restants, 86 % auraient été exclus pour un des motifs suivants : état d'anxiété comorbide, conduite addictive, sévérité des symptômes dépressifs insuffisante ou idéation suicidaire.

Au final, seulement 15 % des sujets auraient pu être inclus dans ces essais. Les auteurs en concluent donc que l'efficacité des antidépresseurs est fondée sur un profil clinique qui n'est pas suffisamment représentatif des patients traités en routine. Le jugement de Zimmerman sur ce résultat est très sévère puisqu'il ajoute dans un communiqué de son université que "les compagnies pharmaceutiques ont eu raison de supposer que si elles montraient que leur médicament marchait pour un groupe très sélectionné de patients dépressifs, alors les médecins l'utiliseraient pour tous les patients".

Source : Am J Psychiatry 2002;159:469-473. Brown University News Service.

SR

Descripteur MESH : Essais , Population , Patients , Dépression , Antidépresseurs , Psychiatrie , Rhode Island , Anxiété , Diagnostic , Idéation suicidaire , Jugement , Maladie , Médecins , Précis

Recherche scientifique: Les +