Vivre centenaire : la cause génétique se confirme

Une vaste étude américaine vient de montrer que les frères et sœurs de centenaires ont plus de chances de dépasser le siècle de vie. Comparé à la population générale, ces frères et sœurs ont aussi une mortalité plus faible à tous les âges. Globalement, les résultats laissent entendre que cet avantage de survie est imputable à des facteurs génétiques et pas seulement environnementaux.

Faut-il en conclure que la génétique explique à elle-seule les écarts de longévité entre les personnes d’une même population ? Le Dr Thomas Perls (Harvard Medical School) et ses confrères qui ont mené cette étude n’expriment pas un avis aussi tranché. Ils estiment plutôt que les raisons des longévités exceptionnelles ont un « composant génétique substantiel », selon leur article qui paraît aujourd’hui dans la revue Proceedings of The National Academy of Sciences.

Il est clairement démontré que la survie dépend fortement de facteurs environnementaux et comportementaux, expliquent Perls et ses collaborateurs. Cependant, les variations de mortalité selon la classe sociale s’atténuent dans les âges les plus avancés et ces différences tendent donc à disparaître pour les tranches les plus âgées de la population.

Ces scientifiques ont émis l’hypothèse que la longévité exceptionnelle était due, au moins en partie, à une composante génétique au sein des familles. Si tel est le cas, la longévité moyenne dans les familles où il existe un ou plusieurs centenaires devrait être supérieure à celle retrouvée dans les familles qui ne présentent pas cette caractéristique.

Cette hypothèse a été testée par l’analyse de 444 familles de centenaires aux Etats-Unis. La mortalité et la longévité des frères et sœurs de ces centenaires ont été comparées à celles d’un groupe contrôle représentatif de la population générale. C’est au total 2.092 frères et sœurs de centenaires qui ont été étudiés dans cette enquête.

Les chercheurs ont ainsi pu montrer que quel que soit l’âge considéré, la mortalité est plus faible chez les frères et sœurs de centenaires que dans la population contrôle. Ainsi, le taux de décès des sœurs de centenaires est environ deux fois inférieur à celui de la population nationale, et cela pour tous les âges considérés. Une tendance similaire a été retrouvée chez les hommes bien que cet avantage soit moins marqué pendant la période de l’adolescence et les premières années de l’âge adulte.

Au final, les calculs de l’équipe menée par Perls montrent que comparés à la population contrôle, les frères de centenaires ont 17 fois plus de chances d’atteindre 100 ans et les sœurs de centenaires ont 8 fois plus de chances.

D’après les chercheurs, la stabilité de l’avantage de survie retrouvé chez les frères et sœurs de centenaires à tous les âges indique que ce bénéfice est imputable à des facteurs génétiques plutôt qu’à un environnement plus favorable.

A ce propos, Perls et ses confrères expliquent qu’il existe probablement deux classes de gènes capables de mener à une longévité exceptionnelle : des gènes dont certains génotypes peuvent prédisposer à une maladie, ils seraient absents chez les centenaires ; des gènes qui au contraire confèrent une protection face aux maladies liées au vieillissement. Le résultat est le même mais les mécanismes diffèrent.

Ces gènes restent maintenant à identifier et dans cette optique, l’étude des familles de centenaire offre un avantage certain pour découvrir les facteurs génétiques qui confèrent un tel avantage de survie, concluent les chercheurs.

Source : Proc Natl Acad Sci USA 2002 ;99(12) :8442-7

SR

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