Accès direct aux kinésithérapeutes : une expérimentation lancée dans 20 départements

Accès direct aux kinésithérapeutes : une expérimentation lancée dans 20 départements Vingt départements français expérimentent depuis juin 2025 un accès direct aux kinésithérapeutes, sans passage préalable par un médecin. Ce dispositif encadré s’adresse aux professionnels intégrés à une CPTS et vise à améliorer l’accès aux soins tout en désengorgeant le parcours médical classique.

Un nouveau modèle de soins pour alléger le parcours médical

Depuis le 8 juin 2025, les patients de vingt départements français peuvent consulter un kinésithérapeute sans passer par la case médecin généraliste, dans le cadre d'une expérimentation nationale prévue pour durer cinq ans. Cette mesure s'applique uniquement aux professionnels exerçant au sein d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), dans un objectif de simplification de l'accès aux soins et de désengorgement des cabinets médicaux.

Lancée en application de la loi du 20 mai 2023 sur la confiance aux professionnels de santé, et rendue possible par un décret publié le 28 juin 2024, cette initiative restait en attente d’un arrêté d’application pour entrer concrètement en vigueur. C’est désormais chose faite avec la publication de l’arrêté ministériel du 8 juin 2025, qui permet le lancement effectif de l’expérimentation.

Les kinésithérapeutes peuvent donc à présent prendre en charge des patients sans prescription médicale préalable, selon un protocole bien encadré. En l’absence de diagnostic médical, la prise en charge est limitée à huit séances par patient. Au-delà, ou si un diagnostic a été établi en amont, le kinésithérapeute intervient dans le cadre habituel des bonnes pratiques professionnelles.

Des conditions d’accès strictes et un déploiement territorial ciblé

L’expérimentation s’adresse exclusivement aux kinésithérapeutes ayant officiellement rejoint une CPTS, une condition encore peu répandue dans certains territoires. « C’est à peine le cas de 8 % des professionnels dans l’Aude », précise Patrick Saut, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) en Occitanie.

Les vingt départements concernés sont : l’Aude, le Gers, le Tarn, les Deux-Sèvres, les Côtes-d’Armor, la Haute-Corse, le Haut-Rhin, l’Isère, le Loiret, la Martinique, Mayotte, la Meurthe-et-Moselle, le Nord, La Réunion, le Rhône, la Seine-Maritime, le Var, la Vendée, l’Yonne et les Yvelines.

Un choix salué localement, notamment dans l’Aude où près de 30 000 personnes n’ont pas de médecin traitant, selon Patrick Saut. Il affirme que l’inclusion de ce département dans l’expérimentation est le fruit d’un important travail de plaidoyer auprès des autorités sanitaires.

Pour intégrer le dispositif, les kinésithérapeutes doivent faire acte de candidature via leur agence régionale de santé, en justifiant de leur rattachement à une CPTS. Une fois validée, leur participation est communiquée aux caisses de sécurité sociale locales, assurant ainsi un suivi et une coordination des soins. Le bilan initial et les comptes-rendus sont systématiquement inscrits dans le dossier médical partagé du patient et transmis au médecin traitant.

Modalités de prise en charge des patients

  • Sans diagnostic médical préalable ni affection longue durée (ALD), un maximum de huit séances peut être réalisé.
  • Pour les patients disposant d’un diagnostic médical ou en ALD, aucune limite de séances n’est imposée, sous réserve de respecter les recommandations de bonnes pratiques professionnelles.
  • Les kinésithérapeutes doivent orienter les patients vers un médecin dès qu’un avis médical ou un diagnostic s’avère nécessaire.
  • Un bilan initial et un compte-rendu des soins doivent être inscrits dans le dossier médical partagé du patient et transmis au patient ainsi qu’à son médecin traitant.

Vers une généralisation à l’échelle nationale ?

« C’est l’avenir de la profession », s’enthousiasme Patrick Saut, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) en Occitanie, dans une déclaration au journal Midi Libre.

L’expérimentation représente une évolution significative de l’autonomie professionnelle des kinésithérapeutes. La Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) y voit une étape vers une généralisation de l’accès direct sur l’ensemble du territoire. Pour les représentants de la profession, ce changement est aussi une réponse concrète aux inégalités territoriales d’accès aux soins.

Selon une enquête menée en Occitanie, un kinésithérapeute sur deux se déclare favorable à ce nouveau mode d’organisation. Si les résultats de l’expérimentation sont positifs, ils pourraient nourrir une réforme plus large du parcours de soins en France.

Liens utiles

Sources : Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Midi Libre

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