Le point sur la recherche à FHI: une liste de contrôle concernant la grossesse facilite l'accès à la contraception

Dans les dispensaires qui ne sont pas équipés pour dépister la grossesse par le biais d'analyses de laboratoire, on demande souvent aux nouvelles clientes de revenir au moment de leurs règles pour être sûr qu'elles ne sont pas enceintes. Cette pratique risque non seulement de favoriser les grossesses accidentelles, mais aussi de décourager certaines femmes qui ne reviendront pas.

Nurses

L'étude en question portait sur 1.852 femmes qui n'avaient pas leurs règles au moment de leur visite dans sept dispensaires de planification familiale répartis dans tout le pays. Le personnel de ces centres a utilisé la liste de contrôle dans le cadre du counseling dispensé aux nouvelles clientes qui n'étaient pas en période de règles. Ces efforts ont révélé que 88 pour cent de ces femmes n'étaient pas enceintes. Normalement, on aurait dit à la plupart d'entre elles de rentrer chez elles et de revenir dès le début de leurs règles. Pour les 12 pour cent qui restaient, l'emploi de la liste de contrôle révélait que la grossesse était une possibilité.1

[Légende : Des infirmières de l'hôpital provincial de Nyeri, au Kenya, apprennent à se servir d'une liste de contrôle concernant la grossesse.]

Chacune des 1.852 femmes qui ont participé à l'étude a subi un test de grossesse (à l'aide de bandelettes trempées dans un échantillon d'urine) pour déterminer catégoriquement si elle était enceinte ou non. Sur les 223 femmes qui pouvaient être enceintes d'après la liste de contrôle, 14 l'étaient bel et bien. Sur les 1.629 femmes pour lesquelles l'éventualité d'une grossesse avait été écartée, huit étaient pourtant enceintes.

"Il a été constaté que cette liste de contrôle est facile d'emploi, efficace, économique et acceptable pour les prestataires", déclare John Stanback, de FHI, et chef de l'équipe chargée de l'étude. "Son utilisation peut donc réduire un obstacle sérieux à l'accès à la planification familiale."

La liste de contrôle contient six questions :

  • Avez-vous accouché dans les quatre dernières semaines ?
  • Avez-vous acouché il y a moins de six mois, et allaitez-vous complètement votre enfant et vos règles ont-elles été absentes depuis sa naissance? (Ce sont les critères qui doivent être remplis pour utiliser la méthode de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée, ou MAMA.)
  • Vos dernières règles ont-elles commencé dans les sept derniers jours ?
  • Avez-vous fait une fausse-couche ou eu un avortement au cours des sept derniers jours ?
  • Avez-vous évité les rapports sexuels depuis vos dernières règles?
  • Utilisez-vous une méthode contraceptive fiable et de manière systématique et correcte ?

Si la femme répond oui à l'une de ces questions seulement et qu'elle ne présente pas de signe ou de symptôme de la grossesse, les prestataires ont de bonnes raisons de croire qu'elle n'est pas enceinte et ils peuvent lui proposer des contraceptifs, explique John Stanback.

Si elle répond non à toutes ces questions, les prestataires devraient lui proposer uniquement des méthodes de barrière, par exemple des préservatifs ou des spermicides, jusqu'au moment où elle peut passer un test de grossesse ou jusqu'à l'arrivée de ses règles. Cette liste de contrôle a été élaborée à partir des lignes directrices préparées par le Technical Guidance Working Group de l'USAID et par l'OMS.2

Des études effectuées par FHI en Afrique et en Amérique latine ont démontré que les prestataires restreignaient fréquemment l'accès à la contraception pour les femmes qui ne sont pas en période de règles.3 Dans le cadre d'une étude faite antérieurement au Kenya auprès de 760 femmes qui sollicitaient des services de contraception dans des dispensaires et des hôpitaux, on avait constaté que la moitié d'entre elles n'étaient pas en période de règles. Plus du tiers ont été renvoyées chez elles sans avoir reçu de méthode contraceptive.4 Les prestataires hésitent sans doute à leur donner une méthode hormonale de planification familiale, les pilules par exemple, à insérer un dispositif intra-utérin (DIU) ou à les stériliser parce que ces méthodes sont contre-indiquées chez la femme enceinte.

En ce qui concerne l'étude effectuée récemment, les prestataires des sept dispensaires concernés et des huit dispensaires-témoins ont généralement considéré que la liste de contrôle était acceptable. Certains, cependant, ont exprimé la crainte que toutes les femmes ne donnent pas nécessairement des réponses honnêtes. D'autres prestataires étaient contre l'insertion d'un DIU pour les nouvelles clientes qui n'étaient pas en période de règles, parce que l'utilisation de ce dispositif pendant la grossesse peut entraîner de graves problèmes pour la santé.

L'organisation américaine JHPIEGO offrira prochainement un cours de formation aux prestataires kenyans, à l'échelon national, sur l'emploi de cette liste de contrôle.

-- Barbara Barnett

Notes

  1. Sensibilité 64 pour cent, spécificité 89 pour cent, valeur prédictive positive 6 pour cent et valeur prédictive négative supérieure à 99 pour cent.
  2. Organisation mondiale de la Santé. Pour un meilleur accès à des soins de qualité en matière de planification familiale : Critères de recevabilité médicale pour l'adoption et l'utilisation continue de méthodes contraceptives. Genève : OMS, 1996. Technical Guidance Working Group ; Comment être raisonnablement sûr que la femme n'est pas enceinte. Recommandations pour la mise à jour de certaines pratiques d'utilisation des contraceptifs : Résultats d'un meeting technique. Volume I. Eds. Curtis KM, Bright PL. (Chapel Hill: Technical Guidance Working Group, U.S. Agency for International Development, 1995)103-106.
  3. Stanback J, Thompson A, Hardee K, et al. Menstruation requirements: a significant barrier to contraceptive access in developing countries. Stud Fam Plann 1997;28(3):245-50.
  4. Stanback J, Nutley T, Gitonga J, et al. Menstruation requirements as a barrier to contraceptive access in Kenya. Unpublished paper. Family Health International, 1997.

    Network, Hiver 1999, Volume 19, Numéro 2 .
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    © Copyright 1999, Family Health International (FHI)





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