Plus de fruits chez l'enfant = moins d'ostéoporose chez l'adulte

Deux périodes cruciales de la croissance osseuse

C'est ce que confirme un étude récente, réalisée chez 62 femmes en bonne santé, âgées de 45 à 55 ans. Leur densité osseuse a été passée au crible : au niveau lombaire et fémoral, par absorptiométrie et au niveau périphérique, par scanner du poignet. Pour explorer leur métabolisme osseux, on a dosé deux types de composés : dans les urines, des indicateurs spécifiques de résorption osseuse (pyridinoline et déoxypyridinoline) et dans le sang, un marqueur de l'ostéosynthèse, l'ostéocalcine. Les facteurs nutritionnels ont été estimés par un questionnaire de fréquence de consommation, bien validé. Outre leurs apports actuels, on s'est intéressé au passé alimentaire de ces femmes, à deux périodes cruciales de la croissance osseuse : dans l'enfance (avant 12 ans) et entre 20 et 30 ans. On a ainsi établi trois niveaux de consommation (faible, moyen, élevé) en produits laitiers, en fruits et en légumes. Les apports en nutriments et en micronutriments (calcium, potassium, phosphore, magnésium, fibres, ß carotène, zinc, vitamines C et D) ont été calculés. L'activité physique, la consommation de tabac, des facteurs anthropométriques et le statut ménopausique ont été pris en compte.




Quels micronutriments réduisent la résorption osseuse ?

Examinons les résultats, d'abord sur les marqueurs, ensuite sur l'os. Première constatation : l'apport en certains micronutriments, présents dans les fruits et légumes, semble influencer surtout la résorption osseuse. Les marqueurs d'ostéolyse sont en effet inversement corrélés aux apports alimentaires en potassium, magnésium, phosphore, ß carotène, fibres et (quoique de façon non significative) en vitamine C. Cette relation est linéaire : quels que soient l'âge, la corpulence et le statut ménopausique, les femmes qui ont les apports les plus élevés en potassium, magnésium, ß carotène et vitamine C (à niveau calorique ajusté) ont les taux de pyridinoline et déoxypyridinoline les plus bas. A l'inverse celles qui en consomment le moins, ont la résorption la plus forte. Seconde constatation : le seul paramètre corrélé de façon significative avec l'ostéocalcine, est l'apport énergétique total qui conditionne plutôt la formation osseuse.

Tout semble se jouer dans l'enfance…

Et l'influence sur l'os ? Elle se confirme et met en évidence une donnée particulièrement intéressante. Les femmes qui ont eu la consommation de fruits la plus abondante dans leur enfance (1 à 4 fois par jour, plus de 5 jours par semaine) ont une densité osseuse plus importante au niveau du col fémoral (cette relation se retrouve entre 20 et 30 ans, bien que de façon non significative). En outre, et ce point est essentiel car il souligne l'importance directe des végétaux pour la qualité de l'os, elle est indépendante des apports en calcium et produits laitiers.

Certains micronutriments sortent du lot : à niveau calorique contrôlé, des apports élevés en magnésium, potassium (et en alcool !) sont associés à une meilleure densité osseuse.

L'importance d'une alimentation alcalinisante se confirme

Ces résultats s'expliquent. D'abord parce que le squelette joue un rôle important dans la régulation acido-basique de l'organisme. C'est un réservoir de bases qui peuvent être libérées en réponse à une diminution du pH sanguin sous l'effet, par exemple, d'une alimentation acidifiante. Un apport de bicarbonate de potassium réduit l'excrétion urinaire de calcium et diminue la résorption osseuse tout en augmentant la formation. A l'inverse, une diminution du pH plasmatique a des effets contraires et nuit à la qualité de l'os. Des apports suffisants en potassium peuvent donc à l'évidence tempérer la résorption osseuse.

La vitamine C ? Elle est essentielle pour l'hydroxylation de la proline et de la lysine, étape indispensable à la formation du collagène présent en abondance dans le tissu osseux. En outre, elle pourrait, par son effet antioxydant, protéger le tissu conjonctif osseux contre les radicaux libres. Le magnésium est un élément fondamental du métabolisme osseux et sa carence est incriminée dans la survenue de l'ostéoporose. Principaux arguments ? On trouve moins de magnésium dans les os de sujets ostéoporotiques. Chez la femme ménopausée, une carence alimentaire en magnésium est associée à une plus faible densité osseuse vertébrale. Dans cette étude, les femmes qui ont les apports les plus élevés en magnésium ont également une plus faible résorption osseuse. Le magnésium interviendrait en réduisant l'activité d'une ATPase favorisant l'excrétion osseuse d'ions hydrogène et par conséquent une certaine acidose augmentant la résorption osseuse. Pour ce qui est de l'alcool, même s'il favorise la production d'androgènes surrénaliens et leur conversion en oestrone, ses effets bénéfiques sur l'os ne se retrouvent, comme toujours, qu'à des doses modérées ! Prudence de ce côté là…

Quant à l'effet bénéfique d'une consommation prolongée de fruits depuis l'enfance sur la densité de l'os, il reflète et confirme l'influence favorable d'une alimentation alcalinisante, riche en fruits et en légumes, sur la qualité de l'os. Preuve qu'il n'est jamais trop tôt pour prendre de bonnes habitudes !

D'après : Susan A New et al, Am J Clin Nut 2000 ; 71 : 142-51

Dr Thierry Gibault

- Avril 2000 - Source APRIFEL (Equation-Nutrition n°4)

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