Tensions extrêmes aux urgences du CHU de Grenoble : patients dans le hall et signalement au procureur

Tensions extrêmes aux urgences du CHU de Grenoble : patients dans le hall et signalement au procureur La grève illimitée du personnel des urgences du CHU de Grenoble, débutée le 6 décembre 2022, prend une tournure dramatique. Des patients sont installés sur des brancards dans le hall de l'hôpital et un signalement a été fait auprès du procureur de la République pour mise en danger de la santé d'autrui.

Situation alarmante aux urgences du CHU Grenoble-Alpes

Les urgences du centre hospitalier Grenoble-Alpes (CHUGA) sont en grève illimitée depuis le 6 décembre 2022. Le personnel, épuisé par des conditions de travail qualifiées de "complexes", alerte sur une situation qu'ils jugent "apocalyptique". Marion, infirmière aux urgences, déplore pour France3 que "certains patients restent parfois 18 jours" sur des brancards et dans les couloirs, subsistant avec "pour seul repas un sandwich Sodebo".

Pour dénoncer le manque de place, des patients ont été installés sur des brancards dans le hall de l'hôpital. Selon une représentante syndicale du CHU, "l'équipe demande à la direction de trouver des lits à cette dizaine de patients, afin d'éviter une carence au sein du service des urgences".

Le personnel en grève réclame des moyens et dénonce la loi Rist

Malgré un changement de direction en 2018, la rénovation des bâtiments et un filtrage sélectif des patients, la situation ne s'améliore pas. Le personnel en grève dénonce également la loi Rist, qui depuis le 3 avril, plafonne la rémunération des médecins intérimaires.

Louise Cavat, médecin aux urgences et au Samu, et ses collègues ont décidé d'envoyer un signalement au procureur de la République de Grenoble. Dans cette lettre, ils estiment que "les pouvoirs publics mettent en danger la santé de la population et le personnel du CHUGA". Ils pointent notamment des "retards de prise en charge avec conséquences sur la vie d'autrui" et "l'augmentation des risques psychosociaux du personnel hospitalier".

Le document précise qu'"aux urgences adultes, entre 60 à 87 patients" sont "présents le matin à 8 heures dont 20 à 40 hospitalisés aux urgences sur un brancard" et évoque une "stagnation des patients plus de 24 heures avec un maximum de 49 patients depuis plus de 24 heures le 5 décembre 2022".

Lors d'une réunion organisée le 13 avril, Monique Sorrentino, la directrice générale du CHU Grenoble-Alpes, a mis en avant un problème de recrutement. "Nous avons un taux de postes vacants non pourvus de 50 %. Cela veut dire qu'on tourne avec seulement la moitié des effectifs. Ce n'est pas un problème de moyens financiers puisque nous avons les postes mais nous ne trouvons pas suffisamment d'urgentistes", explique-t-elle.

Cependant, cette explication ne convainc pas les représentants syndicaux. Elizabeth Guillermin, représentante syndicale CGT au CHU, déplore l'absence de propositions concrètes pour répondre à l'urgence du moment. "À part avouer la difficulté, l'impuissance, et demander d'attendre des mois, et nous dire que, peut-être, en septembre on arrivera à suffisamment recruter pour rouvrir des lits, il n'y a pas eu de propositions concrètes à l'urgence du moment", regrette-t-elle.

Crédit photo : DepositPhotos

Descripteur MESH : Urgences , Patients , Brancards , Santé , Lits , Repas , Travail , Vie , Personnel hospitalier , Médecins , Population , Rémunération , Lettre , Réunion

Hôpital: Les +