La ramoplanine : le prochain antibiotique de dernier recours ?

Des chercheurs de l’université de Pennsylvanie viennent de décrire le mécanisme d’action précis d’un nouvel antibiotique, la ramoplanine. Cette molécule présente l’énorme avantage d’exercer une forte activité antibiotique contre des bactéries Gram-positives telles que les staphylocoques dorés résistants à la méthicilline (SARM) ou encore les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV).

L’émergence de bactéries résistantes à des antibiotiques puissants comme la vancomycine a suscité un vif intérêt pour la recherche de nouveaux traitements actifs et pour une utilisation raisonnable de l’antibiothérapie.

Dans un article publié dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs américains rendent comptent de résultats particulièrement importants sur le mécanisme d’action d’une molécule qui pourrait être à la base d’une nouvelle classe d’antibiotiques.

Ces recherches ont été dirigées par le Dewey McCafferty de l’Ecole de Médecine de l’Université de Pennsylvanie. McCafferty et son équipe prennent en exemple le cas de la vancomycine pour expliquer le danger des bactéries multirésistantes.

« Depuis environ trente ans, la vancomycine a été le médicament de dernier ressort contre des infections par des bactéries pathogènes Gram-positives », écrivent-ils. Cependant, l’apparition récente de résistances rend urgent le développement de nouveaux outils thérapeutiques capables de remplacer la vancomycine.

La ramoplanine semble être très prometteuse. En effet, cet antibiotique a montré qu’il exerçait une activité très marquée contre les bactéries Gram-positives comme Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et Enterococcus faecium résistant à la vancomycine (ERV). Par ailleurs, aucun cas de résistance à la ramoplanine n’a été rapporté jusqu’à présent.

La ramoplanine (ramoplanine factor A2) est actuellement en essai clinique de phase III dans le traitement des infections à SARM et ERV. Son mécanisme d’action précis n’était jusqu’à présent pas totalement élucidé.

On savait que l’action de la ramoplanine s’apparentait à celle de la vancomycine dans le sens qu’elle inhibe la biosynthèse du peptidoglycane bactérien.

McCafferty et ses collaborateurs viennent de montrer que la ramoplanine reconnaît un locus du peptidoglycane différent de celui reconnus par la vancomycine, ce qui explique l’activité de la ramoplanine sur des bactéries résistantes à la vancomycine. Par ailleurs, ce mode d’action rendrait plus difficile l’apparition de résistances spécifiques.

La ramoplanine utilise une séquence de 8 acides aminés pour reconnaître le peptidoglycane, précisent les chercheurs. Selon eux, cette séquence de reconnaissance peut servir de modèle pour le développement d’autres antibiotiques contre les ERV, SARM et les autres infections.

« Notre découverte de la base moléculaire de son action conduira, nous l’espérons, au développement de médicaments plus petits et plus simples, dérivés de la structure de la ramoplanine mais avec une meilleure activité antibiotique et des propriétés biologiques plus favorables », a ajouté McCafferty dans un communiqué de son université.

Source : Proc Natl Acad Sci USA 2002 ;99(11) :7384-9 (publication avancée de l’édition du 28 mai 2002). University of Pennsylvania Medical Center.

SR

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