Le délai de prise en charge d'un AVC ischémique serait de 105 minutes
Des résultats encourageants mais encore loin des objectifs
Le traitement endovasculaire des AVC ischémiques dus à une occlusion de gros vaisseaux (LVO) repose sur une prise en charge rapide. Le délai porte-à-ponction (DTP), qui mesure le temps entre l’arrivée du patient à l’hôpital et le début de l’intervention, reste un indicateur clé de performance. Selon une étude parue dans Revue Neurologique (2025) et fondée sur le registre ETIS, le DTP médian atteint 105 minutes en France — un chiffre encore au-dessus des 90 minutes recommandées par les directives françaises et américaines.
Entre 2020 et 2022, 3847 patients admis directement dans 28 centres spécialisés ont été analysés. La majorité des cas concernaient des AVC de la circulation antérieure (près de 87 %), avec un âge moyen de 71 ans et un score NIHSS médian de 16. Malgré des efforts déjà engagés, seuls 4 centres parviennent à atteindre l’objectif de 90 minutes ou moins.
Une organisation hospitalière encore trop hétérogène
Plusieurs éléments influencent ce délai. Sur le plan médical, les patients avec un antécédent de dépendance (mRS >1) ou un AVC peu symptomatique (NIHSS bas) sont parfois pris en charge avec moins d’urgence, prolongeant le DTP. Côté organisationnel, les admissions hors horaires ouvrables, ainsi que la présence d’une seule salle d’angiographie, allongent sensiblement les délais.
Fait surprenant : les centres sans service d’urgence intégré s’en sortent mieux, avec des DTP plus courts. Ce résultat s’expliquerait par une admission directe en unité neurovasculaire, qui limite les étapes intermédiaires.
Enfin, la prise en charge des AVC de la circulation postérieure, plus complexes à diagnostiquer, contribue aussi à allonger le temps global.
Des leviers concrets à activer
Pour améliorer ce délai, les auteurs de l’étude suggèrent plusieurs pistes :
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Renforcer les équipements : disposer de plusieurs salles d’angiographie permet de réduire les goulets d’étranglement, notamment en cas d’afflux.
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Fluidifier les parcours patients : en favorisant les protocoles d’imagerie directe à l’arrivée, et en systématisant la pré-notification par le SAMU.
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Sensibiliser les équipes : à ne pas sous-estimer certains profils de patients, comme ceux faiblement symptomatiques ou déjà dépendants.
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Améliorer la couverture hors horaires ouvrables : avec du personnel formé et des ressources disponibles en permanence.
Chiffres clés de l’étude
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Durée médiane du DTP : 105 minutes (objectif recommandé : ≤ 90 min)
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Nombre de patients inclus : 3847
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Nombre de centres participants : 28
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Âge moyen des patients : 71 ans
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Score NIHSS médian : 16 (IQR : 10–20)
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Occlusions de la circulation antérieure : 86,7 %
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Centres atteignant un DTP ≤ 90 min : 4 sur 28
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AVC de la circulation postérieure : 12,5 % des cas
Une marge de progression à saisir
Avec un DTP médian toujours supérieur aux recommandations, la marge de progression est réelle. L’enjeu est de taille : chaque minute gagnée peut avoir un impact significatif sur le pronostic fonctionnel des patients. À ce titre, les établissements de santé ont un rôle central à jouer pour repenser leur organisation et garantir un accès rapide et équitable à la thrombectomie.
https://doi.org/10.1016/j.neurol.2025.03.013
Descripteur MESH : Accident vasculaire cérébral , Temps , Thrombectomie , France , Patients , Éléments , Pronostic , Rôle , Santé , Établissements de santé , Directives