Une nouvelle génération de CAR-T armés pour surmonter les échecs thérapeutiques

Une nouvelle génération de CAR-T armés pour surmonter les échecs thérapeutiques Une thérapie cellulaire de nouvelle génération, enrichie en interleukine-18, montre une efficacité notable chez des patients atteints de lymphome B réfractaire, déjà traités par CAR-T anti-CD19. Un espoir renouvelé face aux impasses thérapeutiques.

Des CAR-T modifiés pour une réponse renforcée

Les CAR-T cells, ou lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique, s’imposent comme une approche clé en immunothérapie pour certains cancers du sang, notamment les lymphomes B et les leucémies aiguës. En France, environ 2 000 patients pourraient en bénéficier chaque année, essentiellement après échec de plusieurs traitements conventionnels. Bien que personnalisés et prometteurs, ces traitements sont encore freinés par leur coût et des contraintes logistiques importantes.

Toutefois, leur efficacité reste incomplète : plus de la moitié des patients traités rechutent ou développent une résistance. Pour répondre à cette problématique, une équipe de l’université de Pennsylvanie, dirigée par le Dr Jakub Svoboda, a testé une version améliorée, dite « armée », nommée huCART19-IL18. Cette nouvelle génération de CAR-T cible toujours l’antigène CD19 mais est conçue pour sécréter de l’interleukine-18 (IL-18), une cytokine pro-inflammatoire destinée à renforcer la réponse immunitaire et la durabilité des cellules modifiées.

Des résultats prometteurs malgré les antécédents d’échec

L’étude de phase I, publiée en mai 2025 dans le New England Journal of Medicine, a inclus 21 patients en situation d’échec thérapeutique, avec une médiane de sept traitements antérieurs. Malgré ce contexte difficile, 81 % ont présenté une réponse partielle ou complète trois mois après l’infusion, dont 52 % de réponses complètes. Certains patients ont maintenu leur rémission au-delà de deux ans.

Les effets indésirables sont restés dans les limites attendues : 62 % ont présenté un syndrome de relargage cytokinique (principalement modéré) et 14 % une neurotoxicité légère. Aucun effet secondaire inattendu n’a été rapporté.

Le traitement présente un autre atout majeur : sa fabrication en trois jours, contre 9 à 14 jours habituellement. Ce délai réduit permet de conserver des cellules T moins différenciées, souvent plus efficaces et persistantes.

Le point de vue du clinicien

Le Dr Jérôme Barrière, oncologue médical, a salué sur les réseaux sociaux l’intérêt de cette avancée :

« Le traitement par cellules CAR-T est une stratégie d’immunothérapie cellulaire en plein développement, qui vise à combattre le cancer en s’appuyant sur le propre système immunitaire du patient. »

« Dans cette étude, une version améliorée, huCART19-IL18, a été testée après échec d’un premier traitement CAR-T. Ces cellules sont dites armées, car elles sécrètent de l’interleukine-18 pour renforcer l’effet antitumoral. »

« Les résultats sont très encourageants : 81 % de réponse, dont 52 % complète. Et ce, avec une toxicité modérée, même à faible dose. »

« Plus on avance, plus on arrive à comprendre pourquoi certains traitements ne marchent pas et comment essayer de contourner le mécanisme de résistance. »

 

 

Vers une nouvelle génération de thérapies cellulaires

Cette avancée pourrait ouvrir la voie à de nouvelles indications. Les chercheurs projettent déjà d’étendre huCART19-IL18 aux leucémies aiguës et chroniques, et à d’autres formes de lymphomes. Par ailleurs, la plateforme technologique développée pour cette thérapie pourrait être utilisée dans d’autres projets, grâce à des partenariats industriels en cours.

Selon Carl June, pionnier des CAR-T et directeur du Center for Cellular Immunotherapies à l’université de Pennsylvanie, cette approche enrichie en cytokines pourrait aussi s’appliquer aux tumeurs solides, jusqu’ici peu sensibles aux thérapies cellulaires. L’IL-18, produite localement, stimulerait l’immunité sans engendrer de toxicité systémique.

Source : New England Journal of Medicine, 7 mai 2025 ; EurekAlert!, communiqué du 7 mai 2025.
DOI
10.1056/NEJMoa2408771 

Descripteur MESH : Patients , Lymphomes , Face , Lymphome B , Cellules , Leucémies , Pennsylvanie , Système immunitaire , Tumeurs , Sang , Lymphocytes T , Syndrome , Cytokines , Thérapeutique , Immunothérapie , Lymphocytes , France

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