Les bases cérébrales de l’expérience consciente du mouvement

Certaines régions du cerveau sont importantes pour accomplir un mouvement et pour son apprentissage. Cela pose aux chercheurs la question de savoir comment nous devenons conscients de nos propres mouvements. C’est le but de l’expérience menée par l’équipe de neuropsychologie d’Angela Sirigu à l’Institut des sciences cognitives (CNRS – université de Lyon 1) en collaboration avec un médecin de l’hôpital neurologique de Lyon et des chercheurs italiens et anglais. Les auteurs concluent dans la revue Nature Neuroscience de janvier 2004 qu’une région spécifique, le cortex pariétal, est impliquée dans l’accès à la conscience de nos propres mouvements.

Leur étude montre que les sujets ont conscience qu’ils se préparent à bouger seulement après que les premiers signaux de leur intention aient été enregistrés dans leurs cerveaux (« potentiel de préparation » ou « Readiness Potential »). Après l’apparition de ce signal cortical, le sujet commence à prendre conscience de vouloir bouger (environ 350 millisecondes avant que le mouvement réel ait lieu). Cette phase préparatoire ne se développe pas du tout chez les patients dont la partie postérieure du cerveau appelée cortex pariétal est endommagée.

Dans cette étude, il était demandé aux sujets de pousser un bouton au moment de leur choix, en focalisant leur attention soit sur le déclenchement du mouvement de leur doigt, soit sur leur intention de le faire, en rapportant la position d’une horloge à aiguille. Les sujets normaux peuvent juger précisément quand ils poussent le bouton. Ils rapportent leur intention de le faire environ 350 ms avant. Les sujets au cortex pariétal lésé peuvent également estimer correctement le moment où ils poussent le bouton, mais ils ne sont pas conscients de bouger jusqu’à ce que le mouvement soit complet. Par opposition, les patients qui ont une lésion sur une autre partie du cerveau, le cervelet, se comportent comme des sujets normaux.

Pour les auteurs, le cortex pariétal pourrait être responsable de la conduite de nos propres actions et pour évaluer si elles atteignent nos propres buts. Le cerveau crée en quelque sorte un modèle, ou copie, des intentions du mouvement qu’on veut faire, au niveau du cortex pariétal, avant la commande d’exécution qui passe par le cortex moteur. Quand ce cortex pariétal est lésé, le mouvement est toujours possible, mais maladroit; le sujet peut difficilement ajuster le mouvement, le corriger ou en apprendre un nouveau. Le cortex pariétal jouerait donc un rôle essentiel dans l’anticipation et dans le contrôle en ligne de nos mouvements.

Altered awareness of voluntary action following damage to the parietal corte, Nature Neuroscience

Angela Sirigu1, Elena Daprati1,2, Sophie Ciancia1, Pascal Giraux1, Norbert Nighoghossian3, Andres Posada1, Patrick Haggard4

1Institut des Sciences Cognitives CNRS, 67 Blv Pinel, 69675 Bron, France.

2Human Physiology Section, IRCCS Fondazione Santa Lucia, Via Ardeatina 354, 00179 Roma, Italy.

3Cerebrovascular Unit, Hopital Neurologique 59,bd Pinel 69394 Lyon, France.

4Institute for Cognitive Neuroscience UCL, 17 Queen Square, London, UK.

Descripteur MESH : Mouvement , Cerveau , Conscience , Nature , Apprentissage , Neuropsychologie , Intention , France , Patients , Attention , Cervelet , Rôle , Signaux

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