Médecins salariés : la région Centre-Val de Loire pointée du doigt par la Chambre régionale des comptes

Médecins salariés : la région Centre-Val de Loire pointée du doigt par la Chambre régionale des comptes La région Centre-Val de Loire veut embaucher 300 médecins d’ici 2028, mais cette politique est sévèrement critiquée par la Chambre régionale des comptes. Le président de la région, François Bonneau, maintient pourtant le cap.

Incertitudes juridiques et manque de transparence

Pour pouvoir embaucher des médecins, la Région Centre-Val de Loire a créé en juin 2020 un groupement d’intérêt public (GIP) Pro santé. Toutefois, la loi du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration (loi 3DS) exclut les régions de la capacité de création et de gestion des centres de santé. Cette situation pourrait à terme fragiliser l’existence du GIP Pro santé. Par ailleurs, la Chambre régionale des comptes dénonce un manque de transparence sur les critères d’implantation des centres de santé. Le GIP n’a pas de « plan d’action stratégique » précisant de manière transparente ces critères. Les Sages pointent ainsi un pilotage insuffisant et s’interrogent sur le choix d’avoir créé un centre régional de santé à Tours, qui n’est pas la ville la plus sous-dotée de médecins.

Des hypothèses économiques irréalistes

La région Centre-Val de Loire avait pour objectif d’embaucher 300 médecins d’ici 2028, mais seulement 40 contrats ont été signés à ce jour. La Chambre régionale des comptes constate que le déploiement des centres régionaux de santé est plus lent que prévu, ce qui en partie explique la difficulté de recrutement des professionnels de santé. Les médecins souhaitent en effet exercer à proximité des villes et moins en zones rurales. Par ailleurs, le modèle économique sur lequel reposait ce projet était fondé sur une base de 1 000 patients par médecin traitant, mais la tendance actuelle est plutôt de 600 patients par médecin généraliste. Cela correspond à la patientèle réellement accueillie dans les centres de santé, qui compte de nombreuses personnes âgées, atteintes de polypathologies ou de pathologies lourdes. Conséquence financière de ces hypothèses irréalistes : la région devra faire face à un déficit structurel au moins jusqu’en 2025.

Attractivité du territoire

La politique de la région en matière d’embauche de médecins suscite également des interrogations quant à l’attractivité du territoire. En effet, plus de 80 % des médecins recrutés par le GIP Pro santé exerçaient précédemment dans un des six départements de la région Centre-Val de Loire en tant que libéraux. La Chambre régionale des comptes souligne que ce constat témoigne des limites de l’action du GIP visant à attirer des praticiens en dehors de la région. Les leviers d’action du GIP pour accroître l’attractivité du territoire restent limités.

Une politique assumée malgré les critiques

Malgré ces critiques, le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, maintient son « objectif ambitieux » d’embaucher 300 médecins d’ici 2028. Il assume le déficit financier de cette politique et estime que c’est de l’argent public bien investi dans la santé. Il se veut précurseur et souligne que d’autres régions, comme l’Occitanie et l’Auvergne-Rhône-Alpes, ont également engagé la même politique. François Bonneau estime que cette politique est indispensable pour faire face à une situation devenue « absolument intenable » sans une telle initiative. Il reconnaît toutefois que la mise en place de ces centres régionaux de santé est difficile et que le recrutement des médecins reste une tâche ardue. Malgré cela, il reste déterminé à maintenir le cap et à tout faire pour y parvenir.

« Si c’était simple, d’autres l’auraient fait avant nous, ironise François Bonneau. La réalité, c’est qu’il y a une montée en puissance progressive de nos centres de santé, et qu’il y a de jeunes médecins qui sont intéressés par l’exercice salarié plutôt que par une installation classique et il en est de même pour un certain nombre de médecins libéraux déjà en activité, mais qui en ont marre de la paperasse. Bien sûr que c’est une tâche ardue que de recruter ces médecins, bien sûr que notre objectif est ambitieux. Mais nous le maintenons, et nous ferons tout pour y parvenir. » François Bonneau pour FranceBleu

En conclusion, la politique de la région Centre-Val de Loire en matière d’embauche de médecins est critiquée par la Chambre régionale des comptes pour des incertitudes juridiques, un manque de transparence, des hypothèses économiques irréalistes et une attractivité du territoire insuffisante. Toutefois, le président de la région maintient son ambition d’embaucher 300 médecins d’ici 2028, considérant cette politique comme indispensable pour faire face à une situation sanitaire devenue intenable.

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