Philip Morris a commercialisé des filtres défectueux pendant 40 ans

Selon une étude scientifique, Philip Morris a sciemment commercialisé pendant 40 ans des cigarettes dont les filtres étaient défectueux. Ce défaut est associé au relargage des fibres du filtre et de particules carbonées. Les résultats de cette étude viennent d'être publiés dans la revue spécialisée Tobacco Control.

Cette enquête rigoureuse a été menée par des membres du Roswell Park Center Institute de Buffalo. Les auteurs ont interrogé des bases de données médicales et scientifiques, des dépôts de brevets et des documents de l'industrie du tabac qui ont pu être rendus public à l'occasion de procès.

Le docteur John Pauly et ses collaborateurs se sont spécialement intéressés à 61 documents de Philip Morris, leader mondial de la fabrication de cigarettes. Ces documents faisaient allusion au terme anglais de "fall-out" (retombées) que le fabricant décrit lui-même comme les particules du filtre et les particules carbonées libérées lorsque la cigarette se consume. D'après l'analyse de Pauly, la vitesse du procédé de fabrication (250 cigarettes par seconde) est principalement en cause.

Plusieurs mémos de la compagnie reprennent les résultats des tests réalisés pour compter ces retombées. Un mémo de 1961 faisait déjà état de ces "retombées de filtre". Pauly et ses confrères ont pu identifier des tests comparatifs sur plus de 130 types de cigarettes, dont certaines très connues, et dans lesquels des retombées étaient décrites.

La taille des particules générées variait de 5 à 120 micromètres et une étude les décrit comme trop nombreuses pour les dénombrer avec précision.

Ces résultats sur les retombées ont été diffusés en interne aux scientifiques qui officiaient chez Philip Morris et aux cadres dirigeants mais aucun document ne permet d'affirmer qu'ils ont été communiqués au public. De plus, rien n'indique que le problème ait été résolu ou même tenté d'être résolu.

Dans leur conclusion, Pauly et ses confrères insistent sur plusieurs points essentiels à leurs yeux. Tout d'abord, les filtres des cigarettes actuelles sont toujours défectueux, ce défaut a été confirmé par des études indépendantes et Philip Morris en était informé depuis 40 ans. Il serait néanmoins possible de corriger ce défaut. Mais un élément essentiel reste la non divulgation de ces résultats aux consommateurs et aux institutions de santé.

Source : Tobacco Control 2002;11(Supl I):i51-i61

SR

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