Evaluation de l'intérêt du dépistage de l'infection à cytomégalovirus (CMV) chez la femme enceinte

Une infection récente à CMV chez la femme enceinte peut résulter d'une primo-infection ou d'une infection secondaire (réinfection ou réactivation virale). L'infection fœtale n'est pas systématique ; le nouveau-né peut être symptomatique ou non et présenter ou non des séquelles neurologiques. Des séquelles sensorielles (visuelles et auditives) peuvent apparaître des mois ou des années après la naissance.

Cette évaluation a été menée à partir de l'analyse critique de la littérature réalisée par l'Institut de santé publique d'épidémiologie et de développement (Université Bordeaux II) puis soumise à l'avis des membres d'un groupe de travail et d'un groupe de lecture. Elle met en exergue les points suivants :

La fréquence et la gravité de l'infection fœtale, notamment suite à une infection maternelle secondaire, sont mal documentées et l'ampleur des complications à long terme est mal connue ;

Il n'existe pas de traitement préventif ou curatif de l'infection à CMV et la seule intervention pour diminuer l'incidence des complications graves chez l'enfant est, en 2004, l'interruption médicale de grossesse (IMG). La prise en charge en cas d'infection maternelle récente n'est pas consensuelle et l'estimation du pronostic de l'infection fœtale est difficile ;

En prévention, des mesures d'hygiène sont recommandées par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique (CSHP) mais l'évaluation de leur faisabilité et de leur efficacité n'a pas été publiée.

En conséquence, cette étude conclut que :

Le dépistage sérologique systématique de l'infection à CMV pendant la grossesse n'est pas justifié en 2004.

Un dépistage en préconceptionnel ou ciblé sur une population à risque ne semble pas pertinent (dimension large de la population, incertitudes sur les infections secondaires).

Dans tous les cas, l'information concernant des mesures d'hygiène universelles doit être donnée aux femmes enceintes (cf. rapport Anaes « Information aux femmes enceintes » en cours d'élaboration) et, si un dépistage sérologique a été réalisé, un diagnostic de séroconversion chez la femme enceinte doit conduire à une prise en charge spécialisée par un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal.

Ces conclusions devront être revues dès que seront disponibles une thérapeutique antivirale efficace ou des marqueurs pronostiques valides et fiables de l'atteinte fœtale.

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Descripteur MESH : Infection , Hygiène , Diagnostic , Population , Grossesse , Femmes enceintes , Femmes , Épidémiologie , Enfant , Incidence , Diagnostic prénatal , Lecture , Littérature , Membres , Conseil , Pronostic , Risque , Santé , Santé publique , Thérapeutique , Travail

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