Médecine : le malaise commence dès le premier cycle d'études.

Médecine : le malaise commence dès le premier cycle d’études. Selon une méta analyse publiée dans le numéro spécial du 6 décembre dernier du JAMA consacré aux études de médecine et concernant pas moins de 129 000 étudiants  répartis dans 47 pays différents, la prévalence globale de la dépression ou de symptômes dépressifs est de 27,2 % alors que la prévalence globale d'idéation suicidaire est de 11,1%. Seuls 16% des étudiants dépressifs bénéficiaient d'un suivi psychiatrique.

Des études récentes ont déjà suggéré que les étudiants en médecine souffraient de troubles dépressifs et d'idéation suicidaire, cependant les niveaux de prévalence variaient de façon significative d'une étude à l'autre. Or la fiabilité des estimations de prévalence globale conditionne la politique de prévention, les traitements et l'identification des causes de détresse émotionnelle. Ces résultats prennent d'autant plus d'importance que des travaux récents ont déjà mis en lumière une forte prévalence (28.8%) de la dépression chez les médecins.

Pour obtenir ces résultats, Douglas A. Mata et son équipe de chercheurs ont procédé à une revue systématique et à une méta analyse des études publiées sur la dépression, les symptômes dépressifs et l'idéation suicidaire chez les étudiants en médecine de premier cycle. Au final, 195 études ont pu être incluses dans l'analyse.

Concernant les symptômes dépressifs, les données de prévalence ont été extraites de 167 études transversales et de 16 études longitudinales provenant de 43 pays. La prévalence brute globale de la dépression ou des symptômes dépressifs était de 27,2% (37 933/122 356 individus). Les données brutes étaient comprises entre 9 et 56 % de prévalence selon les études et les méthodes d'évaluation. La prévalence des symptômes dépressifs est demeurée relativement stable au cours de la période étudiée (1982-2015).

Dans les 9 études longitudinales qui ont évalué les symptômes dépressifs avant et pendant les études de médecine, l'augmentation absolue médiane des symptômes était de 14%. Les estimations de la prévalence ne différaient pas de façon significative selon que les étudiants suivaient un cursus préclinique (23.7%) ou clinique (22.4%).

Le pourcentage d'étudiants en médecine souffrant de dépression et suivant un traitement psychiatrique était de 16% (110/954 personnes).

Les données sur la prévalence de l'idéation suicidaire ont été extraites de 24 études transversales (n = 21 002) provenant de 15 pays. La prévalence brute globale de l'idéation suicidaire était de 11% (2 043/21 002 individus). Les estimations initiales variaient selon les méthodes d'évaluation de 7% à 24%.

Pour les auteurs, les résultats obtenus montrent non seulement que la dépression est un problème affectant tous les niveaux de formation médicale mais ils suggèrent également que les symptômes dépressifs et suicidaires des étudiants en médecine peuvent nuire à la santé à long terme des médecins ainsi qu'à la qualité des soins dispensés aux patients.

Ils ajoutent que ces symptômes s'expliquent probablement par le stress et l'anxiété lié à la compétition du cursus médical. La restructuration des programmes et l'évaluation des élèves pourraient atténuer ces tensions.
D'autres études devront être menées. Le lien entre la dépression étudiante et celle de la vie active, les obstacles aux soins de santé mentale et l'identification des meilleures stratégies de prévention et de traitement de ces troubles sont autant de sujets qu'il devient urgent d'explorer.

http://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2589340

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