Prévention du #COVID19 : faut-il porter un masque dans la rue ?

Prévention du #COVID19 : faut-il porter un masque dans la rue ? Alors qu’en France le port de masque n’est pas indiqué en population générale, des scientifiques de renom expliquent qu’il s’agit d’une grosse erreur de prévention face aux risques de transmission du coronavirus.

« Ne pas porter de masque est une grosse erreur » selon Georges GAO

Georges Gao dirige une agence de plus de 2000 employés du centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, l'équivalent du CDC américain. Si par sa fonction, il a été au cœur des décisions de politique de santé mises en œuvre par la Chine face à l’épidémie de Covid-19, il est également un immunologiste très impliqué dans la recherche médicale. Il fait partie de l’équipe à avoir isolé et séquencé en premier le génome du coronavirus SARS-CoV-2. Il a aussi participé à la publication de 2 études sur le sujet dans le NEJM et de trois autres dans The Lancet.

Il ne s’exprime que rarement dans les médias, encore moins dans les médias étrangers. Il a finalement donné une interview au magazine Science dont l’entretien a été traduit par Le Monde.

Pour lui 5 enseignements peuvent être tirés de l’expérience chinoise :
- La distanciation sociale est « fondamentale »
- Isoler tous les malades
- Mettre en quarantaine les cas contacts
- Interdire les rassemblements
- Restreindre les déplacements

Au cours de cet entretien, il a expliqué que vouloir se protéger du coronavirus SARS-COV-2 sans porter de masque est probablement une grosse erreur dans la politique de prévention mise en place aux États-Unis et aussi en Europe.

«La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires, de personne à personne. Les gouttelettes jouent un rôle très important, d’où la nécessité du masque — le simple fait de parler peut transmettre le virus. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres. »

Le biologiste américain Sui Huang milite pour le port de masques faciaux en population générale, y compris ceux «faits-maison»

En ce qui concerne le port de masque en population générale, le Pr Sui Huang est sur la même longueur d’onde que Georges Gao. Sui Huang est docteur en médecine et docteur en biologie moléculaire. Il a enseigné la biocomplexité en tant que discipline de recherche à l’université de Calgary et à la faculté de médecine de Harvard.

Dans le magazine Medium, il explique pourquoi tout le monde devrait porter un masque facial dans la rue, même ceux faits maison en tissu.

« Aux États-Unis (et dans d’autres pays occidentaux), la recommandation officielle selon laquelle le public ne devrait pas porter de masques de protection ne s’explique qu’en raison de leur pénurie et de l’impérieuse nécessité de les réserver aux professionnels de santé. »

À sa connaissance aucune publication scientifique ne permet d’affirmer qu’il est inefficace au regard des risques de transmission du coronavirus que la population générale porte un masque.

« Au contraire, si l’objectif est d’“aplatir la courbe”, alors toute réduction supplémentaire, même partielle des chaines de contamination est la bienvenue. »

Pour lui, tous les masques, furent-ils chirurgicaux ou faits maison, peuvent avoir leur rôle à jouer dans la mesure où ils ne font pas peser de contraintes supplémentaires sur l’approvisionnement des professionnels de santé en moyen de protection.

Il explique que les dernières découvertes biologiques sur les portes d’entrée du SARS-Cov-2 dans les tissus humains et la balistique des éternuements/toux-gouttelettes suggèrent que le principal mécanisme de transmission repose sur les grosses gouttelettes et non pas sur les aérosols.

6 mètres : la distance parcourue par les gouttelettes en cas d’éternuement

En effet si la distance que peuvent parcourir les aérosols est limitée à 1,5 m, les grosses gouttelettes peuvent aller beaucoup plus loin. Projetées à une vitesse de 50 mètres par seconde en cas d’éternuements, elles peuvent alors atteindre une distance de 6 mètres, ce qui rend la distanciation sociale de 1 ou 2 mètres insuffisante dans ce cas. Sauf si vous portez un masque.

En cas de toux, la vitesse de projection des grosses gouttelettes est de 10 mètres par seconde et elles peuvent parcourir jusqu’à 2 mètres de distance.

Prévention du #COVID19 : faut-il porter un masque dans la rue ?
Crédit : Pr Huang

Pour le Pr Sui Huang, ces données justifient pleinement l’usage de masques dans la population générale. 

Il rappelle à ce titre que les masques faits maison filtrent également une part non négligeable des aérosols et a fortiori des grosses gouttelettes.

Dans une simulation expérimentale menée en 2008 aux Pays-Bas, une équipe de scientifiques menée par Van der Sande, a comparé les capacités de trois masques différents (faits maison, chirurgicaux et FFP2) à arrêter les petits aérosols de l’ordre de 0,2 à 1 µm.

Si les masques FFP2 ont filtré 99 % des aérosols projetés, les masques chirurgicaux en ont retenu 75 % et les masques en tissu 67 %. 67 %, c’est un score loin d’être négligeable d’autant plus que la charge virale nécessaire à la réplication du coronavirus n’est pas encore connue à ce stade.

Prévention du #COVID19 : faut-il porter un masque dans la rue ?

Pour le Pr Huang, il est plausible que les différences constatées entre les différents types de masques soient encore moins marquées en ce qui concerne les grosses gouttelettes.

Notons également que les masques chirurgicaux ne retiennent finalement que 50 % des aérosols expulsés par la toux selon cette étude. 

En France, les recommandations officielles ne sont guère nuancées.

« Totalement inutile pour toute personne non contaminée »

C’est ainsi que Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a qualifié le port de masque dans la rue, le 18 mars lors de son point de situation quotidien. Pour lui « seuls le personnel soignant, et les malades dans leur chambre ont besoin de porter un masque ».

En France, pour la population générale le port de masque est indiqué dans les seuls cas où :

  • vous toussez ou vous éternuez pour ne pas contaminer les autres. 
  • vous vous occupez d’une personne présumée infectée par le coronavirus pour vous protéger

Pour l’OMS, un faux sentiment de sécurité

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, le plus important est de se laver les mains, d’éviter de se toucher le visage et de garder ses distances

L’OMS met en garde contre les risques liés à une mauvaise utilisation du masque, car la pose d’un masque de protection respiratoire ne s’improvise pas. Ses règles d’utilisation et d’élimination sont strictes :
– se laver les mains avant,
– l’installer sur le visage de façon hermétique, en couvrant le nez, le menton et la bouche
– Le masque est manipulé seulement pour la pose et le retrait. Il ne doit plus être touché une fois positionné et à défaut, il faut immédiatement se laver les mains

 « Les gens sont tout le temps en train de manipuler leur masque… et c’est potentiellement en le manipulant qu’on se contamine, puisque par hasard si on a croisé le virus, il y a du virus sur le masque », Jérôme Salomon.

Si à Wuhan en Chine, le port du masque est obligatoire sous peine d’amende, en France le port du masque est potentiellement dangereux. « Peut-on parler aux Français en adultes ? »

Sur le sujet : #COVID19 : L’académie de Médecine propose de rendre obligatoire le port de masques antiprojection « alternatifs » pour le public

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