Mortalité en 2023 : net recul global mais vigilance sur les pathologies chroniques

Mortalité en 2023 : net recul global mais vigilance sur les pathologies chroniques La mortalité standardisée a chuté en 2023 en France, retombant sous le niveau de 2019. Cette tendance, tirée par le recul marqué des décès liés à la Covid-19 et à certaines pathologies chroniques, contraste avec la persistance d'excès de décès dans d'autres domaines, selon une analyse conjointe de Santé publique France, de l'Inserm-CépiDc et de la Drees publiée dans le BEH du 8 juillet 2025.

Un niveau de mortalité historiquement bas en 2023

Avec 637 82 décès recensés en 2023, la France a enregistré un taux de mortalité standardisé de 828,3 pour 100 000 habitants. Ce chiffre marque une baisse significative de 59,3 décès par rapport à 2022, retrouvant ainsi un niveau inférieur à celui de 2019. L’espérance de vie atteint un record avec 79,9 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes.

Cette amélioration touche toutes les classes d'âge et régions, bien que la surmortalité masculine persiste (1 28,2 pour les hommes contre 628,5 pour les femmes). Près de la moitié des décès (46,1 %) concernent les 85 ans et plus, alors que 14,9 % surviennent avant 65 ans.

Mortalité en 2023 : net recul global mais vigilance sur les pathologies chroniques
Source : BEH

 

La Covid-19 devient une cause secondaire de décès

Responsable de 14 222 décès en 2023, la Covid-19 passe de la cinquième à la neuvième place des causes de décès. Le taux standardisé chute à 18,5, soit une baisse de 36,3 décès pour 100 000 habitants par rapport à 2022. Les personnes âgées restent les plus touchées, avec 62,9 % des décès chez les 85 ans et plus.

Les tumeurs et maladies cardiovasculaires toujours en tête

Les tumeurs demeurent la première cause de décès (27 %, soit 171 870 cas), suivies des maladies de l’appareil circulatoire (21,4 %, 136 239 cas). La mortalité pour ces deux groupes de pathologies poursuit sa baisse entamée avant la pandémie, bien qu’elle reste supérieure aux projections attendues.

Les tumeurs malignes du poumon, en particulier chez les femmes, et celles du pancréas, continuent de progresser. En revanche, les tumeurs colorectales et du sein, comme les maladies cérébrovasculaires, suivent une tendance favorable.

Les causes externes et maladies chroniques encore au-dessus des attentes

Certaines causes de décès présentent des taux supérieurs aux tendances de 2015-2019. C’est le cas des maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques, digestives, génito-urinaires, ainsi que des causes externes (chutes, accidents, suicides). Les chutes accidentelles, notamment chez les plus de 85 ans, poursuivent leur hausse.

Les maladies de l’appareil respiratoire, hors Covid-19, reprennent leur niveau pré-pandémique avec 47 48 décès (7,4 % du total), portées par les pneumonies et les maladies chroniques des voies respiratoires.

Des enfants aussi concernés par des décès précoces

Chez les enfants de moins de 1 an, la mortalité est dominée par les affections périnatales (52,3 %) et les malformations congénitales (19,4 %). Les causes externes représentent la principale cause de décès chez les 1-14 ans (29,7 %), devant les tumeurs (16,6 %).

Autres tendances marquantes

Le recul des décès dus aux démences, et en particulier à la maladie d'Alzheimer, est notable depuis 2020. Cette baisse se poursuit en 2023, surtout chez les plus de 65 ans, et pourrait refléter un effet moisson ou des modifications dans les pratiques diagnostiques. La mortalité liée aux maladies neurodégénératives reste cependant élevée chez les plus de 85 ans, avec une prévalence marquée de Parkinson et d'Alzheimer.

Les maladies digestives présentent une baisse inégale : si les décès diminuent chez les moins de 65 ans, ils restent élevés chez les plus âgés. Les maladies endocriniennes et génito-urinaires se maintiennent au-dessus des niveaux attendus, sauf chez les hommes, pour qui une stabilisation est notée.

Les causes externes, notamment les noyades et accidents, connaissent un pic saisonnier entre avril et septembre chez les moins de 65 ans. En revanche, les suicides sont en légère baisse sans profil saisonnier particulier. Trois quarts des suicides concernent des hommes, et les deux tiers surviennent avant 65 ans, confirmant un enjeu de santé publique chez les adultes actifs.

Une reprise incomplète des tendances pré-Covid

Malgré les progrès de 2023, les projections montrent que le pays n'a pas retrouvé la trajectoire de baisse qui était observée entre 2015 et 2019. Les taux observés aujourd’hui sont similaires à ceux que l’on aurait attendus en 2020, laissant entrevoir un retard de trois ans.

Selon les auteurs, cette situation reflète des phénomènes multiples, dont une possible "effet moisson" post-Covid et des adaptations sanitaires incomplètes face à des pathologies chroniques toujours prégnantes.

Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), n°13, 8 juillet 2025

 

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