La pollution de l’air aux particules fines augmenterait la mortalité due à la covid-19

La pollution de l’air aux particules fines augmenterait la mortalité due à la covid-19 Des chercheurs du CNRS et de l’INSERM ont établi une corrélation quasi linéaire entre pollution aux particules fines et mortalité liée à la covid-19. Publiée dans la revue « Science of the Total Environment », cette étude lance un nouveau pavé dans la marre de l’inaction du gouvernement en matière de gestion de la qualité de l’air.

On sait peut-être enfin pourquoi en France, les grandes agglomérations de l’ouest ont été relativement épargnées par les décès liés aux formes graves de la Covid-19 comparativement à des villes comme Paris ou Milan. Selon Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS et co-responsable de l’étude interrogé par Le Monde  « ce sont les villes les plus polluées qui ont connu les taux de mortalité les plus élevés ». Ainsi des villes comme Bordeaux ou Brest auraient été relativement protégées grâce à l’influence océanique et aux vents d’ouest qui réduisent le niveau d’exposition de leur habitant à la pollution aux particules fines.

Si le lien entre pollution atmosphérique et pic de mortalité liée à la Covid-19 a été déjà été observé, c’est la première fois qu’une étude quantifie avec autant de précision la corrélation entre les deux phénomènes.

L’étude qui porte sur 31 villes et régions de France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas et Royaume-Uni pour la période 2020-2022 révèle que la mortalité pour cause de Covid-19 est une fonction quasi linéaire du niveau d’exposition aux particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5).

Ainsi les chercheurs ont pu établir que les décès covid sont multipliés par un facteur de plus de 5 lorsque la pollution au PM2,5 augmente à un niveau de 45 microgrammes par mètre cube. Sur l’ensemble de la période étudiée ils ont pu calculer que les décès augmentent de 10% pour chaque microgramme supplémentaire de PM2,5.

Cette augmentation était de 20 % au début de l’épidémie en 2020, puis de 10 % lorsque les gouvernements européens ont mis en place les différentes mesures de restriction sanitaire avant de chuter à 5 % avec la vaccination.

Bien que les conditions initiales puissent différer d’un pays à l’autre, la tendance était similaire pour l’ensemble des pays étudiés.

« L’analyse montre un phénomène accru de mortalité environ une semaine après l’apparition d’un fort pic de pollution, qui décroît une fois le pic de pollution passé, sur toutes les villes étudiées en Europe de l’ouest. » explique Jean-Baptiste Renard.

Si d’autres études sont nécessaires pour détailler les mécanismes biologiques qui seraient à l’œuvre derrière cette corrélation, l’épidémiologiste Antoine Flahault avance une hypothèse pour le Monde : « les particules fines altéreraient les cellules de l’épithélium de l’arbre respiratoire et du tissu pulmonaire, facilitant la transmission des virus respiratoires comme ceux du Covid-19 ou de la grippe, et favorisant les formes graves et les complications de la maladie, donc les hospitalisations et les décès».

L’association Respire se mobilise pour limiter les effets de la prochaine “tempête épidémique”

RESPIRE, Association Nationale pour l’Amélioration de la Qualité de l’Air et la Défense des Victimes de la Pollution est la principale association nationale de lutte contre la pollution de l’air. Elle n’a pas tardé à réagir face aux résultats de cette étude.

« Lorsque la pollution de l’air est mauvaise, la mortalité liée au Covid-19 semble donc se rajouter aux conséquences sanitaires habituelles liées à l’exposition aux particules fines (maladies respiratoires, crises cardiaques, AVC, etc.). La population est donc surexposée en cas de pic épidémique. 

Pourtant, le gouvernement n’a toujours pas déployé de politiques publiques ambitieuses pour améliorer la qualité de l’air en France, malgré sa double condamnation par le Conseil d’État en 2021 et la Cour de justice de l’Union européenne en 2019.

“Il faut réformer complètement la procédure de gestion des pics de pollution en France pour adopter des mesures automatiques et contraignantes qui protègent la santé de la population.” alerte Tony Renucci, directeur général de Respire.

À quelques mois de l’hiver et de la recrudescence des virus hivernaux, et alors même que François Braun, ministre de la Santé, annonce aujourd’hui même une 8e vague de Covid-19 à l’automne, il est urgent d’agir.

 

Crédit photo : DepositPhotos

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1 réaction(s) à l'article La pollution de l’air aux particules fines augmenterait la mortalité due à la covid-19

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    Jules-Emile CLODION| 25/08/2022- REPONDRE

    Ces jours-ci on voit beaucoup de suppositions mais jamais le développement et la conclusion

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