Importance de l’euthanasie médicale en Flandres

Une étude parue dans le Lancet montre que les décisions de mettre un terme à la vie sont relativement fréquentes dans la pratique médicale en Flandres, avec un taux important d’administration de substances létales sans demande explicite de la part du patient.

Le principal objectif de cette étude visait à évaluer en Flandres (Belgique) la fréquence de la pratique euthanasique (administration d’une substance létale avec l’intention explicite de raccourcir la vie du patient à la demande explicite de celui-ci), du suicide assisté par un médecin (SAM) ou d’autres pratiques visant à mettre un terme à la vie.

Près de 4000 décès ont été sélectionnés au hasard à partir de tous les décès enregistrés entre le 1 janvier et le 30 avril 1998. Les médecins ayant signé le certificat de décès ont reçu un questionnaire.

En tout, 52 % des médecins ont répondu et 1925 décès ont été décrits. Les résultats ont été corrigés afin de prendre en compte le biais apporté par les non-réponses, et ils ont été extrapolés afin d’estimer le taux annuel.

Selon les estimations, 705 décès (1,3 %) résulteraient d’une euthanasie ou d’un SAM. Dans 1796 cas (3,2 %), une substance létale aurait été administrée sans demande explicite de la part du patient. L’allégement des douleurs et symptômes avec des opioïdes dont la dose avait un effet potentiel dans le raccourcissement de la vie concernerait 10.416 cas (18,5 %) et des décisions de non-traitement concerneraient 9218 cas (16,4 %). Dans ce dernier cas, pour 3261 décès (5,8 %), il y aurait intention explicite de mettre fin à la vie du patient.

Pour le Dr L. Deliens, les décisions de mettre fin à la vie sont proéminentes dans la pratique médicale en Flandres. La fréquence de décès dus à une telle décision est similaire à celle trouvée en Hollande, ou une étude identique fut réalisée mais elle est plus faible qu’en Australie.

Toutefois, le taux d’administration de substances létales au patient sans leur demande explicite est identique à celle retrouvée en Australie et significativement plus importante qu’aux Pays-Bas.

Les auteurs interprètent ces différence entre ces trois pays par une différence de culture, d’attitude du patient, des médecins et de l’organisation des soins. Néanmoins, les auteurs se demandent pourquoi en Flandres, les médecins décident de mettre un terme à la vie du patient sans son consentement. Ceci s’explique peut-être parce qu’on accorde moins d’attention aux exigences d’une pratique attentionnée visant à mettre un terme à la vie, dans une société ayant une approche plus restrictive que dans celle ayant une approche ouverte, tolérante et régulatrice.

Source : Lancet 2000 ; 356 : 1806-1811

Descripteur MESH : Vie , Médecins , Australie , Belgique , Euthanasie , Intention , Soins , Suicide , Suicide assisté

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