Cherbourg et Alençon : deux hôpitaux normands « en difficulté financière très forte »

En 2024, un tiers des hôpitaux publics de Normandie affichent un déficit pour un impact agrégé estimé à 80 millions d’euros. À Cherbourg et à Alençon, la tension budgétaire illustre les fragilités d’un maillage hospitalier soumis à des charges durables et à des écarts d’attractivité entre territoires.

Des disparités qui s’accentuent entre territoires

Le centre hospitalier public du Cotentin (Cherbourg) cumule un déficit structurel estimé à 25 millions d’euros en 2024, contre 10 millions cinq ans plus tôt [1]. Le centre hospitalier d’Alençon, en attente d’un déménagement, figure parmi les sites les plus endettés de la région [2]. À l’inverse, les pôles universitaires de Caen et Rouen attirent une patientèle plus large, ce qui stabilise leurs comptes.

Lors d’un bilan de rentrée le 23 septembre 2025, François Mengin-Lecreulx, directeur général de l’ARS Normandie, a indiqué : « Aucun établissement se trouve dans une situation d’impasse » tout en reconnaissant des disparités notables, avec des signaux préoccupants à Flers et Évreux et une dégradation récente à Lisieux et Argentan [3][4].

La mobilité des patients vers des hôpitaux perçus comme plus accessibles ou mieux équipés réduit les recettes issues des actes dans les établissements périphériques, dans un contexte de tarification à l’activité [5].

Les facteurs structurels derrière les déficits

L’augmentation de la masse salariale post-Covid, partiellement compensée au niveau national, alourdit durablement les charges [6]. En 2024, plus d’un tiers des centres hospitaliers normands sont déficitaires, pour un endettement régional agrégé de l’ordre de 80 millions d’euros [7].

Pour passer les caps de trésorerie, des directions ont recouru à des reports de paiements fournisseurs ou de charges sociales, pratiques déconseillées par l’ARS en Normandie [8]. En parallèle, des leviers sont activés : consultations solidaires dans les zones sous-dotées, avec une quarantaine de médecins engagés [9], et cinq projets d’extension ou d’ouverture soutenus par des financements régionaux [10].

« Il est normal que le pays anticipe les conséquences de ce qui se passe. » — Catherine Vautrin, ministre de la Santé, août 2025 [11]

Un contexte de vulnérabilités additionnelles

Des cyberattaques récentes ont visé des données administratives d’hôpitaux dans plusieurs régions, dont la Normandie, ajoutant des coûts et des priorités de sécurisation pour des établissements déjà sous tension [12].

Pour un panorama national des arbitrages budgétaires et de leurs effets sur l’hôpital, lire l’analyse de Caducee.net sur le projet de budget 2026.

Références

1. actu.fr — Deux hôpitaux de Normandie en grandes difficultés financières
2. Ouest-France — Déficits, urgences, médecins solidaires : le point en Normandie
3. actu.fr — Déclaration ARS « aucun établissement… »
4. actu.fr — 80 millions d’euros de déficit en 2024 en Normandie
5. actu.fr — Mobilité des patients et T2A
6. actu.fr — Masse salariale post-Covid
7. Hospimedia — Un tiers des hôpitaux normands déficitaires
8. actu.fr — Avertissements ARS sur les reports
9. Ouest-France — Consultations solidaires
10. Ouest-France — Projets d’extension et d’ouverture
11. Le Figaro — Déclaration de Catherine Vautrin
12. TF1 Info — Cyberattaques et vols de données