Mayenne : 1 800 manifestants pour défendre l’hôpital public et les urgences de nuit

Mayenne : 1 800 manifestants pour défendre l’hôpital public et les urgences de nuit Samedi 13 décembre 2025, environ 1 800 personnes ont défilé dans le centre-ville de Mayenne à l’appel de l’association d’usagers Audace 53 et du syndicat Force ouvrière (FO) Santé. Habitants, soignants et élus ont demandé le maintien d’un service d’urgences hospitalières ouvert toute la nuit dans le département, alors que l’hôpital du Nord-Mayenne ferme désormais son accueil à 23 h 30.[1]

Une mobilisation inédite autour de l’hôpital du Nord-Mayenne

Rassemblés en fin de matinée sur les quais, les manifestants ont emprunté les rues étroites du centre-ville jusqu’à la mairie de Mayenne, derrière les banderoles d’Audace 53 et de FO Santé.[1] Pour de nombreux habitants présents, la fermeture nocturne des urgences nourrit un sentiment d’abandon. « On se sent presque abandonnés », confie ainsi Bernard, ancien infirmier en psychiatrie, qui réclame un fonctionnement permanent du service comme auparavant.[1]

Le cortège a mêlé des profils très divers : familles venues témoigner de prises en charge vitales réalisées à Mayenne, retraités attachés à leur hôpital de proximité, personnels hospitaliers en blouse blanche. Certains arboraient des pancartes rappelant le rôle des urgences dans les prises en charge graves, d’autres dénonçaient la disparition progressive des médecins dans le nord du département.[1][2]

En fin de parcours, les représentants d’Audace 53 ont déposé en sous-préfecture une pétition réclamant des moyens humains et matériels pour les centres hospitaliers du territoire. Selon le collectif, 7 500 personnes l’ont signée avant la marche, après plusieurs semaines de mobilisation dans les communes alentour.[1][3]

Des équipes sous tension et un accès aux soins fragilisé

Sur le terrain, les professionnels de l’hôpital du Nord-Mayenne décrivent des conditions d’exercice dégradées. Infirmière aux urgences, Céline explique devoir réorienter les patients vers le 17 lorsque le service est fermé et résume le malaise des équipes : « Nous avons fait ce métier pour la population, pas pour devoir fermer, dire aux patients qu'on ne peut pas les accueillir parce qu'il n'y a pas de médecins ».[1] Plusieurs soignants évoquent un climat psychologiquement éprouvant, malgré la solidarité entre collègues.

Côté organisation médicale, le collectif Audace 53 estime que le service fonctionne aujourd’hui avec « autour de cinq ou six médecins urgentistes », alors qu’« il en faudrait une quinzaine » pour assurer une couverture 24 h/24, 7 j/7 sur l’ensemble du bassin de vie.[1][2] Les renforts d’intérim restent insuffisants, tout en pesant sur les finances de l’établissement. Pour Pascal Grandet, président d’Audace 53, « quand il y a volonté, il y a solution » : il appelle l’État et l’Agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire à apporter des réponses rapides et durables.[1][3]

Les manifestants demandent non seulement le retour à une ouverture nocturne des urgences à Mayenne, mais aussi des garanties pour l’ensemble des hôpitaux du département. Ils redoutent une dégradation progressive de l’accès aux soins non programmés, dans un territoire déjà marqué par les déserts médicaux et par des temps de trajet importants vers les structures de recours.[2][4]

Un écho local à la crise nationale des urgences

La situation mayennaise s’inscrit dans un mouvement plus large de tensions sur les services d’urgences. Au niveau national, une enquête menée auprès des services d’urgences hospitaliers montre que, durant l’été 2024, 61 % des structures ont dû fermer au moins une ligne médicale, et 51 % des SMUR ont connu des fermetures partielles.[4] Ces restrictions concernent particulièrement les territoires ruraux où la démographie médicale est déjà défavorable.[5]

La Fédération hospitalière de France (FHF) a, de son côté, appelé début 2025 à revoir en profondeur les schémas locaux de permanence des soins, dénonçant une charge disproportionnée supportée par les établissements publics dans la prise en charge des urgences et des soins non programmés.[6] À Mayenne, les collectifs d’usagers et les syndicats espèrent que la forte mobilisation du 13 décembre pèsera dans les arbitrages à venir sur l’organisation des urgences et la répartition des moyens.

Dans ce contexte, le cas du Nord-Mayenne illustre les dilemmes auxquels sont confrontés de nombreux hôpitaux de proximité : concilier sécurité des prises en charge, contraintes de recrutement médical et maintien d’un accès aux urgences dans des territoires à faible densité médicale. La suite dépendra des engagements pris par l’ARS et par l’État en réponse aux revendications portées par la population et les soignants.

Références

[1] France Bleu, Gwendolyne Langlois, « 1 800 manifestants défilent à Mayenne pour défendre l’hôpital public et les urgences », 14 décembre 2025.

[2] Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, « Mayenne : rassemblement le 13 décembre », 7 décembre 2025.

[3] Audace 53 / commune de Martigné-sur-Mayenne, « Communiqué Audace 53 – Accès aux soins pour tous et partout », 4 décembre 2025.

[4] Caducee.net, « Urgences en crise : un été 2024 révélateur des failles structurelles », 17 septembre 2024. Lien

[5] Caducee.net, « Déserts médicaux : 6 000 médecins généralistes font défaut aux campagnes françaises », 3 octobre 2022. Lien

[6] Caducee.net, « La FHF appelle à une révision urgente des schémas locaux de permanence des soins », 13 janvier 2025. Lien

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