Déserts médicaux : 6000 médecins généralistes font défaut aux campagnes françaises

Déserts médicaux : 6000 médecins généralistes font défaut aux campagnes françaises A l’occasion de son congrès annuel, l’Association des maires ruraux de France (AMDR) a dévoilé une enquête réalisée sous la houlette de d'Emmanuel Vigneron qui objective les difficultés d’accès aux soins dans les zones rurales.

Il en ressort notamment les points suivants :

  • Dans les bassins de vie (BV) ruraux, 1 médecin généraliste (MG) couvre en moyenne 30 km² contre 5 km² dans les BV urbains. Les MG sont donc 6 fois moins accessibles en zone rurale qu’en zone urbaine.
  • Pour atteindre l’objectif souhaitable d’un médecin généraliste pour 1000 habitants dans tous les BV ruraux, il faudrait que 6000 médecins généralistes s’installent
  • 31 % des BV urbains atteignent cet objectif contre 18 % des BV ruraux
  • À l’échelle des bassins de vie (BV), le rural c’est 30 % de la population mais seulement 25 % des médecins généralistes
  • 10 millions de Français vivent dans un territoire où l’accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne du pays
  • 6 millions d’entre eux résident à plus de 30 minutes d’un service d’urgence.

Déserts médicaux : 6000 médecins généralistes font défaut aux campagnes françaises

Une série d’études commanditées par l’AMRF en 2020 et 2021 a montré qu’entre l’aggravation des écarts d’espérance de vie, la moindre consommation de soins hospitaliers, le vieillissement des professionnels de santé ou encore la baisse de la densité médicale, les territoires ruraux apparaissent comme les plus touchés.

À partir de ce constat alarmant et de la nécessité de réorganiser le système de santé autour du renforcement des services publics et de la proximité médicale, l’AMRF continue de documenter la question des déserts médicaux afin de mieux porter des solutions pour l’établissement d’une égalité territoriale d’accès aux soins

Pour Dominique DHUMEAU, 1er vice-président de l’AMRF

« La question de l’accès aux soins est devenue une des premières préoccupations des habitants des territoires ruraux, tant la situation en matière de démographie médicale s’est dégradée ces dernières années. Cette dégradation cristallise le sentiment d’abandon de la ruralité, qui s’est notamment manifesté dans “les cahiers de doléances et de propositions” mis en place par l’AMRF fin 2018.

Mais malgré les alertes relayées par les élus et les nombreux drames, peu a été fait en matière d’accès aux soins, comme si la situation, documentée par des quantités de statistiques remisées au fond des armoires du ministère de la Santé, pouvait être oubliée au risque de fragiliser les fondements de l’égalité républicaine.

C’est face à cette urgence, et contre l’immobilisme de l’État depuis plus de 20 ans que l’AMRF a décidé d’agir. Pour aider les élus ruraux, il était essentiel de leur fournir de nouveaux arguments et apporter au débat public de nouvelles données pour se forger une opinion éclairée sur la réalité du désastre sanitaire français, et enfin agir à la mesure du défi. »

4 propositions concrètes présentées par 35 signataires

À l’initiative de l’AMRF qui, à l’image du rôle fédérateur du maire dans sa commune, a su fédérer des opérateurs aux positions parfois antagonistes, 35 organisations se sont réunies pour proposer des propositions, réalisables, concrètes et consensuelles pour améliorer l’accès aux soins.

Représentants des patients, citoyens sans médecins, infirmiers, urgentistes, hospitaliers, médecins, organisations interprofessionnelles, ambulanciers, pompiers, internes, médecins hospitaliers, kinésithérapeutes, étudiants en médecine, hôpitaux de proximité, centres de santé, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, biologistes, orthophonistes, mutuelles et élus, tous concentrés sur la défense de l’intérêt général, ont élaboré ensemble ces propositions, réalisables et consensuelles pour améliorer l’accès aux soins. Elles sont complémentaires des propositions de l’AMRF issue des travaux de la Commission Santé.

PROPOSITION N° 1

Donner les moyens aux étudiants en santé (médicaux, paramédicaux et pharmaciens) de faire des stages hors du lieu de formation initiale en développant les maîtres de stages universitaires dans toutes les professions médicales paramédicales et pharmaceutiques, les hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES) et les aides au transport afin de rendre obligatoire la diversification des lieux de stages.

PROPOSITION N° 2

Mettre en place et développer les ESCAP : équipes de soins coordonnées autour du patient. Ramener le patient au cœur du sujet, en permettant à n’importe quel professionnel de santé, présent aux côtés du patient, de déclencher une coordination au cœur d’un épisode de soin. Elles peuvent être favorisées par la télé expertise entre tous les professionnels de santé, et apportent des réponses à l’accès aux soins en permettant d’éviter des passages inutiles aux urgences. La coordination, justifiée et déclenchée par les seuls besoins de prise en charge du patient, doit être valorisée financièrement pour reconnaître une équipe de soins de proximité pertinente et réactive.

PROPOSITION N° 3

Pour une meilleure répartition des professionnels de santé, faciliter leur installation est fondamental. Dans ce sens, la création d’un guichet unique d’accompagnement qui centralise, à l’échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel — est nécessaire.

PROPOSITION N° 4

Développer de nouvelles manières de pratiquer susceptibles d’assurer à la population une prise en charge rapide et en proximité. Faciliter pour tous les professionnels de santé les exercices mixtes, ville hôpital, particulièrement en zone sous dotée. Développer le partage de compétences entre professionnels de santé.

 

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3 réaction(s) à l'article Déserts médicaux : 6000 médecins généralistes font défaut aux campagnes françaises

  • MyPassion

    badisomar mouleyslimane| 05/10/2022- REPONDRE

    Bonjour je suis médecin généraliste qui exerce depuis 30 années en Algérie
    Y a t il une possibilité de travailler en France
  • MyPassion

    Alain Duchemin| 06/10/2022- REPONDRE

    Et pendant ce temps là.. moi, j’ai toutes les peines du monde pour pouvoir donner un coup de main. Cherchez l’erreur..?
    Oups: J’ai oublié de signaler que je suis accessoirement #Médecin depuis 30 ans, y compris aux #urgences
    Quand #Coronavirus pointe les inepties Administratives!
  • MyPassion

    jacqueline pitot| 08/10/2022- REPONDRE

    Quand il y a 2 décennies le ministre de la sante disait que si la France manquait un jour de medecins, nous ferions appel a l'Europe..
    Donc que ce Mr trouve la solution promise! Pourquoi la France s'est-elle autant apauvrie de ses brillante institutions publiques??

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