Rayen Fakhfakh : un étudiant en médecine confronté à une OQTF

Rayen Fakhfakh : un étudiant en médecine confronté à une OQTF Rayen Fakhfakh, étudiant tunisien en cinquième année de médecine, a évité de justesse une expulsion après s’être opposé à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Sa situation, appuyée par un large élan de solidarité, illustre les obstacles rencontrés par les 6 % d’étudiants étrangers en médecine, pourtant indispensables dans un contexte de pénurie de médecins.

Un futur médecin face à une menace d’expulsion absurde

Arrivé en France à 12 ans depuis Sfax en Tunisie, Rayen obtient un baccalauréat scientifique mention bien à 16 ans. Externe à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), il excelle académiquement, s’engage comme trésorier du Tutorat santé Paris-Saclay pour aider ses pairs à réussir les concours PASS et LAS, et brille comme coach de basketball. Passionné de guitare, il participe à une association musicale et à des projets humanitaires, comme la construction d’une école au Togo, bien que bloqué par ses soucis administratifs[2]. « Je veux devenir chirurgien orthopédique et servir la France, ce pays qui m’a formé », déclare-t-il[2]. En mars 2025, après une garde exténuante, la préfecture de Seine-Saint-Denis lui notifie une OQTF, arguant qu’il « ne justifie d’aucune insertion professionnelle ni de perspective d’emploi » et manque d’attaches familiales, malgré ses deux frères en France. « J’ai fourni un dossier complet avec toutes les preuves de mon insertion. J’ai vraiment l’impression que mon dossier n’a pas été lu », s’indigne-t-il.

Une mobilisation massive et une issue judiciaire

La première réponse institutionnelle survient fin mars 2025, lorsque Rayen, avec l’appui de l’association « Réseau éducation sans frontières », engage un référé en suspension[2]. Lors d’une audience éprouvante, une juge suspend l’OQTF en quelques heures, accordant un titre de séjour provisoire jusqu’au 8 novembre 2025, permettant à Rayen de poursuivre ses stages . Elle qualifie la décision préfectorale de « superficielle et stéréotypée », soulignant l’absence de débat avec l’avocat de la préfecture, qui plaidait pour son départ[2]. Cependant, cette suspension ne garantit pas une solution définitive, laissant planer une incertitude jusqu’en juin.
 
C’est début juin 2025 que la situation bascule grâce à une mobilisation sans précédent sur les réseaux sociaux. Le 5 juin, le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, publie un thread sur X déclarant : « On expulse un étudiant en médecine qui veut servir la France ? C’est absurde ! ». Ce message, vu plus de 625 000 fois en moins de 24 heures, est relayé par des figures médicales influentes comme le Dr Mathias Wargon, urgentiste, et le Dr Michael Rochoy, connu pour ses prises de position sur la santé publique. Des étudiants en médecine, des internes et même des patients rejoignent le mouvement, partageant des témoignages de soutien et des pétitions en ligne, amplifiant la pression sur la préfecture. Cette vague de solidarité, déclenchée par la médiatisation croissante de l’affaire, met en lumière l’absurdité d’expulser un futur soignant.
 
Le 6 juin 2025, la préfecture cède à cette pression, accordant à Rayen un titre de séjour d’un an basé sur sa vie privée et familiale, sans commentaire officiel. Cette décision rapide, rapportée par Le Quotidien du Médecin le même jour, marque la fin d’une procédure marquée par l’urgence et l’émotion. Rayen exprime son soulagement : « Je suis soulagé, je peux aborder les révisions des EDN plus tranquillement »[1], prêt à se concentrer sur les épreuves d’octobre 2025.

Un défi systémique pour les étudiants étrangers

Rayen n’est pas un cas isolé. Environ 1 500 à 2 000 étudiants étrangers en médecine, soit 6 % des effectifs, font face à des obstacles administratifs[3]. Environ 10 à 15 % des étudiants étrangers tous domaines confondus rencontrent des problèmes de titre de séjour[4], une proportion probablement plus élevée pour les étudiants en médecine en raison de la durée de leurs études. Majoritairement issus de pays francophones (50 % du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne)[5], ces étudiants naviguent dans un système complexe de régularisations et d’équivalences de diplômes. Une étude montre que 50,6 % des étudiants en santé présentaient des symptômes d’anxiété[6], un risque accru pour les étrangers confrontés à l’incertitude administrative. Ces talents sont cruciaux : la France compte 3,36 médecins pour 1 000 habitants, 70 % des communes manquent de généralistes, et 66 % des praticiens ont plus de 55 ans[7]. En 2024, 3 800 médecins diplômés hors UE ont été admis via les épreuves de vérification des connaissances[8], soulignant leur rôle clé, tandis que le gouvernement prévoit d’augmenter les places en 2e année de médecine à 12 000 en 2025 et 16 000 en 2027 (données synthétisables en infographie)[9].

Pourquoi cette histoire résonne avec les professionnels de santé

  • Pénurie de soignants : Avec 30 % des postes hospitaliers vacants dans certaines spécialités et un vieillissement des praticiens, repousser des étudiants comme Rayen aggrave la crise[7].
  • Stress et santé mentale : Les 50,6 % d’étudiants en santé anxieux en 2021, particulièrement les étrangers, reflètent l’épreuve vécue par Rayen[6].
  • Rôle de la communauté médicale : La mobilisation sur X, portée par des leaders comme le Dr Marty, montre le pouvoir des professionnels de santé pour influencer les décisions administratives.

 

Rayen Fakhfakh, désormais libéré de l’OQTF, poursuit son rêve de devenir chirurgien orthopédique. Son histoire, amplifiée par une solidarité sans précédent sur X, rappelle que les 6 % d’étudiants étrangers en médecine jouent un rôle clé en France[3]. Soutenus par des figures comme Camille Galap, président de Paris-Saclay, qui loue son « implication remarquable »[1], ces talents soulèvent la question de la valorisation des étudiants étrangers dans un système de santé en crise.

Sources

  • [1]  Le Quotidien du Médecin, 06/06/2025.
  • [2] CNews, 06/06/2025.
  • [3] Ordre des médecins, Rapport 2023 sur la démographie médicale.
  • [4] Observatoire de la Vie Étudiante (OVE), Enquête 2023 sur les étudiants étrangers.
  • [5] Campus France, Statistiques 2023 sur les étudiants internationaux.
  • [6] Observatoire de la Vie Étudiante (OVE), Étude 2021 sur la santé mentale des étudiants en santé.
  • [7] Atlas de la démographie médicale, Rapport 2024.
  • [8] Ministère de la Santé, Données 2025 sur les épreuves de vérification des connaissances.
  • [9] Gouvernement.fr, Annonce des réformes des études médicales, 2024.

Descripteur MESH : Médecine , Médecins , Étudiants , Santé , France , Vie , Mars , Pression , Rôle , Paris , Démographie , Gouvernement , Face , Histoire , Tunisie , Statistiques , Commentaire , Patients , Togo , Infographie , Vie privée , Basketball , Éducation , Santé publique , Mouvement , Vieillissement , Lumière , Association , Santé mentale , Incertitude , Risque , Réseau

Actualités professionnelles: Les +