VIH : la fréquence des résistances primaires semble en augmentation

Selon une étude menée sur plusieurs années à San Francisco, la fréquence des résistances primaires aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INN) est en augmentation chez les patients récemment infectés par le VIH-1.

Une équipe menée par Robert Grant de l’Institut Gladstone de virologie et d’immunologie à San Francisco a examiné l’évolution de la fréquence des résistances primaires chez les patients nouvellement infectés par le VIH-1 et qui n’avaient jamais encore reçu de traitement antirétroviral. La période étudiée allait de juin 1996 à juin 2001 et concernait des patients vus dans un hôpital de San Francisco. Au total, 225 patients ont été examinés. L’équipe de Grant publie ces résultats dans le Journal of American Medical Association du 10 juillet.

Selon les informations fournies par les auteurs, « la proportion des individus récemment infectés par un VIH-1 qui est résistant à deux classes ou plus d’antirétroviraux dans de précédentes études était de 2,7 % à San Francisco, 2,9 % à Genève, 3,8 % à New York et 1,4 % à Los Angeles, San Diego, Boston et Denver ».

Deux méthodes ont été utilisées par Grant et ses confrères pour caractériser les résistances ou antirétroviraux : les tests de résistances génotypiques et les tests de résistances phénotypiques.

Le point marquant de leur étude concerne les résistances primaires aux INN. « Les mutations associées à la résistance aux INN ont régulièrement augmenté de 0 % en 1996-97 à 13,2 % en 2000-2001 », écrivent les chercheurs. Les chercheurs expliquent à ce sujet que les INN sont devenus plus fréquents fin 1998. « L’augmentation de la résistance primaire aux INN, observée après 1999 dans cette étude, reflète vraisemblablement une utilisation plus large des INN l’année précédente », expliquent Grant et ses confrères. Les résistances primaires aux INN mesurées d’après les tests phénotypiques ont elles aussi subi une augmentation significative.

La prévalence des résistances (génotypiques) primaires aux inhibiteurs de la protéase (IP) n’a pas subi de modification significative au cours de la période étudiée. : « Contrairement à la résistance primaire aux INN, la résistance primaire aux IP est restée relativement stable entre 1997 et 2001 ». C’était également ce qui était observé pour les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (IN), malgré quelques variations temporaires.

Sur un aspect plus clinique, les résultats montrent aussi l’impact des ces mutations sur la diminution de la charge virale. La durée médiane jusqu’à une charge virale <500 copies/ml pendant le traitement était de 12 semaines en cas de résistance génotypique comparées à 5 semaines pour les patients sans signe de résistance virale au traitement.

Enfin, les auteurs ont noté que « la transmission d’une résistance du VIH-1 aux trois classes d’antirétroviraux continue d’être rare », avec seulement 1 cas sur les 225 patients de l’étude.

Dans leur conclusion, Grant et ses collaborateurs expliquent que la prévalence des résistances primaires (notamment aux INN) justifie, dans un contexte où les antirétroviraux sont largement utilisés, le recours aux tests de résistance chez les patients nouvellement infectés.

Source : JAMA 2002 ;288 :181-8

SR

Descripteur MESH : Patients , San Francisco , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Antirétroviraux , Charge virale , Prévalence , Boston , Los Angeles , Méthodes , New York , Virologie

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