Premiers résultats du dispositif de notification obligatoire de l'infection à VIH

La mise en œuvre au mois de mars 2003 du dispositif de notification obligatoire du VIH pallie ce manque. Associé à un test d'infection récente - dont l'utilisation à l'échelle nationale est unique au monde - et à la surveillance des sous-types viraux (1), celui-ci constitue désormais la pierre angulaire de la surveillance épidémiologique et permettra de mieux suivre la dynamique de l'infection à VIH. Ainsi on pourra sur la base d'informations plus précises et plus réactives mieux adapter les politiques de prévention et de lutte contre la maladie.

Le nouveau dispositif a par ailleurs permis de renforcer la protection de la vie privée des personnes en introduisant une double anonymisation des données. Il implique à la fois les médecins de ville et hospitaliers ainsi que l'ensemble des biologistes. Cependant, les logiques de préservation de la vie privée et d'obtention de données les plus exhaustives possibles ne sont pas aisément compatibles ; l'analyse et l'interprétation des données s'en trouvent parfois limitées.

Ce numéro spécial du BEH présente les premiers résultats de la notification obligatoire. Au 30 septembre 2003, 1 301 notifications correspondant à des nouveaux diagnostics d'infection ont été analysées.

Les femmes représentent 43 % des nouveaux diagnostics d'infection à VIH. L'âge moyen au moment du diagnostic est de 37 ans (34 ans chez les femmes et 39 ans chez les hommes).Voir figure 1 du BEH.

En 2003, la contamination par rapports homosexuels représente 27% des nouveaux diagnostics, l'usage de drogue 4% et la contamination par rapports hétérosexuels concerne plus de la moitié des nouveaux diagnostics. L'épidémie chez les hétérosexuels touche largement la population d'Afrique subsaharienne, puisque près d'une personne hétérosexuelle sur deux est de nationalité d'un pays d'Afrique subsaharienne. Les femmes représentent 60 % des nouveaux diagnostics parmi les personnes contaminées lors de rapports hétérosexuels. Voir tableau 1 et figure 2.

La majorité des nouveaux diagnostics d'infection à VIH en 2003 concerne des personnes ne présentant pas de signes cliniques de la maladie (53 %) . Néanmoins le stade clinique au moment du dépistage varie sensiblement selon le mode de contamination. Voir tableau 2.

Seuls 5% des patients ont refusé la surveillance virologique. Les premiers résultats des tests d'infection récente indiquent que la proportion de personnes récemment infectées varie fortement selon l'âge, le mode de contamination et la nationalité. De nouvelles contaminations continuent de se produire parmi les personnes tant homosexuelles qu'hétérosexuelles, bien qu'en proportions différentes : 58 % des nouveaux diagnostics chez les homosexuels sont des infections récentes, 32 % pour les hétérosexuels. Enfin, par rapport aux résultats d'études plus anciennes, l'identification des sous types viraux indique une circulation plus élevée du sous-type non B du VIH-1 parmi la population hétérosexuelle. Voir tableau 3.

Ces premiers résultats montrent que la transmission sexuelle est le mode de contamination prédominant en France en 2003, touchant principalement les hommes de nationalité française contaminés par rapports homosexuels et les femmes contaminées par rapports hétérosexuels. La population des femmes originaire d'Afrique subsaharienne est particulièrement touchée. En revanche les infections liées à l'usage de drogues injectables sont peu fréquentes.

Les premiers résultats de la surveillance virologique suggèrent une transmission active du VIH dans la population homosexuelle et confirment que les sous-types non-B circulent de façon importante dans la population hétérosexuelle en France.

(1) la surveillance virologique (test d'infection récente et identification des sous-types de virus) repose sur le consentement du patient obtenu par le médecin déclarant au moment de la notification.

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