Une étude rétrospective et comparative sur le suivi des malades atteints de mélanome de stade I en pratique libérale et hospitalière

Conduite en collaboration par des dermatologues libéraux et des dermatologues hospitaliers membres d’une association de FMC, une étude rétrospective française montre que les malades atteints de mélanome de stade I suivis en pratique hospitalière ont un pronostic plus grave que les malades suivis en pratique libérale. Elle confirme par ailleurs la faible rentabilité des examens complémentaires réalisés à titre systématique pour le suivi dans la mesure où, sur la période considérée, le diagnostic de métastase a été fait cliniquement dans la majorité des cas.

De plus, elle fait apparaître des difficultés au cours du suivi exclusivement en externe, puisqu’un nombre élevé des malades a été perdu de vue.

Cette étude, publiée dans les Annales de dermatologie et vénéréologie, cherchait à apprécier le suivi des malades atteints de mélanome de stade I dans une pratique uniquement externe en cabinet médical et dans une pratique hospitalière basée sur des convocations systématiques en hôpital de jour. Elle a été réalisée par des cliniciens de la Clinique dermatologique, le laboratoire d’anatomopathologie et l’unité INSERM U519 de l’hôpital Charles Nicolle de Rouen, en collaboration avec l’Association de Formation médicale continue des dermatologues de Haute-Normandie.

Les dossiers de 584 malades atteints de mélanome de stade I, opérés entre le 1er janvier 1991 et le 31 décembre 1995, ont été repris.

329 malades ont eu un suivi exclusivement externe par leur dermatologue libéral, 265 ont eu un suivi hospitalier.

L’âge, le sexe, la date d’exérèse, la date et l’état du malade lors de la dernière consultation, la survenue éventuelle de métastases et le mode de découverte ont été pris en compte par le Dr N. Cordel et ses collègues.

Les caractéristiques démographiques des 2 cohortes de malades différaient principalement sur l’indice de Breslow, plus élevé et avec une évolution plus fréquente chez les malades ayant eu un suivi hospitalier.

65 malades sur l’ensemble des 2 cohortes ont développé des métastases.

Le diagnostic de métastases a été fait cliniquement dans 95 % des cas, quel que soit le mode de surveillance.

Le nombre de malades perdus de vue était de 11 % pour les malades suivis à l’hôpital et de 42 % pour ceux suivis en externe.

Les malades perdus de vue avaient un indice de Breslow moyen de 1,7 mm et un risque inhérent d’évolution métastatique assez élevé.

Ces données font dire aux auteurs qu’une re-convocation systématique par les dermatologues libéraux lors de la surveillance en externe apparaît nécessaire pour assurer un suivi de bonne qualité. « Cette convocation semble, en effet, permettre de limiter le nombre de malades perdus de vue », concluent-ils.

Source : Ann Dermatol Venereol, 2000 ; 127 : 579-83.

Descripteur MESH : Mélanome , Diagnostic , Association , Membres , Pronostic , Perdus de vue , Dermatologie , Formation médicale continue , Risque , Sexe

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