Un résultat prometteur pour la prévention du cancer colorectal

L'association du sulindac (anti-inflammatoire non stéroïdien) et d'un inhibiteur de l'activité tyrosine kinase de l'EGFR (récepteur de l'epidermial growth factor) permet de réduire de façon drastique le nombre de polypes colorectaux chez un modèle murin de polypose rectocolique diffuse.

Plusieurs publications permettent de conclure que le sulindac permet chez l'homme de réduire le nombre et la taille des polypes chez des patients atteints de polypose familiale. Néanmoins, l'emploi des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à long terme est associé à une toxicité significative.

Des chercheurs de la Johns Hopkins University (Baltimore) et des laboratoires Wyeth-Ayerst (Pearl River) indiquent que la combinaison du sulindac et d'un inhibiteur de l'activité EGFR-kinase permet de réduire la quantité de sulindac nécessaire, tout en augmentant l'efficacité du traitement.

Les résultats de l'étude de C. Torrance et al. viennent d'être publiés dans la revue Nature Medicine datée du mois de septembre.

Ces deux molécules ont été évaluées chez des souris utilisées comme modèle de polypose rectocolique diffuse.

L'inhibiteur de l'activité EGFR-kinase, nommé EKB-569, a été administré pendant 60 jours à raison de 20 mg/kg/souris/jour. La dose de sulindac était de 5 mg/kg/souris/jour.

Les auteurs notent que contrairement à la dose utilisée dans le cas de sulindac seul (20 mg/kg/souris/jour), le sulindac seul à 5 mg/kg/souris/jour n'a aucun effet sur la formation des polypes.

Globalement, l'EKB-569 seul a permis de réduire de 87 % le nombre de polypes. La combinaison EKB-569/sulindac a entraîné une réduction de plus de 95 % du nombre de polypes par rapport aux souris non traitées.

De plus, 47 % des rongeurs traités avec cette thérapie combinatoire ne présentaient aucune tumeur alors que la totalité des souris contrôles ont développé des tumeurs, avec en moyenne 20 polypes par souris.

"Il est clair que les inhibiteurs de l'EGFR-kinase et les AINS peuvent inhiber individuellement la formation de tumeurs chez les souris APC (Min/+) [modèle pour la polypose rectocolique diffuse], et que la combinaison de ces deux classes de molécules a un effet remarquable sur la prévention des néoplasies intestinales", déclarent les chercheurs.

Ils ajoutent que cette combinaison présente l'avantage majeur de réduire la dose de sulindac nécessaire, ce qui permettrait de passer outre les problèmes de toxicité à long terme associés aux AINS.

Dans un éditorial du journal, les Drs R. Dubois et R. Gupta (Vanderbilt University Medical Center, Nashville) soulignent que le mécanisme responsable de cette inhibition synergique reste à établir. Selon eux, il serait judicieux d'évaluer l'EKB-569 avec des inhibiteurs spécifiques de la COX-2, ces derniers ayant une efficacité reconnue dans la prévention des polypes et un profil de sécurité plus intéressant que celui des AINS non spécifiques. "Les résultats de Torrance et al. sont peut-être annonciateurs d'un éventuel développement de traitements combinés efficaces pour la prévention des cancers chez l'homme", concluent-ils.

Source : Nat Med 2000;6:1024-1028,974-975

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