Un nouveau moyen de se protéger des bactéries pathogènes grâce aux bactériophages ?

Des chercheurs américains ont réussi à protéger des souris de la colonisation par le streptocoque A ou à éliminer une infection par ce même pathogène en utilisant une enzyme produite par un bactériophage. L’enzyme utilisée était spécifique des germes virulents ciblés, ne perturbant pas ainsi la microflore commensale.

Les enzymes lytiques produites par les bactériophages détruisent la paroi de la bactérie hôte lors de l’étape de libération des phages nouvellement produits. Parce que de telles enzymes ont une action létale spécifique des espèces bactériennes hôtes, celles-ci peuvent représenter un moyen efficace de contrôler les bactéries pathogènes sans perturber la microflore normale.

Le Dr V. Fischetti et ses collaborateurs ont étudié la muréine hydrolase provenant du bactériophage C1. Les résultats de leur étude sont parus dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

Cette enzyme est spécifique des streptocoques des groupes A, C et E et présente peu ou pas d’activité vis à vis de plusieurs streptocoques oraux et autres bactéries commensales testées.

Une quantité de 1000 U (10 ng) de cette hydrolase purifiée est suffisante in vitro pour stériliser en 5 min une culture d’environ 107 streptocoques A.

Chez la souris, une dose unique de 250 U administrée dans la cavité orale, suivie par l’introduction de 107 streptocoques A, protège de la colonisation comparé aux souris témoins n’ayant pas reçu l’enzyme (28.5 % infectés, n=21 vs 70,5 % infectés, n=17).

De plus, aucun streptocoque ne fut détecté 2 h après le traitement par 500 U de l’enzyme administrée oralement à 9 souris présentant une colonisation importante à Strepto A.

Cette enzyme présente un effet létal rapide à la fois in vitro et in vivo sur le streptocoque A et n’affecte pas les autres micro-organismes commensaux analysés.

Les auteurs concluent que cette approche générale peut être utilisée pour soit éliminer, soit réduire le nombre de streptocoques du tractus respiratoire haut d’individus porteurs ou infectés, réduisant ainsi le développement de maladies associées.

Source : PNAS 2001 ; 98(7) : 4107-4112

Descripteur MESH : Bactéries , Bactériophages , Infection , Enzymes , In vitro , Organismes

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