Les antibiotiques à spectre étroit limitent les résistances bactériennes dans les unités néo-natales de soins intensifs

L'utilisation d'antibiotiques à spectre étroit limite l'apparition de souches bactériennes multi-résistantes dans les unités néo-natales de soins intensifs. Une étude hollandaise parue dans le Lancet a comparé l'émergence de souches résistantes en fonction de l'utilisation d'antibiotiques à spectre étroit ou à spectre large. Le risque relatif d'infection par des souches résistantes est 18 fois plus élévé pour les traitements à base d'antibiotiques à spectre large.

Les infections bactériennes sont un des problèmes essentiels des unités néonatales de soins intensifs. Afin de limiter les risques d'infection, l'emploi d'antibiotiques à spectre large a conduit à l'émergence de bactéries résistantes.

Le Dr P. de Man (Erasmus University Medical Center, Rotterdam) et ses collaborateurs ont évalué de quelle manière le recours à des antibiotiques à spectre étroit pouvait limiter l'apparition de ces résistances et donc les risques d'infections nosocomiales.

Pour cette enquête, deux unités néo-natales identiques de soins intensifs ont chacune utilisé, pendant 6 mois, un traitement antibiotique différent : antibiotiques à spectre étroit ou à spectre large. Pour le traitement antibiotique à spectre étroit ont été utilisées la pénicilline G et la tobramycine ou la flucloxacilline et la tobramycine. L'autre unité de soins intensifs a eu recours à des bêtalactamines : l'amoxicilline en IV et la céfotaxime. Après 6 mois, les traitements ont été intervertis afin de contrebalancer les éventuels facteurs associés à chaque unité.

Au total, 436 nouveaux nés (218 dans chaque unité) ont bénéficié de ces traitements. Des prélévements hebdomadaires ont permis la mise en culture et la caractérisation des bactéries.

Trois nouveaux-nés du groupe pénicilline-tobramycine ont été infectés par des bactéries resistantes au traitement contre 41 nouveaux-nés dans le groupe amoxicilline-céfotaxime.

L'analyse statistique montre que le risque relatif d'infection par des souches bactériennes résistantes au traitement est 18 fois plus élevé pour le traitement amoxicilline-céfotaxime.

Enterobacter cloacae a été le bacille le plus souvent rencontré chez les nouveaux-nés infectés et traités par l'amoxicilline et la céfotaxime. Les nouveaux-nés traités par la pénicilline et la tobramycine ont été le plus souvent infectés par Escherichia coli. Les auteurs précisent que cette tendance a été retrouvée lorsque les traitements ont été intervertis dans les deux unités.

Ces résultats indiquent donc qu'un usage prudent et raisonné des antibiotiques a une importance déterminante dans le contrôle de l'émergence des resistances bactériennes. Selon le Dr de Man : "Un traitement sans amoxicilline et céfotaxime réduit le problème de résistance".

Source : Lancet 2000, 355: 973-78. communiqué de presse du Lancet

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