Découverte d’une nouvelle cause de retard mental

Des réarrangements submicroscopiques intéressant les extrémités des chromosomes, les télomères, sont la cause du retard mental qui touche des enfants présentant un handicap intellectuel modéréà sévère, révèle une étude britannique. Ces anomalies subtélomériques apparaissent représenter la deuxième cause de retard mental après la trisomie 21.

L’équipe du Dr Jonathan Flint de l’Institut de médecine moléculaire du John Radcliffe Hospital de Headington a utilisé l’hydridation fluorescente in situ (FISH) pour examiner les extrémités des chromosomes de 284 enfants atteints de retard mental inexpliqué modéréà sévère et de 182 enfants avec retard mental léger de cause inconnue.

Publiés dans le Lancet, leurs résultats montrent que des anomalies chromosomiques subtiles sont retrouvées chez 7,4 % des enfants avec retard mental modéréà sévère et chez 0,5 % des enfants ayant un handicap mental léger.

La recherche de ces anomalies pourrait avoir d’importantes conséquences en matière de diagnostic dans la famille immédiate et éloignée, soulignent les auteurs qui ont d’ailleurs montré que ces subtiles altérations génétiques étaient à l’origine d’un retard qui avait été jusqu’alors mis sur le compte d’une anoxie survenant à l’accouchement. Ce jeune patient est le cousin d’un enfant handicapé mental. De fait, les chercheurs ont mis en évidence qu’un " diagnostic peut avoir des ramifications inattendues pour les apparentés au second ou troisième degré".

La prévalence de ces réarrangements submicroscopiques a été estimée à 2,1 pour 10.000, la moitié des cas étant familiaux. Cette forte prévalence familiale incite les auteurs à proposer d’utiliser des sondes ADN subtélomériques pour un dépistage de ces anomalies chez tous les enfants avec retard mental inexpliqué modéréà sévère.

Dans un éditorial accompagnant l’article, John Hamert et Lennie Stranc (Université du Manitoba (Canada) estiment que ces techniques de détection fournissent la possibilitéà certaines familles touchées par le handicap mental d’envisager un diagnostic prénatal, jusqu’à présent non envisageable.

Selon eux, ces outils sophistiqués de cytogénétique moléculaire pourraient être utilisés pour tester " des individus qui, en plus d’un retard mental, ont au moins une anomalie congénitale, ou dont la famille compte plus d’un handicapé mental, même si ces individus présentent des phénotypes différents ".

En effet, font remarquer ces généticiens, les 22 cas avec réarrangements submicroscopiques chromosomiques présentaient tous des anomalies mineures et que 73 % d’entre eux (16 sur 22) avaient une anomalie majeure (hémivertèbre, microcéphalie, micropénis).

Source : Lancet, 1999; 354: 1676-81 et 1659-60.

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